Huit ans après la signature de l’accord de paix d’Alger : L’entente fait toujours défaut au Mali

16/03/2023 mis à jour: 04:00
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La crise politique et sécuritaire au Mali va en s’aggravant. Huit ans après l’accord d’Alger, signé par les représentants du gouvernement malien et ceux des mouvements de l’Azawad (Nord malien) en 2015, les voies de l’entente s’éloignent de plus en plus. 

Non seulement, l’accord n’est toujours pas mis en œuvre, mais les parties en conflit se tournent carrément le dos, en dépit des efforts de l’Algérie, cheffe de file de la médiation internationale, pour rapprocher les points de vue. La situation risque de dégénérer à tout moment. 

Depuis quelques semaines, l’opinion internationale assiste à un échange d’accusations entre le gouvernement de transition au Mali, conduit par le colonel Assimi Goïta, et la coalition des mouvements de l’Azawad. Par communiqués interposés, ils s’accusent mutuellement de vouloir envenimer la situation, dans un contexte marquée par une grave dégradation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel. 
Chacune des deux parties tentent de se disculper, en pointant du doigt l’adversaire d’être à l’origine des violations de l’accord. 

En février dernier, le gouvernement malien a adressé une correspondance de mise en garde aux la coalition des mouvements de l’Azawad. Envoyée aussi à l’Algérie, cheffe de file de la médiation, la correspondance évoque «la violation de l’accord pour la paix par les mouvements signataires, dont la Coordination de mouvements de l’Azawad (CMA)». Il cite, parmi ces «violations, l’installation d’états-majors par certains mouvements dans le Gourma en 2020-2021, la réouverture des postes de sécurité dans les zones de Kidal, Gao, Ménaka et Tombouctou, la délivrance illégale d’autorisation de déplacement sur les sites d’orpaillage, le refus de recevoir les médecins en charge de lutter contre la Covid-19, les actions entravant le fonctionnement optimal des bataillons des forces armées reconstituées, l’occupation d’Annefis ou encore l’opérationnalisation d’un tribunal islamique à Kidal». Les autorités malienne estiment aussi qu’il y a «une collusion, de plus en plus manifeste, des mouvements armés signataires de l’accord pour la paix avec les groupes terroristes». 

De son côté, la coalition des mouvements signataires de l’accord d’Alger renvoie la balle aux autorités de transition maliennes. Dans une interview accordée lundi dernier au magazine Jeune Afrique, Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de cette coalition, revient sur les agissements du gouvernement malien, perçu comme étant «comme étant des signes qui vont dans le sens d’une rupture». «Mais d’une rupture qui vient du côté gouvernemental, pas du nôtre (…). C’est l’accord d’Alger qui constitue le lien entre les mouvements et le gouvernement. 

Cet accord étant au point mort, les liens sont suspendus. Des individus continuent de dialoguer à travers des canaux non officiels, mais le lien entre les parties est inexistant aujourd’hui», soutient-il. Selon lui, «depuis que les autorités de la transition sont au pouvoir, l’application de l’accord est réduite à néant». «Sur le terrain, concernant le volet politico-institutionnel, comme le volet défense et sécurité, il ne se passe absolument rien. Depuis 2015, nous n’avons jamais connu un tel point de rupture», déplore-t-il. 
 

Cette situation ne fera, certainement, que compliquer la tâche de la médiation internationale conduite par l’Algérie, qui multiplie, ces derniers mois, les efforts pour convaincre les belligérants à respecter l’accord et à l’appliquer sur le terrain. Après plusieurs voyages de Ramtane Lamamra au Mali, où il a rencontré les autorités de la transition, les représentants de la Coalition des mouvements de l’Azawad ont effectué un séjour à Alger, du 23 février au 3 mars, où ils ont été reçus par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. 

Dans une déclaration à l’issue de cette audience, ils affirment avoir appelé l’Algérie à consentir plus d’efforts pour faire appliquer l’accord de 2015 pour instaurer la paix… qui fuit le Mali. 
 

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