L’Ukraine veut des avions de combat «au plus vite»

10/03/2022 mis à jour: 01:01
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky / Photo : D. R.

Ces débats sur les avions de combat interviennent au moment où la tension semble baisser légèrement sur le terrain : la Russie et l’Ukraine se sont entendus sur des cessez-le-feu pour permettre la mise en place de plusieurs couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé hier les Occidentaux à lui envoyer «au plus vite» des avions de chasse, à commencer par les Mig-29 proposés par Varsovie, malgré une mise en garde du Kremlin. «Prenez une décision au plus vite, envoyez-nous des avions !» a-t-il déclaré aux Occidentaux dans une nouvelle vidéo sur sa chaîne Telegram, relayée par l’AFP.

Il a remercié Varsovie pour avoir proposé d’envoyer des Mig-29 à l’Ukraine et regretté qu’«aucune décision n’ait (encore) été prise». La Pologne s’est dite, mardi, «prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne) et à les mettre à la disposition du gouvernement des Etats-Unis», pour que ces derniers les livrent à l’Ukraine.

Washington, qui craint un élargissement du conflit, car la Russie a prévenu qu’elle considérerait l’envoi de tels avions par un pays tierce comme une implication directe dans la guerre en Ukraine, a rejeté la proposition. «Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable», a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

«C’est un scénario très indésirable et potentiellement dangereux», a répété le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Mais hier, les Etats-Unis ont déployé deux nouvelles batteries anti-aériennes Patriot en Pologne, conformément à leur engagement à défendre le territoire des pays de l’Otan, selon un haut responsable du Pentagone. Ces batteries anti-aériennes, habituellement stationnées en Allemagne, ont été repositionnées «à la demande» du gouvernement polonais, a précisé ce haut responsable ayant requis l’anonymat.

Ces débats sur les avions de combat interviennent au moment où la tension semble baisser légèrement sur le terrain : la Russie et l’Ukraine se sont entendus mercredi sur des cessez-le-feu pour permettre la mise en place de plusieurs couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours, qui ont obligé les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves.

«Certains progrès ont été réalisés» dans les négociations destinées à «mettre fin dès que possible à l’effusion de sang insensée et à la résistance des forces armées ukrainiennes», a ainsi déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. Elle a aussi assuré que la Russie ne cherche pas à «renverser le gouvernement» ukrainien.

«Guerre économique»

En Russie, les sanctions occidentales font de plus en plus sentir leurs effets. Le Kremlin a dénoncé hier la «guerre économique» déclarée par les Etats-Unis à la Russie, à la suite de l’annonce par Washington, la veille, d’un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz, en supplément des autres sanctions.

Dans la foulée, le Royaume-Uni a aussi indiqué qu’il cesserait d’ici à la fin de l’année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.

Hier, Londres a exhorté l’ensemble des pays du G7 à «mettre fin à leur utilisation de pétrole et gaz russes», à l’instar de Londres et de Washington. «Dans notre réponse» à l’invasion russe de l’Ukraine, «nous devons redoubler de sanctions», a déclaré la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, lors d’une visite aux Etats-Unis.

Les Européens, beaucoup plus dépendants que les Américains du brut russe, refusent jusque-là d’aller aussi loin, alors que la guerre fait déjà flamber les prix des hydrocarbures. La présidence française de l’Union européenne (UE) a néanmoins annoncé hier de nouvelles sanctions européennes contre Moscou et Minsk.

Les Vingt-sept ont notamment ajouté trois banques bélarusses aux grandes banques russes déjà débranchées de la plateforme financière internationale Swift, et ajouté 14 oligarques et 146 sénateurs russes à leur liste de personnes visées par des sanctions.

Depuis des jours, la liste d’entreprises occidentales, notamment de grands groupes de consommation comme McDonald’s ou Coca-Cola, coupant ou suspendant tout ou partie de leurs activités et de leurs liens avec la Russie s’allonge, ajoutant aux licenciements. La Banque centrale russe a annoncé une nouvelle mesure de défense de son économie, avec une suspension des ventes des devises étrangères jusqu’au 9 septembre.

Par ailleurs, est prévue aujourd’hui une rencontre en Turquie des ministres des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, ukrainien, Dmytro Kuleba, avec leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu comme médiateur.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a multiplié les efforts de médiation depuis le début de la crise, a déclaré hier que «la Turquie peut parler à la fois à l’Ukraine et à la Russie». «Nous travaillons pour éviter que la crise ne se transforme en tragédie», a-t-il indiqué.

De son côté, le chef de la diplomatie ukrainienne a affirmé, dans une vidéo sur Facebook, qu’il ferait tout pour que les «pourparlers (soient) les plus efficaces possible», tout en reconnaissant avoir des «attentes limitées». «Je n’ai pas grand espoir mais nous ferons tout pour en retirer le maximum», a-t-il dit, ajoutant que «tout dépendra des instructions que Lavrov aura reçues avant ces discussions».

Le ministre ukrainien ayant qualifié, récemment sur CNN, son homologue russe de «Ribbentrop contemporain», du nom du ministre de Hitler durant la Seconde Guerre mondiale. La Turquie, membre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), est un allié de l’Ukraine à qui elle fournit des drones de combat. Tout en veillant à maintenir ses relations avec la Russie dont dépend étroitement son tourisme et ses approvisionnements en blé et énergie. Le président Erdogan s’est entretenu dimanche au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, pour réclamer un cessez-le-feu.

Au début du conflit, le président Erdogan a arrêté sa vision : «N’abandonner ni Kiev, ni Moscou» et «ne pas céder sur les intérêts de la Turquie», tout en qualifiant l’offensive russe d’«inacceptable». Néanmoins, il ne s’est pas joint aux sanctions occidentales, maintenant son espace aérien et les voies maritimes ouverts à la Russie.

Le président Zelensky a déclaré lundi soir, dans un entretien à la chaîne américaine ABC, ne plus insister sur une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l’invasion. Il s’est aussi dit prêt à un «compromis» sur le statut des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l’indépendance.

Hier, il a dénoncé les «promesses» non tenues des Occidentaux pour protéger l’Ukraine des bombardements russes. «Cela fait treize jours qu’on entend des promesses. Treize jours qu’on nous dit qu’on nous aidera dans le ciel, qu’il y aura des avions, qu’on nous les livrera», a-t-il déclaré dans une vidéo publiée sur Telegram.

«Mais la responsabilité pour cela repose aussi sur ceux qui n’ont pas été capables de prendre une décision en Occident depuis 13 jours (...). Sur ceux qui n’ont pas sécurisé le ciel ukrainien des assassins russes», a-t-il ajouté 

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