En avril 2008, l’Alliance promet que l’Ukraine et la Géorgie «deviendront membres», mais sans offrir de plan d’adhésion. En août de la même année, Moscou inflige une défaite militaire à la Géorgie. En parallèle, Moscou et Kiev se livrent plusieurs guerres commerciales, dont celles du gaz en 2006 et 2009.
Le 1er décembre 1991, alors membre de l’Union soviétique, l’Ukraine se prononce par référendum pour l’indépendance, reconnue par Moscou. Le 8 décembre, la Russie, l’Ukraine et le Bélarus signent un accord établissant une Communauté des Etats iIndépendants (CEI).
Mais l’Ukraine ne s’engage pas pleinement dans la CEI, perçue comme une structure dominée par la Russie pour constituer sa zone d’influence. Le 5 décembre 1994 à Budapest, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis se sont engagés par un accord à respecter l’indépendance, la souveraineté et les frontières de l’Ukraine, en échange de l’abandon par celle-ci de ses armes atomiques héritées de l’Union soviétique.
En mai 1997, la Russie et l’Ukraine signent un traité d’amitié et de coopération, sachant que Moscou s’oppose à une adhésion de Kiev ou de toute autre ex-république soviétique à l’Alliance atlantique. Le traité et les textes annexes règlent notamment le litige du partage de l’ex-flotte soviétique de la mer Noire, ancrée à Sébastopol en Crimée.
La Russie restera propriétaire de la majorité des navires, mais paiera à l’Ukraine un loyer pour l’utilisation du port de Sébastopol. En 2003, Kiev signe un accord sur la création d’un Espace économique commun avec la Russie, le Bélarus et le Kazakhstan.
D’où l’ire de l’Union européenne (UE), prévenant que cela pourrait freiner son rapprochement avec Bruxelles et son intégration dans l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En 2004, la présidentielle en Ukraine donne vainqueur le candidat Viktor Ianoukovitch.
Ce qui provoque la contestation de la rue. Le scrutin est ainsi annulé. La victoire, le 26 décembre, du leader de la «révolution orange», l’opposant prooccidental Viktor Iouchtchenko, marque le début d’une nouvelle ère politique en Ukraine après dix ans de règne du président Léonid Koutchma.
Tornade
Le nouveau président réitère la volonté de l’Ukraine d’adhérer à l’UE et à l’ Organisation du traité de l’Atlantique Nord (Otan). En avril 2008. l’Alliance promet que l’Ukraine et la Géorgie «deviendront membres», mais sans offrir de plan d’adhésion.
En août de la même année, Moscou inflige une défaite militaire à la Géorgie. En parallèle, Moscou et Kiev se livrent plusieurs guerres commerciales, dont celles du gaz en 2006 et 2009 qui perturbent l’approvisionnement énergétique de l’Europe et enveniment les relations ukrano-russes. Elu en 2010, le nouveau président Viktor Ianoukovitch lance un rapprochement avec la Russie, tout en assurant que l’intégration à l’UE, avec laquelle Kiev élabore depuis 2008 un «accord d’association» demeure prioritaire. En novembre 2013, le président ukrainien refuse de signer l’accord avec l’UE.
Ce changement d’option a déclenché un mouvement de contestation proeuropéen. La révolte se termine en février 2014 avec la fuite en Russie du président Ianoukovitch suivie de sa destitution. Dans la foulée, en péninsule de Crimée, les forces spéciales russes prennent le contrôle de sites stratégiques.
En mars 2014, Moscou annexe la péninsule provoquant la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la chute de l’Union soviétique. En avril, des séparatistes prorusses s’emparent du Donbas, région industrielle russophone dans l’Est ukrainien. Kiev et l’Occident accusent Moscou de parrainer les séparatistes en représailles au virage prooccidental de l’Ukraine.
A défaut de rejoindre l’Otan, l’Ukraine s’y arrime. Ce qui est mal apprécié par le président russe. «L'adhésion formelle de l'Ukraine à l'Otan pourrait ne pas se faire, mais le développement militaire de ce territoire se déroule déjà et cela représente une menace pour la Fédération de Russie», a-t-il déclaré le 21 octobre 2021, alors que les troupes russes commençaient à se masser non loin de la frontière ukrainienne.
Après avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières ukrainiennes, Vladimir Poutine reconnaît le 21 février dernier l’indépendance des «Républiques» séparatistes de Donetsk et de Lougansk. Il ordonne un déploiement de troupes dans ce territoire, sans en dévoiler ni l’ampleur ni le calendrier.