Les Nations unies, par le biais de son secrétaire général, António Guterres, ont exprimé leur «choc» face aux allégations et ont appelé à une enquête approfondie, soulignant l’importance de maintenir l’assistance humanitaire dans la région.
Après avoir grandement fragilisé le système de santé à Ghaza, Israël s’attaque désormais à l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), maillon essentiel de l’aide humanitaire et médicale aux civils dans la Bande de Ghaza.
Les accusations d’Israël contre des employés de l’Unrwa qui auraient, selon l’entité sioniste, participé à l’attaque du 7 octobre, risquent ainsi de plomber fortement l’effort humanitaire crucial de l’Agence, tandis que les hôpitaux de Ghaza luttent pour maintenir des services médicaux adéquats.
Le chef de l’Agence, le diplomate italo-suisse Philippe Lazzarini, réagit en résiliant immédiatement les contrats des employés soupçonnés et en lançant une enquête interne. Mais les allégations israéliennes ont aussitôt entraîné une suspension «temporaire» des financements de l’Agence par les Etats-Unis, suivis par l’Australie, le Canada et l’Italie, mettant en péril l’aide humanitaire vitale pour plus de deux millions de personnes à Ghaza.
Cela soulève notamment des préoccupations quant à l’avenir des opérations humanitaires dans la région. Les Nations unies, par le biais de son secrétaire général António Guterres, ont exprimé leur «choc» face aux allégations et ont appelé à une enquête approfondie, soulignant l’importance de maintenir l’assistance humanitaire dans la région.
«Pour protéger les capacités de l’Agence à délivrer de l’aide humanitaire, j’ai décidé de résilier immédiatement les contrats de ces membres du personnel et d’ouvrir une enquête», a indiqué dans un communiqué le chef de l’Agence, Philippe Lazzarini. «Tout employé qui a été impliqué dans des actes de terrorisme devra en répondre, y compris à travers des poursuites judiciaires.» Il est à préciser que les Etats-Unis, principal contributeur, avaient déjà retiré leur financement sous l’administration Trump, qui avait jugé ses activités «irrémédiablement biaisées».
Joe Biden avait annoncé le rétablissement en 2021 d’une aide de 340 millions de dollars. Les relations entre Israël et l’Unrwa ont toujours été tendues, mais elles se sont encore dégradées ces derniers jours, lorsque l’ONU a accusé deux chars israéliens d’avoir tiré mercredi sur un centre de formation de l’Unrwa à Khan Younès, dans le sud de la Bande de Ghaza. Transformé en abri depuis le début de la guerre, celui-ci accueille des dizaines de milliers de personnes déplacées.
Israël veut maintenant que l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens ne joue plus aucun rôle à Ghaza. De son côté, le Hamas accuse Israël de vouloir éliminer l’Unrwa, privant ainsi la population de Ghaza d’une aide cruciale. L’Agence en question a été créée en 1949 par l’Assemblée générale des Nations unies avec pour mandat de fournir une aide humanitaire et une protection aux réfugiés palestiniens enregistrés dans la zone d’opérations, en attendant une solution juste et durable à leur sort.
Elle opère en Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, dans la Bande de Ghaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Des dizaines de milliers de réfugiés palestiniens, qui ont perdu leurs maisons et leurs moyens de subsistance à cause de la Nakba de 1948, continuent d’être déplacés et ont besoin de soutien, près de 75 ans plus tard.
Plus de système de santé fonctionnel
Les destructions en cours à Ghaza suscitent chez les Palestiniens le sentiment d’assister à un «ethnocide», bien au-delà des 25 000 morts recensés par le ministère de la Santé local. Ces ruines ravivent le souvenir de la Nakba, la «catastrophe» de 1948, qui a vu la moitié des Palestiniens chassés de leurs terres, beaucoup trouvant refuge à Ghaza.
La petite bande de terre, au riche patrimoine millénaire, se retrouve aujourd’hui, à son tour, largement désertée et réduite à l’état de ruines. Les forces d’occupation israéliennes travaillent à détruire tout ce qui peut rappeler la Palestine historique, effaçant aussi bien la mémoire individuelle que collective. A cela s’ajoute le fait que les hôpitaux de Ghaza sont exsangues.
Médecins sans frontières (MSF) affirmait vendredi qu’il ne reste pratiquement plus de système de santé fonctionnel. Sur les 36 hôpitaux opérationnels avant la guerre, seulement huit continuent de fonctionner partiellement. L’hôpital Nasser, la plus grande structure de santé à Khan Younès, est au bord de l’effondrement, sa capacité chirurgicale étant presque nulle.
Les pénuries de fournitures médicales essentielles et les pannes de courant ont paralysé les services, laissant des centaines de patients gravement blessés sans accès adéquat aux soins. «La capacité chirurgicale de l’hôpital Nasser», «la plus grande structure de santé» de Khan Younès, dans le sud de la Bande de Ghaza, est à présent «quasiment inexistante», et les «quelques membres du personnel médical qui sont restés à l’hôpital doivent composer avec des stocks de matériel médical très faibles», a déploré MSF dans un communiqué.
Le ministère palestinien de la Santé a fait état d’une «coupure complète de l’électricité» dans l’hôpital Nasser de Khan Younès, qui a conduit «tous les équipements médicaux à arrêter de fonctionner, dont les machines respiratoires».
Si la plupart du personnel de l’hôpital et des milliers de personnes qui s’y étaient réfugiées ont fui ces derniers jours, entre 300 et 500 patients gravement blessés, qui n’ont pu être évacués «en raison du danger et faute d’ambulances», se trouvent toujours dans la structure, a indiqué Médecins sans frontières.
Au 113e jour consécutif de l’agression israélienne, des dizaines de milliers de citoyens palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont perdu la vie lors des bombardements continus par air, terre et mer dans la Bande de Ghaza. Hier, selon des sources locales palestiniennes, des martyrs et des blessés ont été transportés à l’hôpital Shuhada Al Aqsa après un bombardement israélien ciblant plusieurs maisons à Deir Al Balah, au centre de la Bande de Ghaza. Neuf citoyens, dont des femmes, ont été tués par les bombardements de maisons à Khan Younès.
Les avions de l’occupation ont aussi visé des terres agricoles autour de la centrale électrique dans le camp de Nasirat, au centre de la Bande. Une preuve de plus de la volonté d’Israël d’affamer la population, ce qui constitue un autre «crime de guerre» prouvant l’intention génocidaire dont se rend coupable l’entité sioniste.