Mêlé à chaque fois aux luttes pour le pouvoir, le Front de libération nationale traverse, à la veille de chaque élection, notamment la présidentielle, des zones de turbulences sévères.
La «situation d’exception» est terminée pour le Front de libération nationale (FLN). L’ex-parti unique, ayant largement dépassé les délais réglementaires pour la mise en conformité de ses structures avec la loi, vient d’être autorisé à tenir son 11e congrès ordinaire.
Ce dernier, annonce le secrétaire général de cette formation, Abou El Fadel Baadji – dont le mandat a expiré aussi depuis près deux ans – aura lieu du 29 au 31 octobre prochain. Selon lui, le FLN a reçu, jeudi dernier, «l’avis favorable de l’administration» pour organiser ce rendez-vous.
La direction du parti, ajoute-t-il, «a déposé une demande d’autorisation auprès de la wilaya d’Alger» et, parallèlement, «elle a fixé la date de la tenue de ses congrès régionaux, en vue d’élire des congressistes». Est-ce le début de la fin de cette énième crise interne ? Quel est l’enjeu de ce congrès ?
Poussé dans ses derniers retranchements par le hirak du 22 février 2019, comme l’ensemble des formations ayant composé la fameuse alliance présidentielle qui a défendu un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, le FLN ne s’est pas remis de ce choc.
Malgré sa «victoire» aux dernières législatives, le parti continue de traîner, tel un boulet, son passé de parti intimement lié au pouvoir et qui peine à (re) prendre son indépendance. A cela, s’ajoutent les luttes intestines qui continuent de le miner de l’intérieur.
En effet, outre l’incarcération de certains de ses cadres et dirigeants pour des faits de corruption, le parti n’a pas échappé aux contestations habituelles.
La dernière en date est celle opposant la direction conduite par Abou El Fadel Baadji à un groupe de cadres et de sénateurs contestant la légitimité de ce dernier, ainsi que «ses tentatives de préparer le congrès à sa manière pour se faire reconduire». Avant cet épisode, le FLN a traversé d’autres crises encore plus dures. Et cela depuis le «coup d’Etat scientifique» mené contre feu Abdelhamid Mehri, qui ambitionnait de mettre le parti sur une nouvelle trajectoire en conformité avec l’ère du pluralisme politique instauré en Algérie en vertu de la Constitution de 1989.
C’est devenu, depuis, une marque de fabrique propre au FLN. Mêlée à chaque fois aux luttes pour le pouvoir, cette formation traverse, à la veille de chaque élection, notamment la présidentielle, des zones de turbulences sévères. Ce fut le cas en 2003. Ali Benflis, alors secrétaire général du parti, a fait les frais de cette situation.
Ayant annoncé, des mois avant la présidentielle de 2004, sa volonté d’être le candidat du FLN, l’homme a dû faire face à un mouvement de redressement qui a fini par le mettre à la porte. Le meneur de ce mouvement, en l’occurrence, Abdelaziz Belkhadem, sera intronisé à sa place. Lui également n’a pas résisté longtemps. Il a dû subir le même sort en 2013, après des contestations itératives qui ont duré plusieurs années. Il a été destitué à l’issue d’une réunion extraordinaire du comité central (CC) du parti.
Quelques mois plus tard, c’est Amar Saadani qui, lors d’une réunion d’un CC, peu ordinaire, a été désigné comme secrétaire général du FLN. Deux ans après, il organise le 10e congrès du parti et réussit à se faire reconduire à sa tête. Faisant aussi face à la même contestation interne, Amar Saadani a été contraint de quitter le navire, en 2018, en invoquant des «raisons personnelles».
Son successeur à ce poste, à savoir Mouad Bouchareb, a connu aussi le même sort, puisqu’il a été contraint de partir quelques semaines après le début du hirak. Depuis son installation à la tête du parti en remplacement de Mohamed Djemai, incarcéré, Abou El Fadel Baadji subit aujourd’hui le même rejet. Résistera-t-il ? Ce 11e congrès paraît, en tout cas, être pour lui, une sorte de quitte ou double.