Huit ans après la signature de l’accord d’Alger : Le nord du Mali au bord de l’embrasement

13/09/2023 mis à jour: 06:01
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Photo : D. R.

Situation inquiétante au nord du Mali. Le pays, en crise depuis plusieurs années, risque de sombrer dans une nouvelle guerre fratricide, dont les signes avant-coureurs sont perceptibles depuis des semaines. En effet, huit ans après l’Accord d’Alger, signé en 2015 par les différentes parties maliennes, ouvrant la voie à une solution politique à la crise, les hostilités reprennent.

La situation semble avoir atteint le point de non-retour depuis hier, quelques heures après le communiqué de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui s’est déclaré, lundi soir, en «guerre avec la junte militaire» qui a pris le pouvoir par la force à Bamako en 2020.

Ce développement qui n’augure rien de bon pour ce pays était prévisible, dans la mesure où les belligérants s’accusaient mutuellement d’avoir violé les termes de l’Accord de 2015. Le Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité et le développement (CSP-PSD), composé de différents mouvements de l’Azawad, qui avait lancé, des semaines durant, plusieurs mises en garde, se dit aujourd’hui être en situation de légitime défense. Dans la journée d’hier, les groupes armés du Nord ont revendiqué une offensive contre l’armée malienne à Bourem, une ville clé, affirmant avoir pris son contrôle.

Sur les réseaux sociaux, Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de la Coordination des Mouvements de l’Azawad affirme que «Bourem est sous le contrôle des forces armées de l’Azawad, du Cadre Stratégique Permanent Pour la Paix, la sécurité et le Développement (CSP-PSD)». «Dans le cadre de la conduite des opérations de légitime défense face aux provocations des terroristes de l’armée malienne, accompagnées de la milice Wagner, le CSP-PSD a engagé, conformément à l’instruction donnée par son directoire une action ce jour mardi 12 septembre 2023 (hier, ndlr) sur la ville caserne de Bourem région de Gao», annonce le CSP-PSD dans un communiqué.

L’attaque est confirmée par l’armée malienne. «Ce matin 12 septembre 2023 à 10h00, les FAMa (forces armées maliennes) réagissent vigoureusement à une attaque terroriste complexe», indique la direction de l’information et des relations publiques des armées sur sa page Facebook, sans donner plus de détails. Cependant, l’armée malienne dément la prise de contrôle de Bourem par les groupes armés du Nord. La situation reste en tout cas confuse. Et les voies du dialogue semblent être rompues. Dans les régions de Tombouctou et Gao, les rivalités se sont intensifiées ces dernières semaines entre la multitude d’acteurs armés se disputant le contrôle du territoire.

Depuis samedi dernier, le CSP-PSD appelle les populations civiles à «s’éloigner au maximum des installations, mouvements et activités militaires et les rassure que ses forces feront de la sécurisation des personnes et de leurs biens leur priorité contre toutes sortes de menaces».

Pour sa part, la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) a annoncé avoir abattu un avion militaire malien qui prenait pour cible ses positions dans la région de Gao. L’armée malienne a, quant à elle, évoqué un «incident» qui a causé la perte de cet appareil de combat. Le 8 septembre dernier, l’armée malienne affirme «qu’un attentat kamikaze a ciblé le camp Firhoun de Gao, faisant une dizaine de morts et des blessés parmi les Forces Armées Maliennes (FAMa)».

Pour rappel, la tension ne faisait que monter dans la région, notamment depuis l’annonce du retrait de la mission onusienne (Minusma). Il y a quelques semaines, le CSP-PSD accusait les autorités de transition au Mali de n’avoir pas tenu leur promesse d’avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de paix d’Alger. Le premier reproche fait à Bamako porte sur la non-prise en compte par la nouvelle Constitution approuvée en juin dernier des dispositions indispensables à la concrétisation des engagements politiques et institutionnels contenus dans cet accord. Il déclare alors qu’il «ne saurait se reconnaître dans cette Constitution qui n’est ni inclusive ni consensuelle». 

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