L’avant-projet de loi organique relative à l’information a été, pour la énième fois, au menu de la réunion du gouvernement. Renvoyé à maintes reprises par le Conseil des ministres pour enrichissement, le texte a été examiné à nouveau lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement.
Présentée par le ministre de la Communication, la nouvelle mouture, telle qu’exposée par le communiqué de l’Exécutif, tend à renforcer le contrôle sur les médias.
«Ce projet de texte a pour objectif la mise en place d’un cadre législatif global qui contribuera à consolider la liberté de la presse écrite, audiovisuelle et électronique et à favoriser l’émergence d’un paysage médiatique national ancré dans les réalités nationales, conscient des enjeux nationaux et internationaux et respectueux des chartes de l’éthique et de la déontologie», lit-on dans ce communiqué, qui définit les objectifs visés à travers l’élaboration de cet avant-projet de loi.
Selon la même source, le texte vise notamment à «identifier les acteurs dans les différents supports médiatiques», «définir les règles générales relatives à leur organisation, leur régulation et leur contrôle» et «doter la profession de journaliste d’un statut particulier qui définit les conditions d’exercice de la profession et les droits et devoirs y afférents».
Selon la même source, le projet a également pour but «d’écarter l’argent sale de l’investissement dans le domaine de l’information», et «instituer un Conseil de presse et une autorité indépendante de régulation de l’audiovisuel».
«Ces nouvelles dispositions permettront l’amélioration de la qualité du service médiatique et de renforcer le professionnalisme dans les pratiques journalistes en se référant aux standards et normes internationaux en la matière», précise la même source, rappelant que le texte «fera l’objet d’un examen lors d’un prochain Conseil des ministres».
Cette présentation, en attendant de connaître le contenu du texte, laisse penser que le premier objectif des autorités est de renforcer le contrôle sur des médias.
A l’exception de la référence à l’élaboration du statut du journaliste, les points évoqués par le communiqué du gouvernement ne présentent aucun projet visant à s’attaquer à ce champ de ruine de la presse nationale, ni au démarche à suivre pour permettre aux entreprises de presse de sortir de cette crise multiformes qui risque de réduire à néant une expérience médiatique citée en exemple dans la région, jusqu’à un passé très récent.
En effet, l’Exécutif, qui ne présente aucun programme visant à aider la presse à exercer pleinement sa mission, préfère, visiblement, se nourrir des stéréotypes et des «on-dit» selon lesquels les médias et les journalistes algériens sont loin de respecter les «règles professionnelles» et la «déontologie du métier».
Cette vision superficielle de la situation de la presse algérienne lui fait penser que la seule réponse à la crise actuelle «réside dans le contrôle». Or les actions à mener, de l’avis de plusieurs spécialistes des médias, sont nombreuses et complémentaires.
Les participants au dernier forum sur le soixantenaire de la presse algérienne organisé par l’Université Alger 3 l’ont d’ailleurs souligné. E
stimant que le «système médiatique algérien traverse une crise complexe et multiforme», ces derniers ont appelé à «bâtir une nouvelle politique médiatique et un nouveau système en mesure de faire face aux défis actuels et futurs». Ils ont ainsi énuméré les mesures devant être prises pour refonder le système médiatique, dont la «promulgation d’une loi sur la publicité» mettant fin à l’utilisation politique de cette manne, et l’élaboration d’une «loi garantissant l’accès aux sources d’information».
Mais ces recommandations ne semblent pas cadrer, pour le moment, à avec la volonté des pouvoirs publics.