Le docteur Mounir Al Borsh, directeur général de la santé dans la bande de Ghaza, a affirmé, dans une déclaration à Al Jazeera Mubasher, que «les martyrs et les blessés représentent 7% de la population de l’enclave».
Cent vingt quatre mille (124 000) personnes ont été déplacées en quelques jours à Ghaza, forcées de fuir les bombardements incessants.» Ce chiffre, qui traduit la détresse des Palestiniens de Ghaza depuis la rupture de la trêve par Israël, a été révélé ce lundi par l’UNRWA dans un message posté sur la plateforme X. «Sous notre surveillance quotidienne, les habitants de Ghaza vivent leur pire cauchemar.
Un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines», déplore l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Et d’alerter : «Les familles transportent le peu qu’elles ont, sans abri, sans sécurité et sans aucun endroit où aller. Les autorités israéliennes ont coupé toute aide. La nourriture est rare et les prix montent en flèche. Il s’agit d’une catastrophe humanitaire.
Le siège doit cesser.» A la reprise des raids meurtriers, s’ajoutent les effets dévastateurs de la suspension de l’approvisionnement de l’enclave dans le but manifeste de l’affamer. «Depuis trois semaines, les autorités israéliennes maintiennent les points de passage fermés, bloquant tout approvisionnement humanitaire et commercial», relève Onu-Info, le service d’information des Nations unies.
La même source signale l’impact des conditions météorologiques défavorables qui ajoutent à la détresse des Palestiniens. «De fortes pluies ont inondé les tentes de fortune à Ghaza, laissant des milliers de personnes sans endroit où aller», rapporte Onu-Info. L’UNRWA se désole : «Avec des abris inadéquats, les gens endurent la pluie, le froid et les bombardements continus. Le blocus doit être levé pour permettre l’acheminement de l’aide et des abris.»
«Cette situation ne peut plus durer»
L’ONU s’émeut également de la reprise des attaques contre les hôpitaux, comme cela s’est produit dimanche contre l’hôpital Nasser de Khan Younès, où l’armée sioniste a abattu Ismaïl Barhoum, membre du bureau politique du Hamas, alors qu’il était hospitalisé dans ce complexe médical.
Tom Fletcher, coordinateur des secours d’urgence et chef du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), fait état de «rapports horribles en provenance de Ghaza», avec «davantage de travailleurs de la santé, d’ambulances, d’hôpitaux attaqués alors qu’ils tentent de sauver des survivants» a-t-il dénoncé sur X.
«Nous devons tous exiger que les hôpitaux et le personnel médical ne soient pas pris pour cible» insiste-t-il. Le chef par intérim du bureau de l’OCHA dans les territoires palestiniens occupés, Jonathan Whittall, cité par Onu-Info dans un compte rendu daté du 24 mars, fustige à son tour «l’assaut meurtrier lancé contre la population de Ghaza».
«Au cours des six jours qui ont suivi l’effondrement du cessez-le-feu, les forces israéliennes ont tué des centaines d’enfants et d’adultes», s’indigne-t-il. «Parmi les victimes, figurent nos collègues, le personnel humanitaire qui a été bombardé chez lui ou dans l’exercice de ses fonctions», regrette M. Whittall. «Les opérations au sol s’intensifient ; les familles sont prises au piège ou forcées de fuir à nouveau sans abri sûr.
Les corps restent sous les décombres ou dans la rue, hors de portée des ambulances sous le feu de l’ennemi» s’alarme-t-il. Il attire également l’attention sur le fait que «les produits de survie n’ont pas été acheminés depuis trois semaines, alors même que la population observe le jeûne en ce mois de Ramadhan». Et de marteler : «Cette situation ne peut plus durer.»
Face aux risques encourus par les travailleurs humanitaires dans le territoire dévasté, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, «a pris la décision difficile de réduire la présence de l’Organisation à Ghaza, alors même que les besoins humanitaires augmentent et que notre inquiétude quant à la protection des civils s’intensifie», a annoncé son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une note à la presse publiée lundi et relayée par Onu-Info. «L’ONU ne quitte pas Ghaza. L’Organisation reste déterminée à continuer de fournir l’aide dont les civils dépendent pour leur survie et leur protection», a-t-il précisé.
Revenant sur le bombardement qui a touché le 19 mars un bâtiment de l’ONU à Deir Al Balah, Stéphane Dujarric a condamné ces attaques en révélant qu’elles «ont été provoquées par un char israélien», et qu’elles ont «coûté la vie à un collègue bulgare de l’ONU et ont infligé de graves blessures à six autres – originaires de France, de Moldavie, de Macédoine du Nord, de Palestine et du Royaume-Uni – dont certains ont été grièvement blessés».
Un bureau du CICR à Rafah bombardé
De son côté, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré, dans un communiqué diffusé avant-hier, que ses locaux à Rafah ont été bombardés par l’aviation de guerre israélienne. «Aujourd’hui (lundi, ndlr), un bureau du CICR à Rafah a été endommagé par un projectile explosif bien qu’il soit clairement identifié et notifié auprès de toutes les parties. Aucun membre du personnel n’a heureusement été blessé dans cet incident, qui entraîne cependant des effets directs sur la capacité de fonctionnement du CICR.
L’institution dénonce avec force cette attaque», peut-on lire dans ce communiqué. Le CICR a déploré dans le même texte l’absence de toute protection au profit des civils palestiniens et l’effondrement de toutes les structures vitales à Ghaza. «Depuis la semaine dernière, l’escalade des hostilités a engendré des conséquences humanitaires importantes.
Des centaines de civils ont été tués, certains se trouvant encore sous les décombres et d’autres ayant dû être abandonnés, car il était impossible de les secourir», énumère l’organisation basée à Genève. «Face aux nouveaux ordres d’évacuation et à la violence des hostilités, les gens fuient sans savoir exactement quelles zones sont considérées comme sûres, et beaucoup n’ont nulle part où aller.
Nombre d’entre eux sont partis en laissant leur tente et tous leurs biens. Par ailleurs, l’approvisionnement en vivres et en eau potable s’amenuise. Les structures médicales, dont l’hôpital de campagne de la Croix-Rouge à Rafah, répondent désormais également aux situations d’urgence impliquant un afflux massif de blessés», décrit le CICR.
L’ONG prévient que «le contact a été rompu avec des techniciens urgentistes du Croissant-Rouge palestinien et leur sort n’a toujours pas été élucidé». «La semaine dernière, des travailleurs humanitaires ont été tués et blessés à Ghaza», rappelle encore l’organisation internationale.
«7% des habitants de Ghaza ont été tués ou blessés»
Le docteur Mounir Al Borsh, directeur général de la santé dans la bande de Ghaza, a déclaré, dans une interview accordée lundi soir à Al Jazeera Mubasher, que «les martyrs et les blessés représentent 7% de la population de Ghaza».
«Le nombre de victimes de l’agression a dépassé 50 000 martyrs, dont 30% sont des enfants, dont le nombre dépasse 15 000», a indiqué le Dr Al Borsh, ajoutant que le nombre de blessés recensés depuis le 7 octobre 2023 s’élève, quant à lui, à «113 000, dont 14 000 enfants».
En réponse à ceux qui mettent en doute le nombre de victimes publié quotidiennement par ses services, le Dr Mounir Al Borsh rétorque : «Chaque martyr et chaque blessé a son histoire et son propre récit qui prouve la véracité de l’information.» «Aujourd’hui (lundi, ndlr), nous avons publié les noms de tous les martyrs et avons établi des listes détaillées des morts et de blessés» a-t-il souligné.
Les chiffres dressant chaque jour le bilan des frappes israéliennes sont le résultat d’une «enquête rigoureuse» soutient le responsable palestinien. «Le nombre de martyrs est mis en évidence par le ministère de la Santé à travers un système de calcul précis» insiste-t-il.
Dénonçant les attaques qui ciblent les hôpitaux, le Dr Al Borsh s’insurge : «Le ciblage du service chirurgical du complexe médical Al Nasser dans le sud de Ghaza (…) est un nouveau crime commis par l’occupation israélienne qui a conduit au martyre de deux blessés, dont un jeune homme d’une vingtaine d’années qui avait été opéré 24 heures avant le bombardement par un médecin d’origine américaine.» «L’occupant persiste à tuer les blessés dans les hôpitaux», appuie-t-il.
Israël «ne se contente pas d’arrêter le personnel de santé, il le prend directement pour cible». Le même responsable médical accuse, par ailleurs, l’entité sioniste d’avoir «empêché le départ de 12 500 blessés à l’étranger pour recevoir des soins». «Ils ont besoin d’être soignés de toute urgence», clame-t-il.
Selon un bilan actualisé rendu public hier par les autorités sanitaires palestiniennes à Ghaza, la guerre d’agression israélienne a fait 792 morts et 1663 blessés depuis le 18 mars, soit depuis la rupture de la trêve de façon unilatérale par Israël. Il a été enregistré 62 morts et 296 blessés en 24 heures, entre lundi et mardi, indique la même source.