Les Etats-Unis et le Royaume-Uni n’ont cure du désastre humain à Ghaza où plus de 2 millions d’habitants sont menacés d’extermination, alors que près de 18 000 Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tués et autant portés disparus ou blessés.
Par le veto du premier et l’abstention du second, le projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour un cessez-le-feu et la libération des otages a été tout simplement rejeté et, avec lui, les chances de mettre un terme aux souffrances des populations civiles. Le seul souci de ces puissants alliés de l’entité sioniste est la condamnation de Hamas. La population de Ghaza continuera malheureusement de subir la punition collective qui lui a été imposée.
Le quotidien des Palestiniens est des plus terribles. Des raids aériens intensifs, de jour comme de nuit, avec des bombes guidées par intelligence artificielle, livrées par les Etats-Unis, que les experts qualifient d’ «usine d’assassinats massifs», rasant des quartiers entiers, faisant quotidiennement des centaines de morts, majoritairement des femmes et des enfants et autant, sinon plus, de disparus ensevelis sous les décombres et des blessés.
Comme si la situation extrêmement grave à Ghaza n’était pas urgente, la saisine par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, du Conseil de sécurité, le 6 décembre dernier, pour une cessation rapide des «hostilités», suivie du dépôt le 7 décembre, par les Émirats arabes unis d’un projet de résolution allant dans le même sens des préoccupations du chef de l’ONU et cosigné par 97 états, la réunion du Conseil de sécurité n’a été tenue que vendredi dernier, en fin de journée.
Sur les quinze membres du Conseil de sécurité, 13 ont voté pour, à savoir la Chine, la Russie, la France, la Suisse, les Émirats, l’Albanie, Malte, Brésil, le Japon, l’Equateur, le Ghana, le Mozambique et le Gabon, alors que les Etats-Unis s’y sont opposés. Le Royaume-Uni, pour sa part, s’est abstenu, faute d’apposer son veto, certainement en raison de l’énorme pression exercée par son opinion publique en faveur de la cause palestinienne. Les explications données au refus d’un cessez-le-feu humanitaire, afin d’alléger les souffrances de la population civile, est vraiment cynique.
Ainsi, l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, toute honte bue, a commencé par parler de «processus précipité et de l’absence de consultations appropriées en dépit desquelles», ils se sont, disent-ils, «engagés dans ces discussions en proposant notamment des libellés pour aboutir à une résolution constructive».
Et parce que leurs recommandations, pour ne pas dire leurs injonctions, «ont été ignorées», le contenu de la résolution, validé par près d’une centaine des membres de l’assemblée générale de l’ONU, est devenu pour eux «un texte déséquilibré et déconnecté de la réalité».
Mieux encore. Ils ont déclaré «n’avoir pas compris pourquoi» les auteurs de la résolution «ont refusé d’insérer une formulation condamnant les actes perpétrés par le Hamas», puis accusé «le Conseil de sécurité et nombre de ses membres d’avoir fermé les yeux face aux violences commises par le Hamas au lieu de les condamner» avant de regretter que «le texte ne reconnaisse pas le droit» à l’entité sioniste «de se défendre», oubliant que la CIJ (Cour internationale de justice) a déjà statué sur ce point précis en déclarant qu’étant étant un Etat d’occupation, l’entité sioniste ne peut prétendre à ce droit.
Pour Washington, le cessez-le-feu inconditionnel envisagé par le projet de résolution «n’était pas réaliste», voire même «est dangereux». De ce fait, «tant que le Hamas s’accroche à son idéologie destructrice, tout cessez-le-feu sera temporaire», a averti le représentant des Etats-Unis.
Le linceul ou la déportation
Tout est dit. Le seul souci des Américains est de permettre à Israël de cacher ses échecs sur le terrain et lui donner plus de temps, pour terminer ses opérations génocidaires contre la population civile qui n’a d’autre choix que d’opter pour le linceul ou la déportation. La position des Américains n’est pas nouvelle. Avec le Royaume-Uni, ils ont déjà bloqué 45 résolutions contre Israël et fait en sorte que près d’une centaine d’autres violées par l’entité sioniste ne soient pas suivies de sanctions.
A travers leur «niet», Washington insulte le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qualifié de «personne dangereuse», par Israël, et l’écrasante majorité des Etats membres de l’assemblée générale de l’ONU, qui a voté une résolution non contraignante pour une trêve humanitaire restée, malheureusement, lettre morte.
Les Britanniques ont expliqué leur abstention de la même manière que leurs alliés les Américains. Pour eux, il n’est pas question de voter en faveur d’une résolution appelant à un cessez-le-feu qui «ne condamne pas» les actes commis le 7 octobre dernier par le Hamas. Tout comme les Américains, ils ont estimé qu’Israël doit être en mesure de faire face à la menace du Hamas, soulignant; cependant, «qu’elle doit le faire d’une manière qui respecte le droit international humanitaire». Pourtant, non seulement l’Etat hébreux s’est octroyé ce droit qu’il ne doit pas avoir, mais il l’exerce en totale violation du droit international à travers des actes génocidaires commis au vu et au su de tout le monde.
Visiblement déçus par le veto qui a conduit au rejet de la résolution, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ayant voté en faveur de la résolution ont exprimé leur «regret» et expliqué, par la même occasion, leur position. Les Émirats ont déclaré avoir «réussi» à faire cosigner le texte par 97 pays en moins de 24 heures et expliqué que «le processus a été accéléré car après 63 jours de conflit et la mort de plus de 18 000 personnes, il n’y a plus d’autre chose à dire.
La seule chose à faire est d’obtenir le cessez-le-feu et de sauver le plus de vies possible, maintenant. C’est cet impératif qui doit prévaloir sur toute autre considération. Je vous implore, chers collègues, de voter en faveur de cette résolution».
Le représentant de la Russie a d’abord regretté que «le Conseil de sécurité n’arrive pas à s’acquitter de sa responsabilité depuis deux mois, y voyant une seule raison: l’approche destructrice des États-Unis qui appuient aveuglément Israël et empêchent, de facto, toute solution», avant d’affirmer : «Il est difficile d’attendre le moindre bon sens de la délégation américaine.»
Il s’est demandé comment expliquer le refus d’un cessez-le-feu (…) alors que le monde entier réclame l’arrêt des attaques qui vont vers une éradication totale de la population. La Russie n’a pas cessé de demander au Conseil de sécurité de réagir aux demandes d’un cessez-le-feu. Après avoir salué les États qui ont présenté et soutenu le projet de texte, il a conclu : «C’est là la dernière occasion pour les États-Unis et les pays occidentaux de se racheter», a‑t‑il conclu.
Le représentant de la France a déclaré avoir voté en faveur de la résolution en raison de «l’extrême gravité de la situation humanitaire» à Ghaza, «pour laquelle le secrétaire général a tiré la sonnette d’alarme». L’intervenant a rappelé que la France «a permis l’engagement important de la communauté et s’est particulièrement mobilisée pour apporter un soutien médical aux populations de Ghaza». Cependant, il a qualifié d’ «inacceptable» le fait que «le Conseil de sécurité n’ait pas encore pu condamner les attaques du Hamas et d’autres groupes commises le 7 octobre dernier (…) Le Conseil ne peut pas, ne doit pas fermer les yeux sur ces actes.»
La même source a assuré que sa délégation «continuera de s’engager résolument dans la voie d’une mobilisation pleine et entière du Conseil sur tous les volets de la crise (sécuritaire, humanitaire et politique)». La représentante de Malte a, elle aussi, regretté le rejet du texte «malgré le message clair envoyé par le secrétaire général, sur la base de l’article 99 de la Charte des Nations unies».
Pour elle, «la pleine mise en œuvre de toutes les dispositions de la résolution 2712 de 2023 devient plus qu’urgente», de ce fait, elle a appelé «à garantir la protection des civils et des infrastructures civiles à titre prioritaire ainsi qu’à veiller à l’acheminement de l’aide humanitaire pour éviter la destruction et l’effondrement de l’ordre public» et conclut en plaidant pour «la mise en place de conditions propices à la coexistence entre Israéliens et Palestiniens» à travers la solution à deux États.
Shtayyeh : «Le veto américain, une invitation à poursuivre les crimes»
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a affirmé, hier, que l’utilisation par les Etats-Unis du veto au Conseil de sécurité des Nations unies, pour empêcher une résolution obligeant l’entité sioniste à arrêter son agression dans la Bande de Ghaza, est une «autorisation pour poursuivre le meurtre, la destruction et le déplacement des Palestiniens». Dans une déclaration reprise par l’agence de presse Wafa, M. Shtayyeh a indiqué que «l’utilisation du veto met à nu le mensonge de la protection des vies des civils», soulignant que «ce qui s’est passé vendredi au Conseil de sécurité est une honte et une insulte aux libertés et une violation des valeurs du droit, de la justice, de la liberté et des droits de l’Homme». Il a, en revanche, remercié les pays qui ont voté en faveur du projet de résolution, les appelant à reconnaître l’Etat de Palestine indépendant, poursuivre leurs efforts pour mettre fin à l’agression, œuvrer à l’acheminement de la nourriture, de médicaments et de carburant, et rendre la vie à la Bande de Ghaza, après deux mois d’agression génocidaire. Les Etats-Unis ont brandi leur veto, vendredi, à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la Bande de Ghaza, réclamé avec force par le secrétaire général Antonio Guterres. Le texte préparé par les Emirats arabes unis et soutenu par près de 100 pays a recueilli 13 voix en faveur, une voix contre (Etats-Unis) et une abstention (Grande-Bretagne).