En sanctionnant lourdement le député Sebastien Delogu du groupe LFI, dirigé par Jean-Luc Mélenchon, pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l’hémicycle, le Parlement français se range une nouvelle fois derrière Israël et son puissant lobby sioniste, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France).
Ce dernier, depuis des décennies, a infiltré pratiquement l’ensemble de la société politique et civile française, dont le Parlement français est censé refléter toutes les sensibilités politiques et idéologiques du pays. La présidente de cette institution, Yaël Braun-Pivet, avait revêtu à Tel-Aviv, après le 7 octobre, la tenue militaire de l’armée israélienne pour signifier le soutien «inconditionnel» du Parlement français au gouvernement de Netanyahu, dans le sillage du gouvernement français et de pratiquement toute la classe politique et des médias.
Même l’incroyable bilan de 36 000 morts et de 70 000 blessés à Ghaza n’a pas été de nature à infléchir l’alignement pro-israélien inconditionnel français contre lequel ont réussi à se lever courageusement des groupes d’étudiants (en dépit de sanctions et menaces des autorités françaises) et, bien sûr, des partis de gauche et surtout d’extrême gauche, dont le plus emblématique est le groupe LFI avec les admirables Jean-Luc Mélenchon, Mathilde Panot, Rima Hassan, Manuel Bompart, Louis Boyard et bien d’autres.
Le député européen Aymeric Caron est sur tous les fronts médiatiques. Il a diffusé un film sur la tragédie de Ghaza à l’Assemblée nationale française, intoxiquée il y a quelques mois par un film de propagande israélienne sur le 7 octobre. Peu de députés y ont assisté, de peur d’être confrontés à la terrible réalité du génocide israélien à Ghaza. Le groupe LFI, qui résiste à toutes les intimidations et menaces, incarne les réelles valeurs de la gauche française produites par des hommes illustres, Jaurès, Dreyfus et Jean-Paul Sartre. Pris en otage par le lobby sioniste, le pouvoir actuel français n’a pas eu l’audace politique de l’Espagne, de l’Irlande et de la Norvège de reconnaître officiellement l’Etat de Palestine. Même le général de Gaulle, pourtant de droite, avait eu une position juste sur la question palestinienne, tant il avait compris la nature guerrière et fascisante de l’Etat d’Israël après la guerre d’Octobre 1967.
Malgré la chape de plomb, des personnalités courageuses arrivent à rompre le silence, à l’image de Dominique de Villepin, dont on se souvient qu’en 2003 il avait tenu tête à Colin Powell qui, toute honte bue, avait brandi aux Nations unies une fiole remplie d’eau la faisant passer pour un produit chimique destructeur du régime Saddam Hussein. Après le 7 octobre, il n’a pas hurlé avec les loups, faisant apparaître la nature coloniale d’Israël et son mépris du droit international, qui doit être la seule référence dans la compréhension et le traitement de la question palestinienne.
Les sionistes français lâchèrent contre lui les médias qu’ils possèdent ou qu’ils contrôlent financièrement, plus particulièrement les chaînes télévisées CNews, BFM, LCI et autres de seconde zone. Elles mobilisèrent, et mobilisent toujours, leurs journalistes, des éditorialistes et experts en tous genres pour relayer la propagande du gouvernement israélien, décrédibiliser la résistance palestinienne, faire d’Israël la victime et délégitimer le mouvement mondial de soutien à la Palestine. Un matraquage permanent de désinformation et de manipulation des faits pour voiler la réalité du génocide de la population de Ghaza. Sont cachées, à peine montrées les images ou minimisés les massacres incessants des populations ghazaouies, les ravages causés par les bombes larguées sans discontinuer sur les enfants et les femmes, la détresse humanitaire et la disparition quasi totale du cadre de vie de Ghaza.
Comme la classe politique, la presse française a perdu son âme dans son souci insensé de défense de l’Etat d’Israël condamné pourtant par tous les peuples du monde et mis au banc des accusés par la justice internationale. La France piétine elle-même son précieux trésor qui est la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Cependant, malgré toute l’adversité, des hommes et des femmes tentent vaillamment de préserver cet acquis historique. Ils sont de la gauche politique et de la société civile à visage humain et à l’esprit démocratique.