Instantané : L’informel ou le mythe de Sisyphe

17/10/2023 mis à jour: 00:48
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On ne l’aura jamais assez ressassé sur tous les modes et tous les tons que les dizaines de marchés informels qui occupent la voie publique, à travers la capitale, sont devenus un véritable souffre-douleur des autorités locales qui, à chaque occasion, annoncent trouver la parade pour éradiquer ce négoce de la rue.

Mais l’inertie criante continue à favoriser les espaces qu’occupe cette activité commerciale qu’on nomme par fausse pudibonderie «l’informel». Une pratique qui non seulement échappe à la vigilance du Trésor public, mais dérange le commerce réglementé, sans compter les désagréments causés aux piétons, riverains et pensionnaires de boutiques qui s’acquittent des charges locatives et autres contributions.

Le comble de l’absurde est que certains de nos édiles prennent la peine de débarrasser une rue de squatters comme la rue Ahmed Bouzrina (ex-La Lyre) ou le lieudit Zoudj Ayoun pour ensuite laisser de nouveaux conquérants accaparer ces lieux mêmes. On libère une place publique des petits nababs, avant de fermer de nouveau les yeux sur des étalagistes postés en enfilade le long d’une autre artère qui, à la longue, devient par la force de l’usage commercial piétonne.

On laisse faire ou on fait mine de ne rien voir avant de réagir par une opération coups-de-poing. Une riposte qui, dit-on, par ailleurs, limite les débordements et dépassements. Une politique qui préfère gérer la chose publique, comme on ménage le chou et la chèvre : fermer l’œil sur l’anarchie qui règne et intervenir de temps à autre sur la scène, histoire de résorber la grogne des commerçants et du voisinage.

Certains maires se réfugient dans la récurrente réponse qui se résume dans «le gagne-pain du pauvre hère» et dans l’argument brandi «anarchie dans la rue que les larcins commis et agressions.» L’on ne comprend pas, parfois, les pouvoirs publics qui s’échinent à réaliser des marchés couverts à coups de milliards pour les laisser moisir.

Le marché Ali Amar ne semble trouver que peu de locataires, nombre de ses carreaux sont abandonnés, on préfère activer dans les abords pour mieux «racoler» les chalands. «Tout usage finit par se changer en abus», disait à juste titre Jean Dutourd.

Le hic est que le quidam ne peut ne pas remarquer l’attitude de défi que manifestent les squatters de rue envers les patrouilles de la tunique bleue. Cette dernière, en se prêtant à une telle besogne, semble en avoir marre de jouer au chat et à la souris : la traque des petits nababs dans le marché alentour des Trois-Horloges en est un illustre exemple. Parfois, on préfère les ménager et les prier tout juste de céder le passage…

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