En sillonnant la grande artère de la côte littorale ouest de la wilaya d’Alger, plus précisément le front de mer Emir Khaled (ex-boulevard Pitolet), le quidam est invité à admirer l’ouvrage qui serpente notamment les communes de Bologhine et Raïs Hamidou, depuis le lieu-dit les Isolés en passant par la rampe ex-Magenta, tant le long des remparts, conquis en grande partie sur la mer, nous édifient sur le travail de sape en matière de génie civil qui date de la fin du XIXe siècle.
Cette muraille, en guise de voile réalisée en pierre bleue, sur une distance de 3500 m, ses barbacanes, son parapet et ses tablettes en grès demeure un chef-d’œuvre urbain. Un travail de bénédictin qui, malheureusement, de nos jours, fait tant défaut à nos entreprises peu enclines à la belle ouvrage, surtout lorsqu’il s’agit de remplacer par endroits des pans de balustres «soufflés» par des chauffards : l’opération reste aussi laide que viciée.
Aussi, ce qui frappe le commun des promeneurs de ce parcours en promontoire sur la côte turquoise, c’est cette couleur des balustres, peinturlurées en noir, alors qu’autrefois le ton épousait le fond marin, autrement dit, le vert émeraude, selon les anciens pensionnaires de Bologhine. A croire que nos «bien pensants» aient décidé de composer avec cette strophe musicale qu’on écoutait dans les sixties : «Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir (…)».
Il n’est pas superflu de rappeler que le projet d’aménagement du fond des remparts qui longe ce tronçon de la côte littorale ouest algérois a été confié par la DTP au groupe Arab Contractor qui s’était attelé à renforcer, en 2009-2010, le soubassement et colmater les brèches. Le maître d’œuvre avait, l’on se souvient, confié de menus travaux à des sous-traitants, comme la remise à neuf des tablettes en pierre de taille couronnant les garde-fous.
On ne manque pas certes d’intelligence d’occuper nos petites entreprises, mais que l’on nous bazarde du vulgaire mortier maquillé pour remplacer le noble matériau – un type de roche, en l’occurrence le grès – sur un ouvrage d’art qui plus est centenaire, cela se résume à de l’arnaque !
Et pour donner bonne impression, l’on vient de le badigeonner avec une couleur rose bonbon ! Et passe des malfaçons qui donnent le haut-le-cœur, mais cela ne semble le moins du monde mettre dans l’embarras ni l’outrecuidant maître d’œuvre ni le passif maître d’ouvrage qui semble passer l’éponge sur le travail grossier !
Il n’est pas inutile non plus de souligner que ces tablettes en grès gisent en contrebas des lieux dits l’Olivier, les Deux-Chameaux, TPLG…, sinon arrachées lors des travaux d’aménagement des plages Rmila et El Kettani, sans que les entreprises se donnent la peine de les récupérer. Une question dès lors se pose et s’impose : y aurait-il des équipes spécialisées qui contrôlent le travail, selon le cahier des charges avant la réception des ouvrages ?