Le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, exhorte «les acteurs de la société à adhérer à la démarche de rassemblement prônée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, pour asseoir les bases et dessiner les contours de l’Algérie nouvelle».
L’annonce a été faite le 3 mai dernier, à travers un moyen «non conventionnel». Une dépêche de l’agence de presse officielle, l’APS, a fait part, sans citer de sources officielles, d’une «démarche de rassemblement» du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui maintient «sa main tendue à tous».
Sous le titre de «Abdelmadjid Tebboune, le président rassembleur», le texte de l’APS assure que «le Président n’est pas clivant, bien au contraire».
«Que ceux qui sont restés sur le rivage, sur la berge ou sur le bord de la route, ou qui se sentent marginalisés, sachent que la nouvelle Algérie leur tend les bras pour ouvrir une nouvelle page», lit-on dans cet article qui s’apparente à un appel, dont l’auteur n’est pas identifié.
Mais le contenu n’a pas été non-plus démenti ou commenté par les services de la Présidence. Selon la même dépêche, «cette main tendue concerne tout le monde, sauf ceux qui ont franchi les lignes rouges et qui ont largué les amarres avec leur patrie, dans le cadre de la dynamique qui a marqué sa campagne électorale durant laquelle il est parvenu à rassembler les jeunes et la société civile».
La première réaction à cet appel est venue du président du Conseil de la nation, Salah Goudjil. Dans une interview à la télévision publique qui devait être diffusée, hier soir, le deuxième homme de l’Etat exhorte «les acteurs de la société à adhérer à la démarche pour asseoir les bases et dessiner les contours de l’Algérie nouvelle, dans le cadre de la politique de rassemblement prônée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune».
Mais en quoi consiste cette «démarche» ? Comment va-t-elle se traduire ? Quel est son contenu ? Près d’une semaine après la publication de cette dépêche, la présidence de la République n’a fourni aucun détail sur cette «initiative».
Pourquoi ? On n’en sait rien pour l’instant. L’énigme ne réside pas seulement dans l’absence du contenu de la «démarche», mais aussi dans le choix de moyens de communication pour l’annoncer.
Fait inédit, la nouvelle n’est pas communiquée au public via les canaux habituels, à savoir un communiqué de la présidence de la République ou un discours du promoteur du projet qui est le chef de l’Etat.
Pourtant, à voir la réaction des médias publics et mêmes de nombreux titres de la presse privée qui étaient prompts à reprendre et à diffuser à grande échelle le texte de l’APS, on a l’impression qu’il s’agissait d’une action officielle, tendant à amorcer une nouvelle stratégie. Mais si c’était le cas, pourquoi ne pas lui donner un caractère solennel ? En tout cas, les observateurs de la scène nationale sont dans le flou.
Un flou qui s’est traduit également par l’attitude des partis politiques et des organisations gravitant autour du pouvoir qui n’hésitaient pas, habituellement, à «se féliciter» et «à afficher leur adhésion à ce genre de démarche venant du sommet du régime».
Jusqu’à présent, en effet, les réactions sont rares. Les soutiens habituels du pouvoir donnent l’impression d’être dans l’attente de clarifications sur le «projet» ou de «s’assurer de son authenticité»…