L’affaire confiée au pôle antiterroriste du tribunal de Sidi M’Hamed : Nouvelles charges contre Saïd Bouteflika

10/05/2022 mis à jour: 04:40
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Photo : H. Lyès/Archives

Après son audition par le juge d’instruction, Saïd Bouteflika a été inculpé et placé sous mandat de dépôt pour «financement occulte de campagne électorale», mais surtout «financement du terrorisme». Sa défense a fait appel contre cette décision devant la chambre d’accusation, mais elle a été déboutée. 

Poursuivi pour «financement» de la chaîne Amel TV, appartenant au journaliste et ancien officier du DRS Aboud Hichem, déclarée par les autorités comme faisant partie d’une «organisation terroriste», Saïd Bouteflika, frère du défunt Président déchu, a fait l’objet d’une mise sous mandat de dépôt, ordonné par le magistrat instructeur du pôle pénal près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Deux hommes d’affaires, Ahmed Mazouz et Mahieddine Tahkout, sont également mis en cause dans cette troublante affaire.

Alors que son procès devant le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, avec Ali Haddad, patron du groupe ERHB, pour «financement occulte» de la chaîne de télévision Al Istimraria et dans lequel l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, comparaît comme témoin, en tant que directeur de la campagne électorale présidentielle pour un 5e mandat du défunt candidat Abdelaziz Bouteflika, a été renvoyé, hier, au 23 mai, et son procès en appel lié à l’annulation des mandats d’arrêt internationaux contre Chakib Khelil est programmé pour le 15 mai, Saïd Bouteflika, frère conseiller du défunt président déchu, est depuis quelques semaines sous le coup de nouvelles inculpations, qui lui ont valu la mise sous mandat de dépôt, apprend-on de sources judiciaires.

Il s’agit d’une autre troublante affaire confiée de surcroît au pôle antiterroriste près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Selon nos sources, les faits concernent le «financement» de la chaîne de télévision privée Amel TV, appartenant à l’ancien officier du DRS Aboud Hichem, installé en France et porté depuis moins d’une année, par les autorités algériennes, sur la liste des «personnes et organisations terroristes» en raison de ses présumés liens avec le mouvement Rachad, lui-même également considéré comme étant une organisation terroriste.

Nos interlocuteurs précisent, en outre, que le magistrat instructeur aurait basé son enquête sur des fonds qui auraient été versés, «avec l’accord de Saïd Bouteflika», souligne-t-on, à Aboud Hicham pour financer la chaîne de télévision Amel TV, dont il est propriétaire et PDG, et l’utiliser comme support médiatique de la campagne électorale présidentielle du défunt président déchu, d’avril 2019, pour un 5e mandat.

Après son audition par le juge d’instruction, ajoutent nos sources, Saïd Bouteflika a été inculpé et placé sous mandat de dépôt pour «financement occulte de campagne électorale», mais surtout, c’est ce qui est grave, «financement du terrorisme». Sa défense a fait appel contre cette décision devant la chambre d’accusation, mais elle a été déboutée.

Interrogations

Dans le dossier, affirment nos sources, deux hommes d’affaires ont été également inculpés. Il s’agit de Mahieddine Tahkout, patron du groupe Cima-Motors, condamné définitivement à une peine 14 ans de prison ferme assortie de lourdes sanctions pécuniaires pour des affaires de corruption, et Ahmed Mazouz, concessionnaire automobile, gérant et propriétaire du groupe GM Trade qui avait écopé d’une peine (définitive) de 4 ans de prison ferme  pour des faits liés à l’obtention d’«indus avantages» dans le cadre des activités du montage automobile.

L’enquête judiciaire est toujours en cours et rien n’indique qu’elle restera à ce niveau dans les prochains jours, surtout qu’elle a été confiée au pôle antiterroriste près le tribunal de Sidi M’hamed.

Nos interlocuteurs soulignent, par ailleurs, que le principal mis en cause dans ce dossier est Aboud Hichem qui, faut-il le rappeler, a déjà fait l’objet, en mars 2021, d’un mandat d’arrêt international dans le cadre de l’affaire du financement du mouvement Rachad, impliquant également Mohamed Larbi Zitout, un de ses dirigeants, Amir Boukhors et Mohamed Abdellah (expulsé d’Espagne).

Pour bon nombre d’observateurs, du point de vue droit, l’affaire suscite de nombreuses interrogations. En effet, de part ses présumées «connexions» avec le mouvement Rachad, considéré par les autorités algériennes comme une organisation terroriste, Aboud Hichem a été classé sur la liste des terroristes et, de ce fait, fait l’objet de poursuites judiciaires en tant que tel, depuis la publication de cette liste, il y a moins d’une année.

La chaîne Amel TV, qu’il a fondée et dirigée, n’existe plus depuis plus de deux ans et les faits pour lesquels il a été inculpé remontent à la fin 2018 et le début de 2019, soit plus de deux ans.

En outre, il est important de  préciser que cette affaire intervient alors que Saïd Bouteflika devrait comparaître le 23 mai, avec Ali Haddad, pour l’affaire du financement de la chaîne de télévision Al Istimraria. 

Il devrait aussi être jugé en appel avec l’ancien ministre de la Justice, Tayeb Louh, le 15 mai pour être «intervenu» dans l’annulation des mandats d’arrêt internationaux lancés, en 2013, contre Chakib Khelil, ancien ministre de l’Energie, son épouse et ses deux enfants.

Des faits pour lesquels il a écopé d’une peine de 2 ans de prison ferme, alors que le parquet avait requis une condamnation de 7 ans de prison. Après l’appel introduit par le représentant du ministère public et par la défense, l’affaire est revenue pour être rejugée une seconde fois  par la chambre criminelle, près la cour d’Alger. 

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