Les cours du baril de pétrole ont grimpé à la clôture de vendredi poussés par la guerre en Palestine. Les craintes d’une extension de la guerre dans la région ont fait gagner au prix du Brent (référence de la mer du Nord) 5,68% pour se vendre à 90,89 dollars.
La référence de pétrole américain WTI, a pris pour sa part 5,76% et s’est vendu à 87,69 dollars le baril. Les menaces d’une offensive terrestre de l’armée d’occupation israélienne dans le territoire de Ghaza, poussant le déplacement des populations civiles, augure d’embraser la région du Moyen-Orient. «On s’inquiète beaucoup de l’entrée d’Israël dans Ghaza» indique Phil Flynn, de Price Futures Group.
Depuis le début du conflit, le brut Brent a bondi de 7,5% au cours de la semaine écoulée, soit son gain hebdomadaire le plus élevé depuis février, alors que les investisseurs s’attendent à une hausse plus importante du fait de l’extension de la guerre dans la région comprenant des Etats parmi les plus grands producteurs de pétrole au monde. «L’objectif est d’accéder à un actif sûr qui fonctionnerait si l’assaut terrestre s’aggravait au cours du week-end… Tout ce qui se passe au Moyen-Orient devient malheureusement de plus en plus déprimant et semble susceptible de s’aggraver», affirme Marvin Loh, stratège macroéconomique mondial chez State Street à Boston, cité par Reuters.
Des analystes soulignent plusieurs complications possibles sur le flux de pétrole et de gaz. La première en est l’éventuel resserrement américain des sanctions contre l’Iran, si ce dernier s’impliquerait directement dans le conflit. Une perspective qui risque d’ajouter plus de pression sur le marché pétrolier.
L’Iran, selon les analystes, pourrait bloquer le passage du flux pétrolier et gazier passant par le détroit d’Ormuz. Selon Rob Thummel, gestionnaire de portefeuille senior chez Tortoise Capital, cité par Reuters, estime peu probable que les prix du pétrole augmentent de manière substantielle à moins de perturbations dans le détroit d’Ormuz, qui est l’artère pétrolière la plus importante au monde acheminant pas moins que le cinquième de l’approvisionnement mondial.
«Défis du marché»
Le ministère iranien de l’Energie a déclaré vendredi que le pétrole atteindrait 100 dollars le baril en raison des derniers développements dans la région du Moyen-Orient. De nouvelles sanctions américaines feraient grimper les prix à des niveaux bien plus importants. Une situation qui sera difficile à assumer par l’administration Biden qui se prépare à des élections présidentielles en 2024.
«Etant donné que les objectifs politiques ne ciblaient pas les flux de pétrole russe, même au plus fort du conflit russo-ukrainien, nous ne nous attendons pas non plus à ce que les exportations de pétrole iranien soient limitées», estiment des analystes de Macquarie.
De plus qu’il sera difficile de remplacer les barils iraniens, puisque l’Arabie Saoudite s’est engagée à réduire son offre de pétrole. Le ministre saoudien de l’Energie, le prince Abdulaziz, a déclaré au cours de la semaine écoulée en commentant les effets de la guerre, que «l’Opep et l’Opep+ ont déjà traversé de nombreux défis, et que leurs membres étaient connectés, de même que leur cohésion ne devrait pas être remise en question».
Ceci alors que le porte-parole du ministère iranien du Pétrole, a souligné que l’Opep+ «ne réagissait pas de manière instinctive aux défis du marché». Le vice-ministre russe Alexander Novak a ajouté, pour sa part, «que les prix actuels du pétrole tenaient compte du conflit et reflétaient la conviction du marché que les risques posés par les affrontements n’étaient pas si élevés». Vladimir Poutine avait auparavant déclaré que la coordination au sein de l’Opep+ se poursuivait «pour la prévisibilité du marché
pétrolier».