Les drames se multiplient en haute mer : La Méditerranée, mortelles traversées

19/06/2023 mis à jour: 03:06
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Un bateau a chaviré en Méditerranée avec à son bord plusieurs migrants clandestins - Photo : D. R.

Selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM), la Méditerranée centrale est devenue, ces dernières années, la voie de passage la plus meurtrière pour les candidats à la migration.

Les drames se multiplient en Méditerranée. Ce bassin devient un véritable cimetière pour des centaines de personnes, fuyant souvent la misère et des conflits armés, qui tentent la traversée en empruntant des embarcations de fortune. Il ne se passe un jour sans que l’on signale, près des côtes européennes et africaines, la noyade, la disparition et le repêchage de dizaines de migrants clandestins n’ayant pas eu la chance d’atteindre leur destination finale, en l’occurrence l’Europe.

Ils viennent de tous les pays ou presque : Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Afrique subsaharienne, Pakistan, Syrie, Palestine…  Rien ne dissuade ces porteurs de projets migratoires, qui bravent y compris la mort. Ce qui s’est passé, mercredi dernier, large de la péninsule du Péloponnèse, en Grèce, en est la preuve. Au moins 750 personnes, selon les garde-côtes grecs, se sont retrouvées en difficulté. Le chalutier qui leur servait de moyen de transport a chaviré et plus de 79 occupants se sont noyés, alors que 104 autres ont été sauvés.

Les recherches se poursuivent toujours pour tenter de retrouver d’éventuels survivants et récupérer les morts. Il y a une dizaine de jours, la région de Ouacif, dans la wilaya de Tizi Ouzou, a été endeuillée par la mort, près des côtes de Tipasa, de huit de ses enfants dont la tentative de traversée clandestine a échoué. D’autres tragédies similaires ont été enregistrées depuis le début de l’année en cours, notamment près des côtes tunisiennes, pays qui sert de point de départ des migrants clandestins.

Le 1er trimestre 2023, le plus meurtrier depuis 2017

Selon l’Organisation internationale pour la migration (OIM), la Méditerranée centrale est devenue, ces dernières années, la voie de passage la plus meurtrière pour les candidats à la migration. Les chiffres établis par cette instance sont effarants. De 2014 à 2023, plus de 56 000 migrants sont morts, dont 33 700 par noyade. Selon la même source, le premier trimestre de l’année 2023 est le plus meurtrier depuis 2017 avec plus de 441 morts recensés (le chiffre ne comptabilise pas les victimes enregistrées depuis le mois de mars dernier).

L’agence onusienne précise également que la voie de la Méditerranée centrale «est celle privilégiée par les migrants, avec des bonds notables en 2015 (3149 décès) et surtout en 2016 (4574 décès), contre quelques centaines dans le même temps dans les autres régions».Cette augmentation du nombre de décès, selon le HCR «s’explique à la fois par l’utilisation par les passeurs de navires de moins bonne qualité, les aléas du temps et les tactiques utilisées par les passeurs pour éviter d’être détectés par les autorités».

La pandémie de Covid-19, ajoute la même source, «explique largement la baisse du nombre de morts enregistrés en 2020 partout dans le monde», d’autant que «les déplacements étaient exceptionnellement limités en cette période».

Afrique du Nord-Italie : le couloir privilégié

En raison de la distance, relativement réduite entre les côtes africaines et l’Italie, les migrants et les passeurs privilégient ce couloir, selon l’OIM qui relève que «le nombre de morts est nettement plus élevé en Méditerranée centrale, avec 21 277 morts, dont au moins 1400 pour la route reliant l’Afrique du Nord à l’Italie avec plus de 800 d’entre eux retrouvés au large des côtes libyennes». «Au total, depuis 2014, 26 912 migrants se sont noyés dans la mer Méditerranée, selon l’OIM, soit plus de la moitié de l’ensemble des décès recensés.»

Par ailleurs, l’OIM a fait observer que les opérations de recherche et de sauvetage des ONG ont diminué considérablement au cours des derniers mois. «La crise humanitaire persistante en Méditerranée centrale est intolérable», déplore l’organisation.

Et d’ajouter : «Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les Etats (…) Nous avons besoin d’une coordination proactive des Etats dans les efforts de recherche et de sauvetage. Guidés par l’esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les Etats à travailler ensemble et à s’efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires.»

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