Nouvelle vidéo d’un des 15 humanitaires exécutés par Israël à Rafah : Des preuves accablantes sur des crimes de guerre

06/04/2025 mis à jour: 00:47
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Photo : D. R.

Le contenu d’une vidéo d’un des 15 humanitaires exécutés par l’armée israélienne vient de faire voler en éclats la thèse de l’Etat hébreu selon laquelle les victimes étaient des combattants du Hamas.

Comme pour raconter à l’humanité entière l’exécution de sang-froid et délibérément par l’armée israélienne de 15 humanitaires palestiniens à Rafah, un enregistrement vidéo de la scène de ce crime de guerre a été diffusé hier par le journal américain New York Times (NWT). Le contenu de cette vidéo constitue une véritable pièce à conviction d’un crime de guerre et dévoile le grand mensonge de l’entité sioniste sur les circonstances de cet abominable massacre, qu’elle a voulu dissimuler en enterrant les corps des victimes et leurs trois ambulances et un camion de l’Onu dans une fosse commune, après les avoir bien écrasés avec des engins militaires.

Récupéré sur le téléphone de l’un des humanitaires tués, l’enregistrement d’un peu plus de six minutes a été effectué de l’intérieur d’un véhicule en mouvement durant la nuit et montre un camion de pompiers de couleur rouge et des ambulances clairement identifiées avec leurs gyrophares et des feux de détresse qui clignotent. Le véhicule s’est arrêté à côté d'un autre qui visiblement a quitté la route. «Dieu faites qu’ils soient bien…» crie l’homme au téléphone, à 1m08 de l’enregistrement, avant que deux hommes avec des gilets, oranges ou rouges, descendent des ambulances pour examiner le véhicule immobilisé.

Quelques secondes plus tard et d’une voix terrifiée, l’homme crie encore : «Ils sont là, ils sont par terre, Dieu faites qu’ils soient sains et saufs !» en continuant à filmer ses collègues qui courraient à quelques mètres seulement en direction des corps qui jonchaient le sol. Subitement, l’image est perdue mais sa voix est toujours audible. «Dieu est grand, Dieu est grand…», ne cessait-il de répéter, dans un brouhaha de voix masculines un peu lointaines qui prient.

Durant plus de cinq minutes, l’homme toujours dans son véhicule récitait continuellement la «chahada» (profession de foi) sous des tirs intenses, puis demande pardon à sa mère «pour avoir pris cette route afin d’aider les gens» et implore Allah de l’«accepter comme martyr». Les scènes ont montré que les humanitaires sont tombés dans une embuscade tendue par l’armée israélienne, dont le porte-parole avait déclaré que ses soldats «n'avaient pas attaqué au hasard».

Selon lui, ils avaient tiré sur des «terroristes» qui s'approchaient d'eux dans des «véhicules suspects roulant avec des phares éteints». Le 23 mars dernier, 15 ambulanciers, secouristes palestiniens et un employé de l’ONU avaient été portés disparus après avoir répondu à des appels de nuit pour aller porter secours à des personnes dans le besoin à Rafah.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaire (Ocha), des membres du Croissant-Rouge palestinien et de la Défense civile étaient en mission pour secourir des collègues qui avaient été pris pour cible plus tôt dans la journée, lorsque leurs véhicules, clairement identifiés, ont essuyé de violents tirs israéliens dans le quartier de Tel Al Sultan à Rafah. Un responsable du Croissant-Rouge à Ghaza était le premier à déclarer l’existence de preuves sur l'arrestation et la mort d'au moins une personne, en évoquant «le corps de l'une des victimes retrouvé les mains liées derrière le dos».

«Les troupes israéliennes ouvrent le feu sur des ambulances»

Un seul survivant de ce massacre, Mundhir Abed, est un volontaire de la Société du Crois-sant-Rouge palestinien. Il a été le premier à avoir déclaré avoir «vu les troupes israéliennes ouvrir le feu sur une succession d'ambulances et de véhicules de secours du Croissant-Rouge, puis utiliser un bulldozer pour enterrer les débris dans une fosse».

Dans un témoignage publié par le journal britannique The Guardian, Abed était à l'arrière de la première ambulance arrivée sur les lieux, après un raid aérien ayant ciblé le quartier de Hashashin à Rafah, très tard dans la nuit du 23 mars, après avoir essuyé d'intenses tirs israéliens. Ses deux collègues du Croissant-Rouge assis à l'avant ont été tués, mais il a survécu en se jetant au sol du véhicule. Au total, huit ambulanciers et secouristes du Croissant-Rouge, six secouristes de la Protection civile et un employé de l'Onu ont été tués.

Leurs corps ont été retrouvés il y a une semaine, à côté de leurs véhicules écrasés, dans une fosse sablonneuse qu'Abed avait regardé les soldats creuser. Assad Al Nassara, un ambulancier du Croissant-Rouge, est toujours porté disparu, mais Abed a déclaré au journal britannique l'avoir vu «vivant, détenu par les Israéliens, à proximité du lieu du massacre». Mais, l’ambulancier est toujours porté disparu. Abed est donc le seul à avoir témoigné sur ce massacre que les responsables du Croissant-Rouge palestinien ont repris et rendu public.

Dans une vidéo filmée sur place, Jonathan Whittall, directeur d'Ocha en Palestine, avait déclaré que les humanitaires avaient été «abattus un à un par les forces israéliennes et leurs corps enterrés dans une fosse commune, une semaine auparavant». Réagissant à ces révélations, le chef de la diplomatie du Royaume-Uni, David Lammy, a affirmé que Ghaza «est devenue l'endroit le plus dangereux au monde pour les travailleurs humanitaires» et appelé «à ce que les responsables de ces meurtres rendent des comptes».

Lors de la réunion du Conseil de sécurité sur les attaques israéliennes contre les humanitaires à Ghaza, convoquée d’urgence par l’Algérie, à l’exception des Etats-Unis, alliés indéfectible d'Israël, l’écrasante majorité des intervenants ont mis l’Etat hébreu au pilori et exigé qu’une enquête indépendante soit ouverte sur ces crimes. Le délégué israélien a continué à défendre l’indéfendable, en avançant la thèse de l’armée de son pays.

Il a accusé les combattants du Hamas «d’utiliser des véhicules de l’Onu en guise de taxi» et affirmé que ces derniers «exploitent les infrastructures humanitaires à leurs fins», avant de s’interroger : «Comment se fait-il que neuf membres du Hamas se soient trouvés dans une ambulance du Croissant-Rouge au milieu de la nuit ? Nous menons des enquêtes sur tous ces épisodes.» Pour convaincre le Conseil des accusations d’infiltration des agences onusiennes, il a brandi la photo d’un avant-bras d’un homme, présenté comme un travailleur onusien, marqué par un tatouage nazi.

Les Etats-Unis, fidèles à leur position de soutien indéfectible à l’Etat hébreu, ont tout mis sur le dos du Hamas, «le seul responsable» de la reprise de la guerre génocidaire contre Ghaza, par Israël, depuis le 18 mars dernier. L’ambassadrice américaine s’est impatientée devant le «refus» du Hamas, «encore et encore», d’accepter les propositions de prorogation du cessez-le-feu. La diplomate a accusé la résistance palestinienne d’«abuser depuis trop longtemps des infrastructures civiles, les utilisant de manière cynique pour préserver ses membres et ses armes».

Et d'ajouter : «Les décisions éhontées du Hamas sont inacceptables, ils n’ont pas le droit de représenter les Palestiniens.» Reprenant le même lexique qu’Israël, l’ambassadrice promet que cette «violence pourrait cesser aujourd’hui, si le Hamas restituait les otages, acceptait de rendre des dépouilles et de déposer les armes». Elle a appelé le Conseil de sécurité à s’exprimer d’une seule et même voix pour faire pression sur le Hamas, comme si les bombes et les missiles qui pleuvent de manière ininterrompue sur la population de Ghaza sont larguées par des avions du Hamas.

«Dans deux ans plus de la solution des deux États»

Tranchant avec le discours complice US, le représentant de la Russie au Conseil de sécurité a averti qu’«à ce rythme, l’on pourra dire adieu dans deux ans à la solution des deux Etats» et affirmé qu’«après avoir présenté de nouvelles exigences pour un éventuel accord avec le Hamas, Israël étend progressivement son contrôle sur Ghaza et sur la Cisjordanie».

Il a réaffirmé sa position sur «l’illégalité de tout changement territorial ou démographique à Ghaza, qui a été et qui reste une partie intégrante de l'Etat palestinien», tout en mettant en garde Israël sur «la logique de la guerre» qui, selon lui, «exclut complètement la possibilité pour les otages de rentrer chez eux». «Bien au contraire», a-t-il insisté, «cette logique fait du monde arabe un terrain fertile pour la radicalisation et la culture de la haine envers Israël». La lutte contre l’Etat hébreu, a prévenu le délégué de la Russie, «pourra alors apparaître comme le seul moyen d’obtenir justice. A quoi bon éliminer le Hamas si d’autres peuples prendront sa place même sous une autre forme ?»

Lui emboîtant le pas, le délégué de la Chine a exhorté Israël à cesser immédiatement l’occupation de Ghaza en estimant qu’il est «impératif de promouvoir un cessez-le-feu durable à Ghaza, avec un sens d’urgence maximale». Pour Pekin, «des actions concrètes doivent être prises pour rétablir l’accès humanitaire à Ghaza. Les attaques contre les acteurs humanitaires doivent cesser».

La représentante du Royaume-Uni s’est déclarée «fermement opposée» à la décision d'Israël «de reprendre et d'étendre ses opérations militaires à Ghaza». Pour les Britanniques, «la poursuite des combats et des effusions de sang n'est dans l'intérêt de personne et nous éloigne encore davantage d'un accord pour le retour des otages». La diplomate a également exprimé sa condamnation des propos tenus par le ministre de la Défense israélien au sujet de «l'annexion» de territoires à Ghaza.

«Il ne doit y avoir aucun déplacement forcé de Palestiniens ni aucune réduction du territoire de Ghaza. Cela ne ferait qu'aggraver l'instabilité et compromettre la sécurité des Israéliens comme des Palestiniens», a-t-elle souligné. Elle a également condamné «les récentes décisions israéliennes d'accélérer l'implantation de colonies et d'avant-postes en Cisjordanie». S. T.

 

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