Mohammed VI, une provocation de plus

02/11/2022 mis à jour: 00:14
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Le roi Mohammed VI vient d’inviter le président Abdelmadjid Tebboune pour venir «dialoguer» avec le Maroc dans des formes qui font dire qu il s’agit là bel et bien d’une grosse manœuvre politicienne. 

En effet, le monarque a boycotté le Sommet de la Ligue arabe sans même expliquer ce geste, à l’opposé du prince Mohammed Ben Salmane, Premier ministre d’Arabie Saoudite, d’un calibre hautement bien différent, qui s’est excusé de son absence sous forme d’un communiqué officiel du palais de Ryadh, mettant en avant des contraintes médicales. C’est aussi par respect pour toutes les 22 délégations arabes présentes au Sommet arabe d’Alger qu’il l’a fait, à la différence de Mohammed VI qui s’est confiné dans le silence. Pourtant celui-ci avait reçu une invitation officielle de l’Algérie des mains d’un envoyé spécial algérien à Rabat et le président Abdelmadjid Tebboune a affirmé être disposé à avoir des entretiens avec le monarque. Les discussions entre les deux leaders, à l’évidence primaires, auraient pu constituer un point de départ pour des rencontres à venir, plus approfondies. Par ailleurs, un tel tête-à-tête aurait constitué un signal fort pour l’ensemble des délégations, présentes en force, et pour la Ligue arabe elle-même, en quête d’unité, de coopération et de paix. Cela aurait bien boosté la déclaration finale du Sommet. Rappelons-le, à titre illustratif, que c’est à l’issue du premier sommet de l’OPEP que le chah d’Iran et Saddam Hussein se sont réconciliés et cela le 6 mars 1975, un évènement qui fit sensation à ce moment-là. Aussi, malgré cette défection inamicale du roi du Maroc, le président Abdelmajid Tebboune a reçu le ministre des Affaires étrangères marocain et les observateurs ont relevé sa poignée de main amicale et son sourire, signe qu’il s’est plié au bon usage diplomatique du respect de l’invité, ce qui n’était pas le cas de Nasser Bourita, manifestement venu avec l’intention de parasiter les travaux en lançant un bobard selon lequel le président sahraoui Ibrahim Ghali serait présent au Sommet, alors que tout le monde sait que la RASD ne fait pas partie de la Ligue arabe. De ce fait, son président ne pouvait participer aux travaux, un impair que l’Algérie a évité avec soin . Autre grosse ficelle tirée par le ministre marocain la détention de drones iraniens entre les mains des militaires sahraouis , information farfelue jamais livrée par les spécialistes militaires occidentaux très au fait de ce qui se passe au Sahara occidental .Ce que cherchait le ministre marocain , manifestement , c’est de diaboliser les Sahraouis , et par voie de conséquence leur soutien algérien , auprès des monarchies et Etats arabes hostiles à l’Iran . Au demeurant cela a dû bien faire rire parmi les délégations arabes présentes qui savent qu’en matière d’aide militaires , c’est le Maroc qui est en train de s’équiper en drones israéliens et de se lancer puissamment dans une coopération militaire avec Tel-Aviv , y compris à travers l’installation de bases aux confins sud du royaume , proches de l’Algérie et du Sahara occidental . Notre ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a récemment affirmé «qu’ en matière de construction maghrébine et après la création de l’Union du Maghreb Arabe en tant qu’organisation régionale mise sur pied dans le prolongement de la normalisation des relations algéro-marocaines, le royaume du Maroc se présente comme le pays membre de l’Union qui a ratifié le plus petit nombre d’accords avec exclusion des accords structurants. Plus révélateur encore, le Maroc a décidé unilatéralement, le 20 décembre 1995, le gel des activités des institutions de l’UMA vouant cette dernière à une mort lente. Le ministe des AE algérien ajoute que «cette attitude du Maroc condamne les peuples de la région à la mésentente et à la confrontation» précisant que «le fait pour les autorités marocaines d’introduire une puissance militaire étrangère dans le champ maghrébin et d’inciter son représentant à tenir des propos fallacieux et malveillants à l’encontre d’un pays voisin constituent un acte grave et irresponsable qui viole les dispositions de l’article 5 du Traité de fraternité, de bon voisinage et de coopération ainsi que les engagements souscrits au titre du communiqué conjoint du 16 mai 1988.» A. B.


 

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