Déférés devant le CSM (Conseil supérieur de la magistrature), qui les a révoqués, cinq magistrats comparaîtront demain devant le tribunal de Bouira, pour corruption. L’affaire intervient quelques semaines après l’arrestation d’un magistrat, président de la chambre pénale près la cour de Tipasa. Depuis près d’un mois, de nombreux magistrats ont fait l’objet de sanctions et de poursuites judiciaires.
Cinq magistrats de la cour de M’sila, dont un procureur général adjoint, un président de tribunal, un procureur adjoint et deux juges de siège, sont appelés à comparaître demain devant le tribunal de Bouira, pour une prétendue affaire de corruption.
Après avoir été suspendus de leurs postes pour de présumés faits liés à la corruption, puis déférés devant le CSM (Conseil supérieur de la magistrature), réuni en session disciplinaire, ces magistrats ont fait l’objet d’une radiation du corps de la magistrature et d’un renvoi devant le tribunal de Bouira.
Ce procès intervient quelques jours seulement après l’arrestation du vice-président de la cour de Tipasa qui préside aussi le tribunal criminel près la même juridiction et sa mise en détention à la prison de Médéa.
L’affaire serait liée, apprend-on de source judiciaire, à une enquête sur un supposé réseau de trafic de drogue qui a conduit à la mise en cause non seulement du vice-président de la cour mais aussi d’un autre magistrat, d’un avocat et d’autres personnes.
Un scandale qui a fait tache d’huile dans le milieu de la magistrature aussi bien à Tipasa qu’à Médéa, où le principal concerné a fait un passage. Il faut dire que depuis au moins un mois, de nombreux magistrats des cours de Relizane, de Ghardaïa, mais aussi de Touggourt, ont fait l’objet de suspension avant d’être renvoyés devant leurs confrères, les juges, qui les ont placés sous mandat de dépôt.
Pour des sources judiciaires, ces décisions ont été prises sur la base d’enquêtes «liées principalement à la corruption». Les poursuites judiciaires et l’incarcération des magistrats n’ont officiellement pas fait réagir le tout nouveau bureau du SNM (Syndicat national des magistrats), élu la fin du mois d’avril dernier. Elles ont cependant suscité un malaise dans le milieu judiciaire.
La fuite, en 2019, de la présidente de la cour de Tipasa, Fatiha Boukhers, épouse de l’ancien patron de la Gendarmerie nationale, le général Ghali Beleksir, qui s’est offert la nationalité du Vanuatu, une des îles vierges du Pacifique, ainsi que le départ précipité, en 2020, de la juge Selma Badri, de la cour de Chlef, à bord d’une embarcation vers l’Espagne, après que son nom a été mêlé à des affaires de corruption à Chlef et lui ont valu un mandat d’arrêt international, mais aussi l’incarcération et la condamnation à de lourdes peines de l’ancien garde des Sceaux, Tayeb Louh, pour «corruption», ont alimenté la chronique judiciaire de ces dernières années.