Hommage au comédien et humoriste Mohamed Hazim : Merci pour le rire et le sourire

07/05/2022 mis à jour: 18:11
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Photo : D. R.

Après avoir fait rire et sourire des générations, il les a fait pleurer en s’en allant à 70 ans après un long combat contre la maladie. L’hilarant humoriste Hazim du trio Bila Houdoud, formé avec Mustapha et Hamid, a été inhumé, jeudi, au cimetière de Aïn Beïda, à Oran, où une foule innombrable lui a rendu un émouvant et dernier hommage.

Ce sont des générations se succédant qui sont peinées et tristes. Depuis les débuts poilants du trio Bila Houdoud constitué de Mustapha, Hamid et le regretté Hazim. Depuis, 1986. Il y plus de 36 ans.

On ne cessera jamais de remercier ce comédien, Hazim, qui a décoincé les zygomatiques des Algériens. Surtout lors des moments durs, ceux de la folie meurtrière des années 1990.

Eh bien, Hazim, Hamid et Mustapha, malgré cette terrible tragédie, ont continué à faire rire et sourire les téléspectateurs, les gens lors des mariages, les fêtes qui étaient ciblés par les groupes terroristes ayant «décrété» que l’humour, la musique, le théâtre, la culture étaientt «haram».

Contre la vie, quoi ! Ce monsieur, le regretté Hazim, ce personnage familier des téléspectateurs algériens, était resté en son pays, il n’avait pas fui bien qu’on lui avait offert un «asile» sous d’autres cieux. Hazim était resté comme tous les anonymes algériens.

Sa place était parmi eux. Ainsi, les enfants de la «télé», toutes générations confondues, sont affectés. Celui qui les faisait rire, les fait pleurer maintenant. Il est mort ce «poète».

Son humour devrait être remboursé par la «sécurité sociale»

Depuis quelques semaines, au vu de la détérioration de la santé de Hazim, les gens dans la rue s’inquiétaient car tout le monde en parlait sur Facebook. C’est comme ce jeune chauffeur de taxi, au centre-ville d’Alger, qui communiquait son inquiétude à ses passagers et cela avait enclenché une longue conversation finissant par une pieuse prière : «Prompt rétablissement, bechifa laâdjel». Un sentiment mêlant compassion et solidarité.

C’est…comment dire  ? Pour le remercier. Qu’il ne méritait un tel sort. Mais c’est le destin. On ne cessera jamais de remercier Hazim. Son humour, ses gags cultes devraient être remboursés par la «sécurité sociale».

Le premier parmi nous, le primus inter pares, le président Tebboune, présentant ses condoléances à la famille du regretté Hazim, a salué sa mémoire : «Une figure emblématique et un artiste talentueux qui a dessiné le sourire et apporté la joie à travers des programmes radiophoniques et télévisés ciblés et amusants». Suite aux instructions du président de la République, Hazim avait été pris en charge au niveau de l’hôpital militaire régional universitaire Docteur Amir Mohamed Benaïssa, à Oran (APS).

20 000 DA comme retraite

Hazim au sein du trio Bila Houdoud incarnait ce citoyen lambda, simple et ingénu et des fois, ce citoyen «lambada», car il danse et chante à l’image de ce «bédouin» naïf dans un milieu urbain.

Avec cet humour déjanté et burlesque. Mais toujours intègre et vrai dans son jeu de rôle. «J’ai beaucoup donné pour l’Algérie. Même durant les années de terrorisme. Mon arrière-grand-père, mon grand-père, mon père, ont tous combattu durant la Révolution (Novembre 1954-1962 anticoloniale française). Nous sommes tous des enfants de chouhada (martyrs)» avait-il déclaré à la chaîne YV (news).

On apprendra que Hazim avait une petite retraite de Sonatach de l’ordre de 20  000 DA . Un être modeste et généreux qui était venu à l’enterrement du regretté Rachid Taha, à Sig. Un artiste, ce Hazim.

«Hazim goes to Hollywwod»

Il y a trois ans, les trois comparses Mustapha (Himoun), Hamid (Chenine) et Hazim (Mohamed), avaient amorcé un retour triomphant avec une nouvelle série désopilante rebaptisée «Mission Bil Houdoud», aux Etats-Unis, et ce, sur Echorouk TV.

C’était une production de Access V Prod, conduite par Zakaria Ramdane – le 4e membre de «Bila Houdoud», brillant par son mutisme et sa force tranquille dans cette série TV –, réalisé artistiquement par Zakaria Ramdane et techniquement par Jean-Baptiste Jay. La série mettait à contribution aussi Abdelkader Djriou, Bourafa Meftah, Bakhata Benouis, Othmane Bendaoud, Dahbia…

Où tout déménage avec eux. Courses-poursuites, fusillade, raid de la police américaine, cascades, tirs croisés et puis l’humour des trois héros. Dans un maelström entre Miami, Los Angeles, Le Milwaukee ou Time Square, où ils exerceront le métier de… «parkingueurs». Oui, garant les véhicules en plein Manhattan. Rien n’arrête les gars de Bila Houdoud. Et le coup fumant des gars Bila Houdoud étaient une interview.

Pas avec un «vampire». Mais avec le dénommé Snoop Dogg. Une légende du rap américain et universel. Le rappeur «East coast» (côte ouest) connu par les titres Who Am I (What’s My Name ?) ou Gin and Juice.

Bila Houdoud avec Snoop Dogg

Entretenu par Mustapha «ghir hak», Snoop Dogg l’accueillera avec générosité : «Un plaisir, un honneur pour moi. J’apprécie de vous voir venir ici depuis un beau pays (l’Algérie). Je vous envoie un réel amour. J’ai déjà entendu parler de l’Algérie. Mais je n’y ai jamais été. Oui, j’aimerais venir m’y produire et rencontrer mon beau public en Algérie…» 

A propos de football (soccer), Snoop Dogg confiera : «Mais au fait, j’ai vu jouer votre équipe nationale au Brésil lors de la Coupe du monde (2014). Vous aviez bien joué face à l’Allemagne.

Vous êtes très rapides. Vous devriez aller chez Randy, un coin incontournable à LA (Los Angeles) où l’on savoure les fameux donnuts (beignets) avant de vous envoler pour l’Algérie. A visiterOn m’a dit que vous, là-bas en Algérie, vous aimez ma musique à la folie.

C’est vrai ? Alors, pour tout mon peuple, mon public (my people in Algeria), c’est le grand Snoop Dogg, je vous aime. Et je serai là-bas, bientôt ! Restez en amour, restez en contact. Paix ! All right ! (ok).»

Encore une fois, on ne cessera jamais de remercier Hazim pour le rire et le sourire. Salut «l’altiste» !

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