Modernisation du système d’information des banques : L’expertise de la BAD sollicitée

16/03/2023 mis à jour: 07:08
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L’Algérie peine toujours, semble-t-il, à mettre sur rails son ambitieux programme de modernisation des systèmes d’information (SI) de l’ensemble des banques publiques, à savoir le Crédit populaire d’Algérie (CPA), la Banque nationale d’Algérie (BNA), la Caisse nationale d’épargne et de prévoyance (CNEP), la Banque extérieure d’Algérie (BEA), la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR) et la Banque de développement local (BDL).

 La matérialisation efficace de ce programme, qui constitue la pierre angulaire des réformes engagées par l’Etat en vue d’aligner le système bancaire national sur les standards internationaux et d’améliorer le climat des affaires, de faciliter l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) et de promouvoir le développement du secteur privé en soutien à la diversification de l’économie, se heurte à nombre de contraintes techniques. 
 

Pour y remédier, il a été fait appel aux experts de la Banque africaine de développement (BAD). En effet, dans le cadre du renforcement des capacités de l’administration algérienne, le gouvernement a sollicité une assistance technique auprès de la BAD en matière de suivi, par les structures compétentes du ministère des Finances, de la mise en œuvre des plans de modernisation des systèmes d’information des six banques publiques algériennes, a annoncé jeudi dernier l’institution financière continentale. 

Le financement du projet d’appui à la supervision technique devrait être assuré par le Fonds d’assistance technique pour les pays à revenu intermédiaire (FAT-PRI). Au titre de la phase initiale du dialogue entamé avec le gouvernement dans ce cadre, en mai 2011, a-t-on précisé, la Banque a effectué une mission dans la perspective d’une assistance visant à impulser le processus de modernisation des SI. 

Cette mission ayant procédé à un diagnostic des forces et faiblesses dudit processus et formulé des recommandations à la Banque ainsi qu’au gouvernement sur les domaines potentiels de coopération entre les deux parties. 

Outre le renforcement des capacités du ministère des Finances en matière de suivi de la mise en œuvre des plans de modernisation des systèmes d’information des banques publiques, trois autres domaines clés ont ainsi pu être identifiés par les experts de la BAD ; l’appui à l’évaluation de la solution «Delta», un logiciel de gestion bancaire utilisé par trois des six banques publiques, la mutualisation des infrastructures informatiques (centres de secours, centres de calcul) des six banques et l’externalisation des services informatiques, notamment par la mise en place d’une société d’informatique bancaire. 
 

La solution « Delta »
 

Globalement, le système bancaire national compte 26 banques et établissements financiers, dont six banques publiques parmi lesquelles une caisse d’épargne. Pendant de bien longues années, ces dernières contrôlaient jusqu’à 89% des actifs (contre 11% pour les banques privées), représentaient plus de 80% du réseau bancaire national et réalisaient, à elles seules, plus de 70% du produit net bancaire total. D’où leur importance dans l’économie nationale. 

Cependant, relèvent les auditeurs de la BAD, «les banques publiques font face à un certain nombre de défis, notamment la modernisation de leurs systèmes d’information qui devrait leur permettre, entre autres, de renforcer la satisfaction de la clientèle, la transparence et le respect des normes prudentielles, de produire des rapports périodiques d’activité, d’améliorer la gestion du risque et de manière générale, de répondre aux objectifs stratégiques de développement qui leur sont assignés par leurs conseils d’administration (CA)». Pour relever ces défis dans le contexte de la réforme bancaire globale, en 2004, chacune des six banques a été instruite par son CA de s’engager résolument dans la conception et la mise en œuvre d’un plan de modernisation de son système d’information, tient-on à rappeler. 

La finalité étant de «renforcer l’intermédiation financière et le climat des affaires en soutien aux options économiques opérées en faveur d’une économie de marché et pour renforcer l’intégration régionale». Les banques publiques étant ainsi placées au cœur du financement de l’économie du pays, il s’avérera, aux yeux des experts de la Banque, important que «celles qui contrôlent 89% des avoirs du système bancaire soient suffisamment outillées pour financer le processus de transition et de création de richesse par des opérateurs privés, réaliser des analyses de risques liés à la décision de financement de projets de manière consistante pour prévenir et enfin limiter des gaspillages de ressources publiques que pourrait occasionner le financement de projets non performants». 
 

En termes techniques, l’examen par les mêmes experts des plans de modernisation a, en outre, fait ressortir qu’il existe actuellement deux groupes différents : le groupe CPA, BNA, BEA utilisant le progiciel Delta Bank avec des versions différentes et le groupe CNEP, BADR, BDL utilisant une solution propriétaire ou d’un éditeur autre que Delta. Quant à celles n’ayant pas opté pour Delta, elles ont déjà initié leur processus de recherche d’un progiciel de type «Global Banking». Toutefois, notera-t-on, les trois banques utilisant la solution Delta hésitent encore entre deux options : soit évoluer vers la modernisation avec la solution Delta (déploiement des versions récentes et achat d’autres modules), soit rechercher un progiciel bancaire moderne. 

De manière générale, «à l’exception de la BEA et de la BNA, l’ensemble des six banques publiques ne disposent pas encore d’un réseau de télécommunication moderne et fiable ou de lignes de transmission de secours adéquates». Mieux, «pour la fourniture de solutions de communication (fibre optique, lignes ADSL, réseau RMS, stations VSAT), toutes les banques dépendent d’Algérie Télécom», diagnostiquent les experts de la BAD. 

S’agissant de la sécurité des systèmes d’information, «sur les six, seuls le CPA et la BNA disposent d’une stratégie de sécurité informatique. Au plan de la continuité de service et de site de secours, une seule, la BEA, dispose, aujourd’hui, d’un site de secours distant opérationnel». 
 

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