L’Algérie prend acte du rejet de la demande d'extradition de Bouchouareb et accuse : La France refuse totalement l'entraide judiciaire

22/03/2025 mis à jour: 23:26
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Le président français, Emmanuel Macron, et Abdessalem Bouchouareb, ancien ministre de l’Industrie et des Mines (photo : dr)

L’Algérie n'a pas tardé à réagir à la décision de la justice française d'opposer un avis défavorable aux demandes d'extradition de l’ancien ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb. 

Dans un communiqué rendu public jeudi dernier, le ministère des Affaires étrangères déplore l'attitude du gouvernement français qui refuse toute coopération en matière d'entraide judiciaire. «Le gouvernement algérien a pris acte de la décision de la justice française d’opposer une fin de non-recevoir à la demande d’extradition de Abdessalem Bouchouareb, condamné par la justice algérienne dans de multiples affaires de corruption, de malversation et de trafic d'influence causant au Trésor algérien des pertes considérables», précise d'emblée le communiqué. 

Évoquant la possibilité de recours, l’Algérie déplore l'attitude de la France qui refuse toute coopération avec l’Algérie sur ce dossier concernant la récupération des fonds pillés et transférés illégalement à l'étranger. 

«Sans préjudice du recours à d'autres voies de droit encore possibles, le gouvernement algérien saisit cette occasion pour relever l'absence totale de coopération du gouvernement français en matière d'entraide judiciaire, en dépit de l'existence de nombreux instruments juridiques internationaux et bilatéraux prévus à cette fin», précise le même document. 

Pour la première fois, l’Algérie révèle aussi les «tergiversations» de la partie française concernant les 25 commissions rogatoires introduites dans le cadre du processus enclenché depuis 2019 pour retrouver les fonds détournés et les biens acquis à l'étranger avec cet argent pour les personnes poursuivies par la justice algérienne pour corruption. 

«Dans le cadre de ses efforts visant à récupérer toutes les richesses dont elle a été spoliée, l'Algérie s'est systématiquement heurtée et se heurte toujours à des tergiversations et à des atermoiements injustifiés et inexplicables de la partie française qui ont abouti à une absence totale de réponses à vingt-cinq commissions rogatoires introduites par l'Algérie», indique le communiqué. 

Biens mal acquis

Et de souligner : «Cette attitude française se singularise par rapport à celles d'autres partenaires européens qui coopèrent de manière sincère, loyale et sans arrière-pensée avec les autorités algériennes sur ce dossier des biens mal acquis dont ils connaissent la sensibilité extrême pour l'Algérie.» Mercredi dernier, rappelons-le, la chambre d’instruction de la cour d’appel d'Aix-en-Provence (France) a opposé un rejet définitif aux six demandes d'extradition de l'ancien ministre l'Industrie (2014-2017). 

Pour justifier cette décision, la justice française a évoqué «des conséquences d’une gravité exceptionnelle» que pourrait avoir cette extradition, en raison de «l’état de santé et de l’âge» de Bouchouareb. Les juges français qui ont examiné le dossier ont estimé, selon des médias français, que «cela porterait atteinte à l’article 3 de la convention européenne des droits de l’homme et à l’article 5 de la convention d’extradition franco-algérienne de 2019». 

Cette chambre a ainsi suivi le réquisitoire du parquet français qui s’était opposé à cette demande d’extradition lors de l’audience du 5 mars dernier. «L’éloignement de M. Bouchouareb, gravement malade, ferait courir à celui-ci, si ce n’est un risque de vie, [un risque] de déclin rapide et irréversible de son état de santé», avait estimé l’avocat général Raphaël Sanesi de Gentile. 

Pour sa part, Me Anne-Sophie Partaix, avocate de l’Algérie, avait, elle, estimé que les autorités judiciaires avaient, le 13 février dernier, «donné les garanties nécessaires» à la justice française.  «M. Bouchouareb a volé de l’argent aux Algériens, il a été condamné et doit répondre de ses actes», avait-elle insisté. 

Pour rappel, Abdessalem Bouchouareb a été condamné à plusieurs reprises par contumace à des peines de 20 ans de réclusion chacune. Il est accusé d'implication dans des affaires de corruption et d'octroi d'indus avantages lorsqu'il était à la tête du ministère de l'Industrie. 

Cette affaire s'ajoute désormais à la longue liste d'éléments ayant aggravé les tensions entre Alger et Paris depuis de longs mois. Madjid Makedhi 

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