C’est sous le thème de «Musées, durabilité et bien-être» que le monde a célébré, cette année (18 mai), la Journée internationale des musées (JIM). Qu’il s’agisse de soutenir l’action en faveur du climat, de favoriser l’inclusivité, de lutter contre l’isolement social ou d’améliorer la santé mentale, les musées ont un rôle crucial à jouer dans la réalisation des 17 objectifs de développement durable de l’agenda 2030, insiste le Conseil international des musées (ICOM).
«Les musées, par l’ensemble de leurs activités, constituent des acteurs essentiels en vue d’engager pleinement les sociétés dans la réalisation de ces objectifs», abonde l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). La fonction sociale des musées se percevant, également, dans leur contribution à préserver «le patrimoine pour les générations présentes et futures», leur capacité à aider à «diffuser des valeurs qui fondent l’humanité» ainsi qu’à «assurer la cohésion sociale», rappellent, à cette occasion, les deux institutions. Les musées constituant, aussi «des acteurs majeurs au sein de l’économie, de la créativité et du tourisme».
D’où l’appel au respect par les Etats parties de la Recommandation de l’Unesco de 2015 portant sur la protection et la promotion des musées et des collections, leur diversité et leur rôle dans la société. La crise sanitaire du Covid 19 ayant, d’ailleurs, mis en lumière dans toute leur dimension les enjeux sociaux, organisationnels, environnementaux, économiques et politiques du secteur muséal et comment il pouvait être si déterminant pour le tourisme mondial.
Cette crise a contraint à la fermeture près de 90 % des musées dans le monde, soit plus de 85 000 établissements, entrainant ainsi l’amputation de leurs recettes de 40 à 60 %, par rapport à l’avant-crise, d’après une enquête réalisée en 2020 par l’organe onusien. Tous ces enjeux, la journée internationale instituée en 1977, à l’initiative de l’ICOM (Paris), la seule organisation de musées et de professionnels de musées à l’échelle mondiale, œuvrant pour «la promotion et la protection du patrimoine culturel et naturel, présent et futur, tangible et intangible», est là pour les rappeler tout autant que le caractère impérieux que revêt la protection de ces établissements de la dégradation et des vols, surtout, car en dépend viscéralement la préservation du «patrimoine culturel des communautés nationales, tribales, autochtones ainsi que du patrimoine commun de tous les peuples».
Réponse juridique
En est non moins soucieux l’Institut international pour l’unification du droit privé Unidroit-Rome puisque dans le cadre de son Programme international pour le droit et le développement (PIDD), il s’emploiera à sensibiliser, du 5 au 7 juin 2023, ses plus de 60 Etats membres, issus des cinq continents, sur le besoin d’amélioration continue de la réponse juridique et législative, qu’elle soit individuelle ou collective, aux phénomènes des vols et pillages, dont sont victimes les musées un peu partout dans le monde, notamment ces dernières années.
Une partie du programme sera, en effet, dédiée au «droit des biens culturels : la convention d’Unidroit de 1995 sur les biens culturels volés ou illicitement exportés; les dispositions modèles définissant la propriété de l’État sur les biens culturels non découverts». Une attention particulière accordée à la participation de l’Afrique. Des juges, des avocats et des rédacteurs législatifs, de haut niveau, de pays africains, dont des Algériens, sont attendus (l’Algérie a ratifié ladite convention début avril 2015 avant de la mettre en vigueur début octobre de la même année).
L’Unesco estime à près de 104 000 le nombre de musées dans le monde. En termes relatifs, l’institution onusienne fera remarquer les disparités flagrantes entre les pays développés et le reste du monde : 61% des établissements étant situés en Europe occidentale et en Amérique du Nord, 18% en Asie-Pacifique, 11% en Europe orientale, 8% en Amérique latine, 0,8% en Afrique et 0,7% dans les Etats arabes. L’Algérie compte 47 musées, la Tunisie 80 contre 44 au Maroc et 27 en Libye.