Lyazid Benhami. Coordinateur du Comité de la commémoration du centenaire de la naissance de Krim Belkacem : « Krim Belkacem est légitime dans toutes les étapes de la Guerre de libération »

25/03/2023 mis à jour: 07:42
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Le Comité du centenaire de Krim Belkacem a organisé un événement inaugurant le centenaire de sa naissance, à l’Académie de géopolitique de Paris, le lundi 20 mars. Cette reconnaissance d’hommage et d’histoire se déroulera durant toute l’année 2023 à travers des conférences, expositions, contributions écrites, émissions radio, télévision, témoignages de familles, amis et historiens.
 

 

Propos recueillis par Ali Ait Mouhoub

 

 

-Vous êtes un des initiateurs et coordinateur du Comité du centenaire de Krim Belkacem, inauguré le 20 mars à l’Académie de géopolitique de Paris. Parlez-nous de cet événement ...

Il est inconcevable de ne pas rendre hommage à l’un des pères de la Révolution algérienne, en l’occurrence Krim Belkacem, un des six à l’avoir déclenchée, organisée, pensée et faite. Le peuple algérien, et tout particulièrement la jeunesse, a le droit de savoir et de connaître l’œuvre et le parcours de cette figure emblématique du mouvement national. Pour l’inauguration du centenaire de la naissance de Krim Belkacem, nous avons choisi un cadre académique et avons invité des historiens pour évoquer l’engagement de Krim Belkacem pour le recouvrement de l’indépendance de l’Algérie. Nous aurons l’occasion, à différentes étapes, de convoquer le milieu scientifique et intellectuel pour tenter de pousser le destin et connaître davantage la valeur de ce grand combattant et responsable politique que fut Krim Belkacem. 
 

-Pourquoi vous avez choisi spécialement cette date pour l’inauguration ? Quel était le thème de cette conférence inaugurale ? 
 

La date du 19 Mars s’est imposée à nous. Il n’était pas possible d’évoquer le cessez-le-feu de 1962 issu des Accords d’Evian sans évoquer le signataire et le cheminement, les stratégies élaborées par le chef de la délégation du FLN à Evian. 

Cette première échéance d’hommage en appellera d’autres au cours de l’année. De par ses actions et ses fonctions, Krim Belkacem devient légitime dans toutes les étapes de la Guerre de libération nationale et bien encore avant et après. Lors l’ouverture du centenaire, ont assisté deux éminents historiens. Ils vont aborder deux thèmes :

- Le contexte de 1961 et 1962, par Amar Mohand-Amer, historien à la division socio-anthropologie de l’histoire et de la mémoire - CRASC – Oran et Krim Belkacem à travers les fiches des renseignements par Omar Hamourit, historien - Université Paris 1- Sorbonne. Nous avons eu également un moment de lectures. Un témoignage écrit d’Elaine Mokhtefi.  Elaine Mokhtefi est une militante américaine et algérienne, traductrice et écrivaine, qui a milité pour l’indépendance de l’Algérie. Elle a travaillé à la représentation du GPRA à New York aux côtés de Abdelkader Chanderly, M’hammed Yazid, Mohamed Sahnoun, Ahmed Francis et d’autres et vécu en Algérie de 1962 à 1974. Et une lettre datée de janvier de 1960 de Jean Amrouche à Krim Belkacem, que nous a remise Tassadit Yacine, qui n’est plus à présenter.

 

-Organiser un événement sur un personnage emblématique comme Krim Belkacem n’est pas des moindres. Quels seront les moments forts de cette manifestation ?


Comme évoqué précédemment, Krim Belkacem est légitime à chaque étape de la Guerre d’Algérie, le 1er novembre, le 19 mars, le 5 juillet, et bien entendu nous allons revenir et lui rendre un hommage lors de cette journée tragique du 18 octobre, moment de recueillement, de déchirement et de vive émotion.
 

-Qu’est-ce qui vous paraît le plus compliqué dans l’organisation de cet événement ? Avez-vous des collaborateurs ?  Qu’en est-il du soutien financier ? 

Tout est compliqué et difficile, de la décision, de la conception jusqu’à la concrétisation. Le Comité du centenaire de Krim Belkacem est constitué par des membres de la société civile algérienne, d’intellectuels amis de l’Algérie et de la famille de Krim Belkacem. Pour ne citer qu’une partie, il est composé également de Nils Andersson, de Tassadit Yacine, Kawther Krim, Tarif Mira, Hafid Adnani. Il s’est fixé pour mission l’organisation et la coordination de plusieurs événements en hommage à cette figure historique de l’Algérie. 

Le Comité est formalisé au sein d’une association de loi 1901, et à ce titre seules les cotisations de ses membres, voire les dons à venir, serviront d’apports financiers pour mener à bien cette mission. La durée de cette association du centenaire est fixée à une année, le temps de cet hommage uniquement. Nous appelons également aux concours des institutions, associations et autres membres de la société civile à rejoindre cette initiative.


-Vous avez annoncé qu´un colloque sur ce centenaire sera organisé en Algérie. Donnez-nous plus de précisions... 


Il est encore trop tôt pour aller dans les détails, mais pour l’instant les augures sont bons. Nous allons convier des historiens et les rares personnes encore en vie qui ont connu Krim Belkacem. Bien que les passions ne soient pas toujours loin, nous allons tenter de convoquer l’histoire et le récit national sous un angle scientifique et académique. L’objectif sera d’élucider certains points historiques grâce aux outils et aux analyses des historiens, et comprendre à travers l’engagement et l’apport de Krim Belkacem au sein de l’histoire de l’Algérie contemporaine.  


-Pensez-vous qu´il n’y a pas assez de travaux réalisés sur la trajectoire de Krim Belkacem ?
 

Très souvent, l’histoire est faite par des femmes et des hommes exceptionnels. Sur la majorité de nos héros nationaux, il y a peu de travaux en raison des aléas de l’histoire de l’Algérie depuis l’indépendance en 1962. L’après-indépendance n´a pas donné lieu à des recherches sur la guerre, sur la colonisation et, du coup, sur des personnages historiques. 

La reconnaissance de l’engagement de Krim Belkacem est en l’occurrence une nécessité et un impératif au regard du contexte historique et de la place qu’a occupée cette grande figure dans le combat pour l’Indépendance, et bien après pour l’instauration d’une véritable démocratie. Il souhaitait une Algérie libre, prospère et démocratique.

 

 

 

Bio- express


De formation économique à Paris 1 -Sorbonne, Lyazid Benhami est cadre au ministère de la Culture. Il est aussi vice-président de l’Association franco-chinoise de Paris, ainsi que vice-président du Comité de mobilisation de la Journée mondiale de la culture africaine. Ecrivain et auteur de plusieurs articles, il vit en France depuis 47 ans. Il a grandi au sein de la grande Famille révolutionnaire algérienne et démocratique. Il a l’Algérie dans le cœur, et porte l’espoir d’une grande Algérie en paix avec elle-même et avec un véritable rayonnement dans le concert des nations.

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