Les attaques des voies navigables en mer Rouge par les Houthis entraînent des changements majeurs dans les flux d’énergie, les acheteurs mondiaux de pétrole se tournant de plus en plus vers «un négoce local» et des cargaisons moins risquées et plus faciles sur le plan logistique.
La baisse du trafic de pétroliers empruntant le canal de Suez engendre de moins en moins de négoce dans la région commerciale centrée autour du bassin atlantique et comprenant la mer du Nord et la Méditerranée, et une autre englobant le golfe Persique, l’océan Indien et l’Asie de l’Est, selon Bloomberg.
«Il y a toujours du brut qui circule entre ces zones – via un voyage plus long et plus coûteux autour de la pointe sud de l’Afrique – mais les tendances d’achat récentes indiquent une déconnexion», souligne le média.
«Le marché mondial du pétrole semble de plus en plus local, alors que les attaques militantes en mer Rouge et la hausse des taux de fret rendent les approvisionnements plus proches plus attractifs», ajoute la même source
En Europe, certains raffineurs n’ont pas acheté de brut irakien de Bassorah le mois dernier, selon les négociants, tandis que les acheteurs du continent s’approvisionnent en cargaisons en provenance de la mer du Nord et de Guyane.
En Asie, une hausse de la demande pour le brut Murban d’Abou Dhabi a entraîné une hausse des prix au comptant à la mi-janvier, et les flux du Kazakhstan vers l’Asie sont en forte baisse.
Par ailleurs, les chargements de brut des Etats-Unis vers l’Asie ont plongé de plus d’un tiers le mois dernier par rapport à décembre, selon les données de suivi des navires par Kpler.
La situation est de plus en plus difficile, indique Bloomberg, pour les pays dépendants des importations, comme l’Inde et la Corée du Sud, qui peinent à diversifier leurs sources d’approvisionnement en pétrole.
Cela limite aussi la marge de manœuvre des raffineurs, et leur flexibilité pour répondre à l’évolution rapide de la dynamique du marché et pourrait éventuellement gruger leurs marges.Les transits de pétroliers via le canal de Suez ont diminué de 23% le mois dernier par rapport à novembre.
La baisse a été encore plus prononcée pour le gaz de pétrole liquéfié et le gaz naturel liquéfié (GNL), qui ont chuté de 65% et 73% respectivement.
Dans ce sillage, les revenus du canal de Suez en Egypte ont ainsi chuté de près de moitié en janvier, a déclaré un haut responsable égyptien, suite aux attaques en mer Rouge, ayant ont contraint les principales compagnies maritimes à éviter la voie navigable.
«Les revenus se sont élevés à environ 428 millions de dollars le mois dernier, contre 804 millions de dollars pour la même période en 2023», a déclaré vendredi soir le chef de l’Autorité du canal de Suez, Osama Rabie, lors d’une émission télévisée.
Le nombre de navires naviguant sur le canal a chuté de 36%, a-t-il indiqué. L’impact des attaques en mer Rouge se répercute également sur les prix du pétrole via des coûts de transport plus élevés, ce qui encourage les raffineurs à s’implanter localement là où ils le peuvent.
Les tarifs des pétroliers Suezmax du Moyen-Orient vers le nord-ouest de l’Europe ont augmenté d’environ de moitié depuis la mi-décembre, a déclaré Kpler. Le brut de référence mondial Brent est en hausse d’environ 8% sur la même période.