La célébration de la Journée de la terre se déroule dans un contexte de guerre génocidaire : Poursuite de la colonisation en Cisjordanie

31/03/2024 mis à jour: 01:30
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Photo : D. R.

En ce 30 mars, marquant la commémoration de la Journée de la Terre, ou de la Nakba, des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des raids, exécutés froidement par des tirs d’armes de guerre, écrasés par des chars ou arrêtés sommairement et transférés vers des lieux inconnus.

La date du 30 mars, dédiée à la Terre, faut-il le rappeler, marque l’assassinat, le 30 mars 1975, de six Palestiniens lors d’un affrontement entre Palestiniens et armée d’occupation israélienne qui avait blessé plus d’une centaine de manifestants et arrêté autant d’autres, lors de manifestations de colère organisées dans plusieurs villes israéliennes de la Galilée au Néguev.

Accompagnées d’une grève générale, ces manifestations avaient été organisées à la suite de l’annonce du gouvernement israélien de la confiscation de plus de 2000 hectares de terres palestiniennes, entre les villages arabes de Sakhin et d’Arraba en Israël. Le 30 mars est alors institué comme Journée de la Terre, devenue un symbole de l’attachement des Palestiniens à leur terre mais aussi la commémoration de la Nakba.

47 ans plus tard, la politique israélienne d’annexion a réduit drastiquement les surfaces appartenant aux Palestiniens. Dans son rapport d’il y a quelques jours seulement, Volker Türk, le haut commissaire des droits de l’homme (HCDH) de l’Onu, a mis en garde contre «l’accélération radicale de la construction de colonies, par l’entité sioniste, en Cisjordanie», qui, selon lui, «exacerbe des schémas d’oppression, de violence et de discrimination de longue date contre la population palestinienne», précisant que le plan «de construction de 3476 logements supplémentaires pour les colons à Maale Adumim, Efrat et Kedar va à l’encontre du droit international».

Dans son rapport adressé au Conseil des droits de l’homme, le responsable onusien a écrit que «l’établissement et l’expansion continue des colonies équivalent au transfert par Israël de sa propre population civile dans les territoires qu’il occupe, ce qui constitue un crime de guerre au regard du droit international». Türk a révélé que «la taille des colonies de peuplement israéliennes existantes a considérablement augmenté.

La construction d’environ 24 300 unités de logement a été lancée dans les colonies israéliennes existantes en Cisjordanie durant cette période, ce qui représente le nombre le plus élevé jamais enregistré depuis le début de la surveillance en 2017. Ce chiffre comprend environ 9670 logements à Jérusalem-Est».

Son rapport a souligné par ailleurs que «les politiques de l’actuel gouvernement israélien semblent s’aligner, plus que jamais auparavant, sur les objectifs du mouvement des colons israéliens visant à étendre le contrôle à long terme sur la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et à intégrer progressivement ce territoire occupé dans l’Etat d’Israël. Elles vont également à l’encontre de l’opinion de nombreux Etats exposée lors des audiences qui se sont tenues à la Cour internationale de justice».

«Des niveaux record choquants de la violence des colons»

Le rapport faisait en réalité référence aux audiences de la CIJ consacrées, au mois de février dernier, à l’examen des conséquences juridiques des politiques et pratiques israéliennes dans le Territoire palestinien occupé.

Dans son rapport, le haut commissaire a estimé, en outre, que «l’établissement et l’expansion continue des colonies de peuplement israéliennes illégales s’accompagnent du déplacement de Palestiniens, qui est causé par la violence des colons israéliens et de l’Etat, ainsi que par des expulsions forcées, la non-délivrance de permis de construire, des démolitions de logements et des restrictions de circulation pour les Palestiniens.

La Cisjordanie est déjà en situation de crise. Pourtant, la violence des colons et les violations liées aux colonies ont atteint de nouveaux niveaux record choquants et risquent d’éliminer toute possibilité pratique d’établir un Etat palestinien viable (…).

L’augmentation spectaculaire de l’intensité, de la gravité et de la régularité des violences commises par les colons israéliens et l’Etat à l’égard des Palestiniens en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, en particulier depuis le 7 octobre 2023, a pour effet d’accélérer le déplacement des Palestiniens de leurs terres».

Selon le responsable, les derniers chiffres de l’Onu font état de 603 attaques de colons perpétrées contre des Palestiniens depuis le 7 octobre et un total de 1222 Palestiniens issus de 19 communautés d’éleveurs déplacés en conséquence directe de la violence des colons.

Depuis le 7 octobre, a révélé le responsable, 9 Palestiniens ont été tués par des colons à l’aide d’armes à feu, alors que 396 Palestiniens ont été tués par les forces de sécurité israéliennes et 2 autres par les forces de sécurité israéliennes ou par des colons.

Depuis le 7 octobre, 592 personnes, dont 282 enfants, ont été déplacées en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, après que leurs logements ont été démolis en raison de l’absence de permis de construire délivrés par Israël, qui sont presque impossibles à obtenir. Il a également recensé «des dizaines de cas de colons portant l’uniforme complet ou une partie de l’uniforme de l’armée israélienne et équipés de fusils de l’armée, harcelant et attaquant des Palestiniens.

Ces événements ont brouillé la frontière entre la violence des colons et la violence de l’Etat, y compris celle exercée avec l’intention déclarée de transférer de force les Palestiniens hors de leurs terres. Les actions d’Israël contre la population palestinienne doivent cesser immédiatement.

La seule façon d’avancer est de trouver une solution politique viable permettant enfin de mettre un terme à l’occupation, d’établir un Etat palestinien indépendant et de garantir la réalisation des droits fondamentaux du peuple palestinien». Un rapport accablant qui n’a pas pour autant fait fléchir l’entité sioniste.

Rapporteur spécial de l’Onu sur la situation des droits de l’homme dans les Territoires palestiniens occupés, Michael Lynk, a reproché, le 25 mars, à la communauté internationale d’avoir permis à l’entité sioniste l’instauration, pendant des décennies d’occupation, d’un système politique, qualifié d’«apartheid», avant d’exiger d’Israël d’exécuter les résolutions de l’ONU, les décisions de la CJI qui lui imposent d’arrêter ses opérations assassines à Ghaza et en Cisjordanie, où colons et soldats tuent chaque jour, pendant que tous les yeux sont tournés vers Ghaza.

Plus de 700 000 colons vivant illégalement en Cisjordanie

Le 26 mars, Tor Wennesland, coordinateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, a rappelé que «toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et demeurent un obstacle substantiel à la paix», et souligné que «les projets israéliens de construction de logements, dans le cadre du plan dit E1, couperaient le lien entre le nord et le sud de la Cisjordanie, ce qui compromettrait considérablement les chances d’établir un Etat palestinien viable et contigu dans le cadre d’une solution négociée à deux Etats».

Il a exprimé son regret devant «la poursuite des activités de colonisation en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, où la violence est toujours à un niveau alarmant». Il s’est également dit consterné par l’ampleur des pertes et destructions à Ghaza causées par la campagne militaire israélienne.

Rien ne peut justifier le châtiment collectif des Palestiniens, a-t-il tranché, avant de se déclarer «extrêmement préoccupé par le déplacement de plus d’un million de personnes déjà déplacées en cas d’offensive militaire prévue à Rafah.  Selon lui, «4780 unités de logement ont été approuvées dans la zone C de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est sur la période allant du 8 décembre au 18 mars, nonobstant la résolution 2334 (2016).

Les démolitions de propriétés palestiniennes se sont également poursuivies, causant le déplacement de 314 personnes, dont 137 enfants». La violence en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, est toujours d’un niveau alarmant, a-t-il noté, en précisant que 159 Palestiniens, dont 2 femmes et 43 enfants, y ont été tués par les forces israéliennes.

A Ghaza, a poursuivi le coordonnateur spécial, l’impact humanitaire des hostilités a été cataclysmique et s’aggrave de jour en jour. Une semaine auparavant, le ministre des Finances, de l’extrême droite israélienne, Bezalel Smotrich, avait annoncé la confiscation de 800 hectares de terres en Cisjordanie.

«Alors que certains en Israël et dans le monde cherchent à nier notre droit sur la Judée-Samarie (...), nous encourageons la colonisation avec force travail et d’une manière stratégique dans tout le pays», avait déclaré Bezalel Smotrich.

S’exprimant sur des médias français, l’ONG palestinienne de défense des droits de l’homme, B’Tselem, a affirmé que «près de 90% de la région de la vallée du Jourdain» se trouvent dans la zone C de la Cisjordanie, restée sous le contrôle sécuritaire et administratif exclusif d’Israël après l’Accord d’Oslo II de 1995.

«La décision de saisir une partie de ce territoire montre que le gouvernement Netanyahu a l’intention de poursuivre la construction de colonies, malgré le concert de condamnations internationales.» Vers la fin du mois de février dernier, Israël a annexé 300 autres hectares en Cisjordanie occupée.

Pourtant, le Conseil de sécurité de l’Onu a ordonné, à travers une résolution, de «cesser immédiatement et complètement toutes activités de peuplement dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est», en avertissant qu’il ne reconnaîtra «aucune modification aux frontières du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, autres que celles convenues par les parties par la voie de négociations».

En 2023, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a fait état de 700 000 colons israéliens vivant illégalement en Cisjordanie occupée.

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