Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), s’inquiète du manque d’anticipation des autorités dans la gestion de la crise sanitaire et dénonce le recul des libertés démocratiques ainsi que ce qu’elle appelle les «guerres» menées par le gouvernement contre les acquis sociaux.
A l’ouverture des travaux de la première session du bureau politique de cette année, et sur le plan sanitaire, la première responsable du PT a fustigé le gouvernement qui «n’assume pas ses responsabilités». «Chez nous, dit-elle, la prévention étant de la responsabilité exclusive de l’Etat, le gouvernement est donc censé réunir toutes les conditions pour l’assurer à travers la gratuité des tests, les analyses et les radios en dotant les structures hospitalières de tous les moyens humains et matériels.
Or, ce n’est pas le cas». «Ces tests sont inaccessibles pour l’écrasante majorité des Algériens, le moins cher coûte presque 2000 DA alors que les bilans des contaminations révélés par les autorités sont très loin de la réalité, selon les déclarations des responsables au niveau des hôpitaux, des laboratoires et des médecins privés», s’insurge-t-elle en faisant remarquer que l’avènement de la 4e vague et l’explosion de l’épidémie de Covid-19 étaient prévisibles, mais sans que le gouvernement soit encore une fois préparé, ni n’a réuni les conditions au niveau des hôpitaux déjà saturés.
La première dame du PT déplore également les conditions dans lesquelles travaillent les personnels de santé qui ne bénéficient toujours pas de la protection nécessaire alors que la prime Covid n’est toujours pas versée à l’ensemble des employés provoquant, dit-elle, la colère de tous ceux qui en sont exclus.
«Cette situation déjà très dangereuse, s’inquiète Hanoune, est aggravée par la pénurie de médicaments, y compris ceux prescrits au Sars-cov-2 au niveau de la PCH et donc des hôpitaux et des officines». «Le gouvernement porte l’entière responsabilité des conséquences meurtrières de sa décision de réduire à la hussarde la facture de l’importation des médicaments», accuse la secrétaire général du PT.
Atteinte aux libertés
Dans cette situation effrayante, le PT apporte son soutien aux personnels de santé qui combattent avec abnégation et au péril de leur vie le virus et dénonce le traitement «humiliant» et parfois «dégradant» réservé dans différents hôpitaux «aux professeurs de médecine, ex-chefs de service dont la longue et riche expérience est si précieuse en ces temps de pandémie en matière de formation, d’encadrement et de soins…».
S’agissant justement des libertés, Mme Hanoune affirme que le cours totalitaire se confirme chaque jour avec une cascade d’arrestations, convocations et condamnations d’activistes, de journalistes pour délit d’opinion ou leurs activités politiques, y compris pour des faits qui remontent à l’après-Bouteflika.
«Ceci dénote que nous sommes toujours dans l’ordre ancien hérité du modèle de parti unique», tranche Mme Hanoune qui se réjouit de la décision du Conseil d’Etat qui a débouté le ministère de l’Intérieur dans l’affaire l’opposant à l’UCP dont il a demandé la dissolution. «C’est indiscutablement une victoire pour le droit. Elle est d’autant précieuse dans le contexte régressif qui prévaut».
Mais la patronne du PT ne comprend pas comment, le même jour, le Conseil d’Etat prononce la suspension provisoire du PST et la fermeture de ses locaux sur requête du ministère de l’Intérieur. Elle réaffirme dans ce sillage qu’aucune politique ou dérive n’est inéluctable ou irréversible. «L’histoire de notre pays pré et post-indépendance nous l’a enseigné», rassure Mme Hanoune.
Enfin et commentant l’avant-projet de loi portant sur l’activité syndicale, Mme Hanoune n’a pas caché son inquiétude. «Ce projet prépare la caporalisation de l’activité syndicale par l’administration par le biais d’un contrôle policier permanent sur le fichier des adhérents dans les syndicats. Il vise à confisquer la mission historique libératrice et progressiste des travailleurs comme classe sociale organisée dans ses syndicats», souligne Mme Hanoune.