Netanyahu lance un nouveau défi, aux terribles conséquences, en sommant le Hamas de libérer les otages avant le début du Ramadhan auquel cas son armée détruira Rafah, avec sa population réfugiée.
Une aventure contre laquelle pourtant nombre de pays et organisations internationales l’ont mis en garde car elle conduirait à un autre massacre de grande ampleur : pris au piège du cul-de-sac de Rafah, les Ghazaouis ne pourront fuir la furie vengeresse de l’armée israélienne.
Cette terrible menace de Netanyahu pourrait bien se concrétiser, le Hamas ayant soutenu que la libération des otages n’interviendrait qu’à l’issue de négociations qui devraient prendre en considération l’essentiel de ses revendications.
Un autre bain de sang, cette fois-ci au prochain Ramadhan, Netanyahu en endossera la responsabilité au Hamas, comme à ses habitudes. Avec le risque calculé de se mettre à dos les familles des otages qui manifestent régulièrement en Israël. Elles redoutent que si Rafah est investie par les soldats israéliens, leurs proches, encore vivants, soient tous tués. L’opinion publique à l’intérieur d’Israël sera secouée par solidarité envers les familles des otages, ce qui aggravera le fossé entre elles et Netanyahu, dont elles ne saisissent pas où il veut les entraîner.
Elles le soupçonnent d’être de connivence avec les suprémacistes de son parti et de son gouvernement, qui montent en puissance, exigeant ouvertement la recolonisation de l’enclave de Ghaza.
Une récente manifestation a vu la présence de onze ministres et des leaders du Likoud. Le ministre du Tourisme a clamé : «Nous avons l’occasion de construire, de renouveler et d’agrandir le pays d’Israël», joignant sa voix à celle du demi-million de colons qui, en Cisjordanie, chassent et tuent les Palestiniens afin de s’accaparer leurs terres.
Tout cela se fait au vu et au su du monde entier, chaque Etat se positionne selon ses intérêts politiques et économiques et ses choix idéologiques. Biden, l’allié inconditionnel de Tel-Aviv, est placé dans une mauvaise position à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre 2024. Il est de plus en plus contesté au sein de son propre camp, la moitié des jeunes démocrates estimant déjà qu’ils ne voteront pas pour lui. Un massacre d’envergure à Rafah sera fatal pour son image et sa carrière politique.
Cela ne l’a toutefois pas empêché de libérer 17 milliards de dollars en faveur d’Israël, sur initiative du Congrès, historiquement et stratégiquement acquis à Tel-Aviv. Qu’importe leur provenance, les bombes qui pleuvront sur les enfants de Ghaza seront américaines ! Et elles profiteront, par ricochet, au complexe militaro-industriel, comme c’est le cas dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Les enjeux sont fondamentaux pour les Etats-Unis et ce n’est pas un hasard s’ils ont annoncé qu’ils exerceront de nouveau leur droit de veto à l’encontre d’une résolution du Conseil de sécurité introduite par l’Algérie. Notre pays a joint ses efforts à nombre d’autres Etats du Sud Global pour tenter de faire supprimer, atténuer ou équilibrer ce satané droit de veto, un des principaux obstacles à la mise en œuvre du droit international et donc à la paix.
Le monde bouge, une longue guerre se mène, elle se remporte doucement et sûrement, bataille après bataille. Une des plus remarquables est intervenue à La Haye, sur initiative de l’Afrique du Sud. La CIJ a mis en garde Israël contre toute tentation génocidaire. L’autre bataille a été gagnée à Addis-Abeba où l’Union africaine a fermé ses portes contre toute infiltration d’Israël, ce qui a délégitimé les Etats africains qui ont tissé des liens diplomatiques avec Tel-Aviv. Et enfin à Rio de Janeiro, Lula du Brésil a dénoncé ouvertement et fermement le massacre des Palestiniens par Tel-Aviv.
En Europe, continent à la traîne, très ambigu dans ses attitudes, des pays commencent à se détacher, tels l’Irlande, la Belgique, le Portugal et l’Espagne, pour joindre leur voix aux forces démocratiques et de gauche et aux militants des droits humains sensibles aux souffrances et aux luttes des damnés de la terre, parmi lesquels les Palestiniens.
La conscience du monde commence à s’ébranler, c’est le prix du sang, des pleurs et des larmes des enfants et mères de Ghaza.