Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a fait part, samedi soir, de sa détermination à poursuivre l’entreprise génocidaire dans la Bande de Ghaza, malgré une large réprobation internationale, le procès en cours intenté contre l’entité sioniste par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye et la colère grandissante de la rue en Israël quant à la conduite de la «guerre».
«Nous irons jusqu’au bout pour atteindre nos objectifs à Ghaza et rien ne nous arrêtera, pas même la Cour internationale de justice», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Tel-Aviv, affirmant que les propos tenus par certains membres d’extrême droite de son gouvernement, cités dans le procès pour génocide, n’«ont aucune incidence sur les opérations militaires» dans l’enclave palestinienne.
Netanyahu a, en effet, rejeté ces propos dans une nouvelle tentative visant à disculper le cabinet de guerre des graves accusations de crimes, résolument répertoriés et documentés par le requérant sud-africain. «D’un bout à l’autre du spectre politique, des choses ont été dites et elles n’ont aucun poids, et ce, pour une seule raison : ce qui compte, a-t-il expliqué, c’est la politique du gouvernement telle qu’elle est déterminée par le gouvernement et le cabinet», a rapporté samedi le quotidien Times of Israël.
«Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni ‘‘l’axe du mal’’, ni personne d’autre», a-t-il ajouté, faisant référence notamment à la CIJ et aux pays faisant partie de l’axe de la résistance : le Hamas, le Hezbollah au Liban, Ansar Allah (Houthis) au Yémen, les factions irakiennes et syriennes pro-palestiniennes, auxquelles s’ajoutent l’Iran et la Syrie.
Netanyahu, appréhendant notamment l’issue que pourrait avoir le procès devant la CIJ, joue ainsi son va-tout et pousse le bouchon encore plus loin dans une logique jusqu’au-boutiste qui reflète son incapacité à atteindre les objectifs qu’il s’est assignés dans la Bande assiégée de Ghaza, 100 jours après le début d’une guerre d’extermination totale.
Au lendemain de ces déclarations complètement démesurées, le président des Etats-Unis, Joe Biden, et d’autres hauts responsables américains se sont dits «frustrés» par l’attitude du Premier ministre israélien et son rejet de la plupart de leurs récentes sollicitations concernant Ghaza, a révélé hier le site Axios, citant quatre responsables américains.
«Nous sommes coincés»
Rappelons que Biden a assuré un soutien indéfectible et sans précédent à Israël, à la fois militaire et diplomatique, depuis le début de l’agression sioniste contre les civils à Ghaza.
Ce soutien s’est largement poursuivi publiquement, «mais en coulisses, il y a des signes croissants que Biden perd patience», ont déclaré à Axios ces responsables américains. «(…) Nous sommes coincés.
La patience du Président est en train de s’épuiser», a déclaré un responsable américain à Axios, faisant remarquer que Biden n’a pas parlé à Netanyahu depuis 20 jours, alors qu’«ils échangeaient chaque deux jour au cours des deux premiers mois» de l’agression israélienne.
Axios a aussi indiqué que Netanyahu avait rejeté la demande de Biden de libérer les recettes fiscales palestiniennes qu’il retenait, et ce, à l’issue du dernier appel téléphonique qu’ils ont eu. Biden et ses conseillers sont également embarrassés par la réticence de Netanyahu à discuter sérieusement des plans pour le «jour d’après» et son rejet du plan américain pour une Autorité palestinienne «réformée» d’avoir un rôle dans le sort de Ghaza «après le Hamas», selon Axios.
Si Israël ne diminue pas «sensiblement» ses opérations à Ghaza, il sera probablement «de plus en plus difficile pour Biden de maintenir le même niveau d’appui à la campagne militaire israélienne», a souligné la même source. Pendant ce temps, Biden réfléchit également à long terme, d’après Axios, «à maintenir les canaux ouverts» avec d’autres acteurs politiques israéliens.
Car, pour l’instant, Netanyahu semble «plus disposé à écouter» les ministres ultranationalistes de son gouvernement – à savoir Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich – que «ce que dit le président des Etats-Unis».
Tout cela au moment même où le Likoud de l’actuel Premier ministre Benyamin Netanyahu plonge dans les sondages, atteignant un niveau sans précédent, a révélé une enquête réalisée pour le compte du journal israélien Maariv.
Le parti au pouvoir ne récolterait en effet que 16 sièges au Parlement israélien, si des élections avaient lieu dans l’immédiat.