La trêve entre la résistance palestinienne et Israël prolongée : Une paix fragile à Ghaza

28/11/2023 mis à jour: 07:17
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Photo : D. R.

Sur le plan humanitaire, les aides continuaient, hier, à se frayer difficilement un chemin  vers le nord de l’enclave, pourtant le plus affecté par plus de 50 jours de bombardements intensifs. Le carburant, les médicaments et équipements médicaux, la nourriture et l’eau manquent toujours, alors que des pluies sont venues compliquer la situation sur le terrain.

Le ministère des Affaires étrangères qatari a annoncé, hier en fin de journée, la prolongation de la trêve humanitaire à Ghaza de deux jours supplémentaires. Le mouvement Hamas lui a emboité le pas en annonçant, dans la foulée, la reconduction de l’accord initial, dans les mêmes termes, pour 48 heures additionnels.

L’accord en question prévoit la libération d’un prisonnier contre trois détenus palestiniens dans les prisons israéliennes et l’acheminement d’aides humanitaires pour l’enclave via le passage frontière de Rafah.

L’accord était dans l’air toute la journée d’hier. Tel-Aviv, tout en réitérant que les objectifs de la guerre restaient inchangés, à savoir «éliminer le Hamas, s’assurer que la Bande de Ghaza ne constitue plus une menace pour Israël (…)», a fait savoir qu’il était prêt à envisager une prolongation de la trêve. «Nous voulons recevoir 50 otages au-delà de cette nuit», a fait savoir, hier, le porte-parole du gouvernement israélien à l’AFP, Eylon Levy.

La veille, le cabinet de guerre du gouvernement Netanyahu a dû trancher la question durant une séance houleuse qui a vu les partisans de la poursuite de la guerre céder à l’impératif imposé par le front interne de donner toutes ses chances à la libération d’un nombre supplémentaire de prisonniers israéliens détenus par la résistance palestinienne.

Sur le plan international, la pression s’est, par ailleurs, accentuée sur Tel-Aviv pour l’amener à favoriser une extension de la trêve. Joe Biden, le président américain, a déclaré, avant-hier, vouloir voir durer la suspension des hostilités. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, a appelé, hier à son tour, à la prolongation de la trêve, en vue de travailler sur une «solution politique» au conflit, de même que plusieurs chefs d’Etat européens.

Le Qatar, acteur majeur dans le contexte, souhaite également travailler sur la base de la trêve actuelle pour engager des discussions sur une issue politique. Jusqu’ici, excepté les couacs et le raidissement des positions qui ont marqué le deuxième jour de la trêve, la libération des prisonniers côté Hamas et côté israélien s’est globalement déroulée selon les termes convenus entre les deux parties.

Sur les nerfs, l’armée et la police israéliennes ont tout de même multiplié les descentes dans les quartiers et les foyers des détenus libérés pour faire respecter par les armes l’interdiction de toute forme de liesse. Peine perdue puisque dans de nombreux cas, des manifestations ont bien pu célébrer l’arrivée des prisonniers. Avant-hier, les brigades Al Qassam se sont, quant à elles, offert une véritable parade sur une place au centre de Ghaza, en remettant les otages entre les mains des agents du Comité international de la Croix- Rouge (CICR).

Le choix des lieux, censément «traités» par l’armée israélienne lors de son opération terrestre, répond manifestement à la volonté de signifier que la résistance reste encore en possession de ses moyens, après plus de 50 jours de bombardements et de traque meurtrière. Hier en début de soirée, devait intervenir la libération du quatrième groupe de prisonniers. 11 prisonniers israéliens, des binationaux en majorité, et 33 détenus palestiniens sont concernés.

Sur le plan humanitaire, les aides continuaient, hier, à se frayer difficilement un chemin  vers le nord de l’enclave, pourtant le plus affecté, par plus de 50 jours de bombardements intensifs. Le carburant, les médicaments et équipements médicaux, la nourriture et l’eau manquent toujours, alors que des pluies sont venues compliquer la situation sur le terrain. Selon le dernier décompte de l’ONU, moins de 300 camions chargés de denrées ont pu traverser le passage frontière de Rafah depuis quatre jours.

Trop peu estime-t-on, tant les besoins sont beaucoup plus  importants et pressants. Les mesures de contrôle ont été drastiquement renforcées sur le poste, alors que les capacités logistiques de passage journalières sont estimées à près de 135 camions. Des ONG ont exigé l’ouverture d’autres voix de passage pour augmenter le flux, mais les autorités israéliennes restent braquées sur des restrictions qui maintiennent les livraisons à des seuils sans réel impact sur l’énorme demande sur le territoire.

Selon les estimations de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), il faudrait assurer des acheminements plus conséquents durant plus de deux mois sans discontinuer pour pouvoir arriver à des niveaux de couverture humanitaire satisfaisants.

Dans les hôpitaux sinistrés de Ghaza City, à l’image de l’emblématique complexe médical d’Al Shifa, les séquelles de la dernière opération militaire des troupes israéliennes restent visibles et compromettent les possibilités de relance des prestations médicales sur place.

Le directeur des hôpitaux a lancé, hier, un appel pressant en direction des personnels soignants pour leur demander de rejoindre rapidement ce qui reste de l’infrastructure et se préparer à reprendre l’activité avec les moyens du bord.

Enfin, la pression sur la ressource hydrique reste entière. Un élu municipal a fait savoir, hier, que près de 50% des forages dans ce Nord transformé en terrain de guerre ont été mis hors d’état d’exploitation par les bombardements ainsi que de nombreuses stations de pompage.

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