Il y a 60 ans le massacre du métro Charonne à Paris : Macron : «Je rends hommage aux victimes»

09/02/2022 mis à jour: 03:24
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Les violences policières ont été perpétrées sous les ordres du préfet Maurice Papon / Photo : D. R.

Force est de constater que l’hommage rendu par M. Macron aux victimes vaut surtout par sa symbolique.

Le président français, Emmanuel Macron, a eu une pensée ce mardi pour les 9 morts du métro Charonne à Paris, victimes, comme en octobre 1961, des violences policières perpétrées sous les ordres du préfet Maurice Papon.

Cela s’est passé le 8 février 1962. Pour marquer le soixantième anniversaire de cette répression sanglante, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, «a déposé une gerbe au nom du Président lors d’une cérémonie au cimetière parisien du Père-Lachaise, à l’occasion du 60e anniversaire de la manifestation», rapporte l’AFP. M. Macron s’est exprimé à travers un communiqué rendu public hier par l’Elysée où on peut lire : «Le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l’indépendance en Algérie et contre les attentats de l’OAS. Elle a été violemment réprimée par la police : 9 personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessées.» Et le chef de l’Etat français d’assurer avec solennité : «Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles.»

Ce nouveau geste mémoriel «s’inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d’Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune», indique l’AFP, citant «l’entourage» du président français. «Le chef de l’Etat est le premier Président à rendre hommage aux victimes de cette manifestation, qu’avaient organisée les partis de gauche, en particulier le PCF», précise l’agence de presse française.

Force est de constater que l’hommage rendu par M. Macron aux victimes vaut surtout par sa symbolique. Toujours est-il que cela conforte une démarche que le président français mène avec une louable constance, lui, qui, tout au long de son mandat, n’aura eu de cesse de multiplier ce genre de gestes. Avant même son élection, on se souvient de sa déclaration le 14 février 2017 depuis Alger, dans une interview à Echourouk News, où il qualifiait la colonisation de «crime contre l’humanité».

Le 13 septembre 2018, il reconnaissait «au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile». Le 3 juillet 2020, la France restituait à l’Algérie, sous son impulsion, les restes mortuaires de 24 héros de la résistance populaire qui seront inhumés le 5 juillet à El Alia.

Et quelques jours plus tard, il chargeait l’historien Benjamin Stora d’une mission sur «la mémoire de la colonisation et de la Guerre d’Algérie». Le 20 janvier 2021, Benjamin Stora remettait son rapport.

Et c’est en s’inspirant des «préconisations» du rapport Stora, que le chef de l’Etat français recevait le 2 mars 2021 «quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné». Dernier fait en date : pour le 60e anniversaire des massacres du 17 Octobre 1961, il déclarait : «Les crimes commis cette nuit-là sous l’autorité de Maurice Papon sont inexcusables pour la République.»

Lui qui se pose en «réconciliateur des mémoires», cette dernière déclaration où le président sortant dédouane l’Etat français en jetant toute la responsabilité d’Octobre 1961 sur Papon, est assez représentative finalement de sa «politique mémorielle» qui alterne gestes forts et prudence.

Un jeu d’équilibriste, voire de funambule que celui auquel se livre ainsi Emmanuel Macron à quelques encablures de l’élection présidentielle française, une élection où le sujet «Algérie» va certainement s’inviter avec fracas dans la campagne en cette année hautement symbolique du 60e anniversaire de l’indépendance de notre pays

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