Le retour des pluies ces derniers jours n’a pas produit l’effet que beaucoup attendaient sur les rendements agricoles.
C’est le constat auquel est parvenu le secrétaire général de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Abdelatif Dilmi, joint dimanche dernier par téléphone. «J’ai appelé pour m’enquérir de la situation dans les régions. Les informations qui me sont parvenues des Hauts-Plateaux et de la steppe ne sont pas satisfaisantes. A l’Ouest aussi ce n’est pas rassurant, malgré les dernières précipitations», nous affirme-t-il. Et de poursuivre : «On a demandé aux autorités d’intervenir pour aider les agriculteurs qui sont dans une mauvaise passe.»
Le secrétaire général de l’UNPA a annoncé ainsi qu’il a tenu «une première réunion aujourd’hui (dimanche, ndlr) avec les autorités afin de dégager des solutions» à un secteur visiblement sinistré. «Nous avons été rassurés. Le gouvernement, a-t-il ajouté, est en train de se pencher sur la situation qu’il qualifie de catastrophe naturelle. Les paysans ont vraiment besoin d’aide en urgence. La récolte n’est pas au rendez-vous à cause, notamment, de la faible pluviométrie. C’est la sécheresse. Des commissions d’évaluation seront mises sur pied afin d’évaluer le degré des dégâts dans les différentes régions du pays, hormis le Grand Sud qui, lui, est irrigué régulièrement.» Le représentant des paysans de l’UNPA exprime ainsi le désarroi des agriculteurs dont l’inquiétude est immense.
La très faible pluviométrie menace ainsi sérieusement la production de la saison agricole, notamment la céréaliculture. Des observateurs avertis ont déjà tiré la sonnette d’alarme il y a quelques mois déjà. Et le ministère de l’Agriculture semble, lui aussi, avoir pris les devants en ce temps-là puisque consigne a été donnée aux agriculteurs d’entamer «l’irrigation d’appoint» déjà en mars dernier. La saison est-elle pour autant compromise ?
Interrogé, Ali Daoudi, expert en agriculture, considère, pour sa part, que «globalement, la saison est fortement compromise malgré les précipitations enregistrées ces derniers jours. De mon point de vue, la sécheresse qui sévit est irréversible. La céréaliculture est sensiblement impactée». A l’est du pays, l’apparition du phénomène de «la gelée tardive» vient contrarier les derniers espoirs d’un rendement notable. A. Daoudi évoque ainsi «un accident climatique» qui est intervenu en période de floraison du plant. Même si le sinistre reste à déterminer, en l’absence d’une évaluation rigoureuse de l’étendue des dégâts enregistrés, le SG de l’UNPA plaide en tout cas pour une intervention directe de l’Etat afin de venir au secours des agriculteurs.
Y a-t-il un rôle à jouer pour le secteur des assurances ? Les pertes doivent être importantes. Si la question semble retenir l’attention de professionnels du secteur, il n’en demeure pas moins que la marge de manœuvre en la matière reste très étroite. Et pour cause. Le secteur n’a pas encore développé tous les outils susceptibles d’alléger la facture du sinistre. En fait, beaucoup reste à faire, affirment les acteurs des assurances comme les experts de l’agriculture.
Selon A. Daoudi, «c’est à l’Etat d’intervenir vu l’immensité de la catastrophe climatique». Par ailleurs, il plaide la mise en place d’un système d’assurance à «penser dans sa globalité», où l’Etat doit obliger ou inciter les agriculteurs à souscrire des contrats d’assurance et en même temps à changer leurs pratiques agricoles compte tenu des risques climatiques. Car hormis les objectifs de production dans la céréaliculture, qui ne seront donc pas atteints cette saison, le risque pèse aussi, faut-il le noter, sur la filière élevage et l’arboriculture.
Le DG de la CNMA, C. Benhabyles, considère, lui, qu’«il est temps d’impliquer les compagnies d’assurance». Selon lui, le marché de l’assurance pèse à peu près 1,1 milliard de dollars. Mais cela reste évidemment «très faible» par rapport aux potentialités du marché. «Le Forum sur l’assurance agricole arrive à point nommé. Nous allons proposer des produits à même de prendre en charge les problèmes que rencontrent les agriculteurs. Le potentiel existe, il faut que l’ensemble des acteurs puissent apporter leur contribution au développement de ce secteur. L’assurance reste certes tributaire de l’économie. Il faut rendre l’assurance obligatoire pour aider les agriculteurs à faire face aux aléas climatiques», a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : «La CNMA est un acteur important du secteur, elle a un statut particulier. Nous sommes leader dans le secteur agricole. Sa part de marché s’élève à 12% tandis que son chiffre d’affaires est de 14 milliards de dinars. Nous suivons l’actualité des conditions climatiques. Nous avons des produits financiers comme la CAT-NAT. La CNMA a toujours plaidé l’intégration de la sécheresse dans le cadre du dispositif de la CAT-NAT. Mais la sécheresse n’est pas un produit assurable pour l’instant. L’assurance contre le risque climatique doit être obligatoire. Il est temps d’impliquer les compagnies d’assurance…»
La plateforme numérique de l’ODAS ouverte jusqu’au 4 juin
La plateforme numérique de l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS) est ouverte et restera accessible jusqu’au 4 juin prochain, indique le ministère de l’Agriculture et du Développement rural dans un communiqué. Cette plateforme demeure ouverte, pour une durée de 21 jours, aux investisseurs intéressés par l’investissement agricole stratégique dans les wilayas du Sud, à travers la mise en valeur des terres, précise la même source. Le ministère a appelé «les investisseurs intéressés à participer efficacement à travers la soumission de candidatures en vue de contribuer au développement des filières stratégiques sur lesquelles mise l’Etat dans la préservation de la sécurité alimentaire». Pour plus amples informations, le ministère a mis à la disposition des investisseurs le lien : «https://odas.madr.gov.dz».