L’élan populaire a barré la route au 5e mandat de Bouteflika : Il y a cinq ans, le hirak

22/02/2024 mis à jour: 00:45
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Photo : H. Lyès

Il y a cinq ans, jour pour jour, des millions d’Algériens descendaient dans les rues pour contester la candidature de Abdelaziz Bouteflika à un 5e mandat. Depuis ce 22 février 2019, des millions de personnes défilaient chaque vendredi dans les rues pour exprimer leur aspiration à un Etat de droit et dénoncer vigoureusement la corruption qui avait atteint des seuils intenables.

Ce soulèvement populaire a réussi, de par son ampleur inédite, à susciter l’admiration à travers le monde, comme il a été une source d’inspiration à d’autres nations éprises de démocratie. Ce mouvement était un véritable moment de communion nationale ayant mobilisé les Algériens, quels que soient leurs bord politique et catégories sociales.

Si les slogans au début des manifestations exprimaient le rejet d’un 5e mandat, la revendication populaire a évolué après l’annonce du retrait de la candidature de Bouteflika et le report de l’élection présidentielle vers une exigence d’un changement du système politique en place. Sous la forte pression populaire, Abdelaziz Bouteflika a fini par démissionner le 2 avril de la même année, après 20 ans au pouvoir.

Le 5e mandat a été la goutte qui a fait déborder le vase. Depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013, le défunt Président déchu n’a jamais retrouvé les capacités nécessaires pour assumer ses fonctions de premier magistrat du pays. Le 4e mandat était déjà de trop étant donné que le Président était malade au point de pas pouvoir faire sa campagne électorale.

Durant ce mandat, ses activités étaient réduites à quelques rares apparitions, qui avaient pour but de rassurer sur le fait qu’il était vivant. La diplomatie algérienne dont il détenait le monopole avant pâti de cette situation, faisant perdre à l’Algérie son influence dans tous les espaces où elle était intégrée : africain, arabe et méditerranéen, aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral.

Au plan interne, il y avait une paralysie dans tous les domaines au moment où il était nécessaire de lancer les réformes structurelles et profondes pour faire face à la crise multidimensionnelle qui frappait le pays.

Ce contexte a été propice à l’émergence d’une oligarchie politico-financière qui avait le contrôle sur tout l’appareil étatique et qui avait favorisé la généralisation de la corruption. Cette situation alimentait la colère populaire. Les actions de protestation se multipliaient sur tout le territoire national.

Des émeutes, des manifestations corporatistes faisaient l’actualité quotidienne des dernières années du règne de Bouteflika.Le pays était dans une impasse et l’absence de réactions, autre que la répression, à ces nombreux actes de protestation suscitait des questionnements légitimes sur où était situé le vrai centre du pouvoir. Clairement pas aux mains du Président grabataire et impotent.

Tous les facteurs étaient réunis pour le déclenchement de ce soulèvement populaire unique et pacifique. Inéluctablement, le hirak marquait un tournant décisif et historique dans la vie de la nation. 

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