Le froid qui caractérise les relations diplomatiques algéro-espagnoles et son impact sur le volet économique poussent de nombreuses entreprises espagnoles à contourner les obstacles d’exportation de leurs produits, en passant par des entreprises intermédiaires au Portugal, et en y créant des filiales.
Selon des sources citées par un média espagnol : «De nombreuses entreprises – au vu des relations diplomatiques actuelles entre l’Algérie et l’Espagne – ont beaucoup de problèmes pour exporter leurs produits. Une réalité qui a conduit un bon nombre d’entre elles, à créer des sociétés intermédiaires au Portugal, via lesquelles elles expédient leurs produits vers l’Algérie.» «La production vient d’Espagne, mais le bateau et la société exportatrice sont portugais», précise la même source.
Le journal espagnol The Objective souligne, en outre, citant des sources économiques, qu’en plus des sociétés intermédiaires, «de nombreuses entreprises sont aujourd’hui en train de créer des filiales» au Portugal. «Tout le monde dans notre secteur le fait», affirment au journal les entreprises de produits surgelés. Un secteur qui n’est pas le seul touché, selon le média qui indique que «les biens les plus exportés d’Espagne vers l’Algérie sont au nombre de quatre : les produits agroalimentaires, les produits industriels et technologiques, les biens de consommation et les boissons».
Par ailleurs, poursuit The Objective, «il existe déjà une entreprise spécifique de logistique espagnole qui s’est implantée au Portugal dans le but de servir de pont pour d’autres entreprises espagnoles» désirant importer vers l’Algérie. Les organisations professionnelles touchées par cette situation, comme l’Association espagnole des fabricants de machines et de biens d’équipement pour l’industrie céramique (Asebec), préfèrent pour leur part ne pas commenter la situation et se limitent à de brèves déclarations.
«La seule chose que nous savons, c’est que l’Algérie va réintégrer son ambassadeur en Espagne. De notre côté, nous ne pouvons qu’espérer que les relations commerciales soient rétablies et que nous puissions continuer à travailler directement avec nos clients», soulignent-elles. Il est à mentionner à ce propos que le ministre algérien des Affaires étrangères a confirmé, vendredi 17 novembre, dans un communiqué, la nomination d’un nouvel ambassadeur d’Algérie à Madrid, dix-neuf mois après le début de la crise diplomatique entre les deux pays.
D’autres entreprises spécialisées dans l’envoi de marchandises assurent qu’«elles ont de nombreux problèmes avec l’Algérie depuis le début de la crise. Nous le constatons, car les marchandises ne sont plus chargées sur les navires». Une situation qui n’est pas compensée par une augmentation des exportations vers le Maroc.
Celles-ci ont même diminué. Elles soulignent enfin que le secteur tente également de valoriser l’exportation depuis les ports français. Le journal indique que dans ce contexte, «deux pays profitent de la crise diplomatique entre l’Espagne et l’Algérie. D’un côté, le Portugal, qui a intensifié ses relations commerciales, notamment dans le domaine énergétique, et qui profite désormais du ‘’débarquement’’ d’entreprises espagnoles.
D’un autre côté, l’Italie qui, à travers le gouvernement de Giorgia Meloni, a signé des accords avec le pays africain pour construire de grandes infrastructures, comme le gazoduc SoutH2Corridor, un tube de 3300 kilomètres préparé pour le transport de l’hydrogène et qui devrait être le principal réseau de transport en Europe», écrit The Objective.
«Les relations entre l’Espagne et l’Algérie restent très froides, malgré la nouvelle faisant état depuis quelques semaines de l’arrivée d’un nouvel ambassadeur algérien. L’incertitude est maximale, tout comme la méfiance. Il y a encore quelques mois, en août dernier, Alger définissait la relation avec notre pays comme ‘‘stagnante’’», souligne le média. Malgré ces difficultés, qui ont conduit une partie du tissu industriel à chercher des formules d’ingénierie commerciale pour éviter «les veto», les exportations algériennes ont augmenté, notamment grâce au gaz.
L’Espagne continue d’être très dépendante de ces hydrocarbures, comme le démontrent les statistiques mensuelles d’Enagás. Selon le dernier rapport, «l’Algérie est notre principal fournisseur de gaz, avec 28,8% du total exporté. Si l’on prend en compte le dernier mois pour lequel les données sont disponibles, le gaz exporté représentait près de 50% du quota», relève le média espagnol.