Les traducteurs «historiques» ne trouvent pas de successeurs : La traduction peine à émerger en Algérie

13/03/2024 mis à jour: 18:14
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Un constat s’impose : les traductions d’œuvres algériennes sont rares. Il y a eu certes les traducteurs «historiques» (Marcel Bois, Said Boutadjine, Mohamed Sari, Merzak Begtach), mais ces expériences n’ont guère suscité un véritable mouvement, comparable à celui enclenché dans le monde arabe (Liban, Egypte…) 

 

Le Salon du livre (SILA) de novembre 2023 a été l’occasion de découvrir de nouvelles traductions d’œuvres d’auteurs algériens majeurs. Celle qui a le plus impressionné est proposée par les éditions Sedia. 

L’auteur ciblé est Mohammed Dib, dont la trilogie Algérie sera désormais lue par des lecteurs amazighophones : Azetta (Le métier à tisser), Axxam amekran (La grande maison) et Ajajih (L’incendie). Les mêmes éditions ont déjà traduit sept œuvres de Dib vers la langue arabe (La trilogie Algérie, Laezza, Simorgh, L’infante maure et La nuit sauvage). 

Durant la même foire d’Alger, les éditions El Kalima ont proposé aux visiteurs une traduction de l’œuvre poétique dibienne. Aux manettes de ce travail exigeant, Hakim Miloud. On doit aussi à l’éditeur algérois des traductions publiées dans la collection PIM (Petits inédits maghrébins). Autre jolie surprise : les reportages mecquois de Kateb Yacine. Réunis dans un recueil au Seuil, les textes du journaliste exigeant d’Alger Républicain qu’il a été au début des années 1950, sont disponibles aux éditions Khayal. 

Depuis quelques semaines, une anthologie de textes d’écrivains algériens de langue française est proposée par Mohamed Sari, traducteur confirmé (voir entretien). Il y a lieu de citer également l’excellent recueil de nouvelles de Salah Badis, traduit de l’arabe par Lotfi Nia (Barzakh). 
 

«L’Algérie ne traduit pas plus de 20 livres par an»

Un constat s’impose : les traductions d’œuvres algériennes sont rares. Il y a eu certes les traducteurs «historiques», tels que Marcel Bois, Said Boutadjine, Mohamed Sari, Merzak Begtach, mais ces expériences n’ont guère suscité un véritable mouvement, comparable à celui enclenché dans le monde arabe (Liban, Egypte…). Djillali Khelas, à qui on doit une formidable traduction des Chercheurs d’os de feu Tahar Djaout, a fait ce constat en 2012. «L’Algérie ne traduit pas plus de 20 livres par an, contre une moyenne de 80 à 100 traductions au Maroc et de 60 à 70 en Tunisie», se désole-t-il. 

La tendance est restée la même malgré l’initiative du ministère de la Culture de subventionner les traductions. Des textes publiés sont parfois indigents et ne trouvent pas le chemin des librairies. «La traduction en Algérie, a encore un long chemin à parcourir avant de faire valoir ses lettres de noblesse.

 A l’ère de la mondialisation, le marché de la traduction est en deçà des attentes et des besoins des citoyens algériens, toutes catégories confondues, qu’ils soient justiciables, universitaires ou simples amateurs de littérature locale ou universelle, la demande est sans cesse grandissante mais l’offre ne suit pas. 

Cette activité peine à émerger», regrette Lamia Khelil, maître de conférence à l’université Alger 2, dans une étude intitulé «Traduction littéraire en Algérie : Etat des lieux».

Que faire pour avoir un mouvement qui prenne en charge la traduction d’auteurs algériens et même étrangers ? 

L’on croit savoir que le ministère de la Culture cherche à mettre sur pied un centre de traduction. Mais une telle structure ou même de généreuses subventions recherchées par des éditeurs, parfois sans projet sérieux, sont-elles suffisantes ?
 

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