Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, aux portes de Ghaza : «Assez de ce cauchemar sans fin !»

24/03/2024 mis à jour: 07:55
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Photo : D. R.

Après près de six mois d’une campagne génocidaire à Ghaza, la pression internationale sur Israël pour mettre fin aux violences commence à se faire sentir.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est rendu hier à la frontière égyptienne de la bande de Ghaza, déclarant que 
«le monde en a assez» de «ce cauchemar sans fin». Il est temps pour un «cessez-le-feu immédiat dans la bande de Ghaza», a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : «Il est temps qu’Israël respecte le droit humanitaire.» Il a déploré les «maisons détruites, les familles et les générations entières disparues, ainsi que la faim et la famine qui planent au-dessus de la population». «Rien ne justifie la punition collective du peuple palestinien», a-t-il souligné. Il s’agit de la deuxième visite de Guterres à la frontière terrestre de Rafah depuis le 7 octobre (la première était le 20 octobre).

Aveugle et sourd à toutes les voix appelant à préserver les vies humaines à Ghaza, l’armée d’occupation israélienne continue sa campagne génocidaire, préparant une offensive sur la ville de Rafah, où environ 1,5 million de Palestiniens sont entassés, selon l’ONU.

Le Premier ministre israélien, Netanyahu, justifie avec cynisme cette action comme nécessaire pour «vaincre» militairement le Hamas à Ghaza, mais le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, la considère comme une «erreur» et une opération «inutile».

Cette question a d’ailleurs été au cœur des échanges vendredi à Tel-Aviv entre le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, et le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken. «J’ai dit que nous n’avions pas la possibilité de défaire le Hamas sans entrer dans Rafah et sans éliminer les bataillons qui y restent.

Je lui ai dit que j’espérais le faire avec le soutien des Etats-Unis, mais s’il le faut, nous le ferons seuls», a dit Netanyahu après la rencontre avec le secrétaire d’Etat américain. Ce dernier a affirmé qu’une telle opération «risque de tuer davantage de civils (...), d’isoler Israël davantage au niveau mondial et de mettre en danger sa sécurité à long terme».

Faisant fi de la position américaine, Israël a annoncé la saisie de 800 hectares de terres dans la vallée du Jourdain, en Cisjordanie occupée, le jour de la visite de M. Blinken. «Vous connaissez notre point de vue sur l’expansion des colonies (...) nous avons un problème avec ça», a commenté le responsable à propos de la plus importante saisie de terres en territoire palestinien depuis les Accords d’Oslo (1993).

L’embarras de Washington

Après près de six mois d’une campagne génocidaire à Ghaza, la pression internationale sur Israël pour mettre fin aux violences commence à se faire sentir. Une évolution notable dans la position américaine est à relever. Vendredi 22 mars, les Etats-Unis ont présenté un projet de résolution à l’ONU en faveur d’un «cessez-le-feu immédiat» dans la bande de Ghaza.

Bien que ce texte ait été rejeté par le Conseil de sécurité des Nations unies, il marque un changement pour Washington. En tant qu’allié historique d’Israël, les Etats-Unis avaient systématiquement bloqué toute résolution appelant à un «cessez-le-feu immédiat» jusqu’à présent.

Il reste que le texte américain ne demandait pas directement l’arrêt des combats, raison pour laquelle il a été rejeté par l’Algérie, la Russie et la Chine. Les trois pays «dénoncent une formulation ambiguë qui n’appelle pas directement à faire taire les armes». Le Hamas a salué ces veto, dénonçant la «formulation trompeuse» du texte américain.

Il semble désormais que les Etats-Unis se sentent coincés, ne pouvant pas abandonner leur soutien à Israël. Ces dernières semaines, le président américain, Joe Biden, a ouvertement critiqué Netanyahu, dénonçant en décembre des «bombardements indiscriminés» et affirmant en mars que Netanyahu «faisait plus de mal que de bien à Israël» avec sa conduite de la guerre à Ghaza. Le bilan humain à Ghaza avec plus de 32 000 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas, a contribué à faire évoluer la position des Etats-Unis.

La menace de famine à Ghaza a également poussé la Maison-Blanche à exercer une pression accrue sur Tel-Aviv. En début de mois, la vice-présidente américaine Kamala Harris a appelé Israël à «faire davantage pour augmenter de manière significative le flux d’aide» humanitaire à Ghaza, martelant qu’il «n’y a pas d’excuses».

Blinken a rappelé que «100% de la population de Ghaza est confrontée à une grave insécurité alimentaire». Face à la détérioration de la situation dans l’enclave palestinienne, Joe Biden a annoncé, début mars, l’ouverture d’un corridor maritime entre Chypre et Ghaza et a ordonné «une mission d’urgence pour établir un port temporaire sur la côte de Ghaza».

Cette évolution du discours de Biden pourrait s’expliquer par la pression de l’opinion publique américaine en faveur d’un cessez-le-feu. Selon un sondage du Pew Research Center, 46% des Américains âgés de 18 à 29 ans jugent «inacceptable» la réponse d’Israël aux attaques du Hamas.

A huit mois des élections présidentielles qui s’annoncent tendues face à Donald Trump, Biden ne peut se permettre de perdre des voix. Lors des primaires démocrates, certains ont appelé au vote blanc pour protester contre sa politique étrangère.

15 Palestiniens arrêtés en Cisjordanie

Les forces d’occupation israéliennes ont arrêté, hier, 15 Palestiniens en Cisjordanie occupée, dont des membres de la famille du martyr Moudjahid Barakat et d’anciens prisonniers, a rapporté l’agence de presse palestinienne Wafa.

La Commission des affaires des prisonniers et ex-prisonniers et le Club du prisonnier palestinien ont souligné que les arrestations ont été signalées dans les gouvernorats d’El Khalil, Ramallah, Beit Lehm, Tubas, Naplouse et El Qods occupé, précise Wafa.

Les forces d’occupation israéliennes continuent de procéder à de vastes opérations policières et de commettre des abus, des passages à tabac ainsi que de proférer des menaces contre les détenus et leurs familles, sans compter la destruction des maisons des Palestiniens et le sabotage des infrastructures.

Le nombre total d’arrestations depuis le 7 octobre s’est élevé à environ 7740, souligne l’agence de presse palestinienne, relevant que ce total comprend ceux qui ont été arrêtés à leur domicile, aux postes de contrôle militaires ainsi que ceux qui ont été contraints de se rendre sous la pression et ceux qui ont été retenus en otages. 

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