La malédiction des redressements guette-t-elle à nouveau le Front de libération nationale (FLN) ? Il semblerait que tous les ingrédients sont réunis dans ce sens.
Contesté par la population, l’ex-parti unique est, selon certains observateurs, lâché, cette-fois-ci, par le pouvoir : la preuve a été donnée ce samedi après l’exclusion du FLN de l’Exécutif, à la faveur du nouveau remaniement ministériel, et l’annulation du rassemblement prévu par sa direction dans la ville d’Oran. Faut-il rappeler que toutes les formations politiques soucieuses de se conformer à la législation en vigueur relative aux partis politiques ont tenu leur congrès dans les délais requis, à l’exception du FLN. La direction de l’ex-parti unique n’a pas encore fixé la date de ce rendez-vous important dans la vie d’une organisation politique.
La situation actuelle conforte d’ailleurs les adversaires de Abou Fadhl Baâdji, l’actuel secrétaire général du parti. Que s’est-il passé à Oran où, selon nos sources, le patron du FLN devait animer un rassemblement à l’hôtel Méridien ? Faute d’autorisation, il l’a reporté à une date ultérieure. «La direction du FLN a reçu dans un premier temps le quitus pour la tenue de ce premier rassemblement régional, mais à la dernière minute, il a été annulé en raison du refus du wali d’Oran d’autoriser cet événement auquel ont été conviés les cadres et militants de 14 wilayas de l’ouest du pays. Cela montre que le pouvoir ne veut pas d’un FLN dirigé par Abou Fadhl Baâdji», croit savoir un opposant à Baâdji et qui a requis l’anonymat.
«Seul chef du FLN»
Le SG du FLN, selon un cadre du parti, misait sur ce rassemblement censé réunifier les rangs, et sortir avec un large consensus devant le porter «comme seul chef» du FLN. Si pour l’heure, les raisons de ce refus ne sont pas connues, il semblerait, selon des indiscrétions, que les adversaires du SG actuel seraient à l’origine de l’annulation de ce rassemblement. Mobilisés, ils veulent écarter Baâdji à qui ils reprochent l’absence de légitimité et ils aspirent à installer une commission indépendante pour l’organisation d’un congrès extraordinaire.
Notons que le dernier congrès du FLN remonte à 2015, des assises, qui ont propulsé Amar Saâdani au poste de secrétaire général, remplacé successivement par Djamel Ould Abbès, Mohamed Djemai, Ali Seddiki, puis par Abou Fadhl Baâdji, dans des désignations validées par des sessions «extraordinaires» du comité central, organe souverain entre deux congrès, selon les statuts du vieux Front.
Plébiscité a ce poste en 2020, Baâdji ne veut pas d’un congrès dont l’issue lui échapperait. De leurs côtés, plusieurs cadres et militants de la base contestent l’accession «illégale» de Baâdji à la tête du parti et réclament la tenue d’un 11e congrès afin surtout d’éviter au FLN d’être en situation d’irrégularité vis-à-vis de la loi sur les partis. Le SG temporise et prend son temps. Il a entamé la préparation du congrès en mai 2022.
Au printemps dernier, il a supervisé l’installation officielle de la commission nationale préparatoire du congrès du parti et a fait part de la tenue du congrès avant la fin de l’année 2022. Plus de huit mois plus tard, il se rétracte et affirme que la date du congrès «sera connue au moment opportun»...