C’est un tournant important dans cette guerre immonde menée contre Ghaza, la saisine par l’Afrique du Sud de la Cour pénale internationale (CPI) pour mener des enquêtes et juger Israël pour crimes de génocide.
Il est attendu de cette grande instance juridique qu'elle délivre un mandat d’arrêt contre les principaux dirigeants israéliens, en tête le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, bien qu'il faille s’attendre à des pressions de toutes sortes des alliés occidentaux d’Israël contre la CPI.
L’Afrique du Sud sait de quoi elle parle, ayant été confrontée à l’épuration ethnique durant les décennies de l’apartheid, marque de fabrique aujourd’hui d’Israël.
Légitime et courageuse, son initiative rehausse son prestige historique et la fait émerger au sein de la communauté internationale qui a, certes, condamné l’invasion israélienne lors d’une mémorable assemblée générale de l’ONU, mais sans beaucoup d’actes concrets depuis, notamment du côté arabe et islamique.
Seuls le Hezbollah libanais et les Houthis yéménites ont décidé de s’impliquer directement dans la guerre pour desserrer l’étau israélien sur le Hamas et la population de Ghaza. En internationalisant le conflit, ils ont mis les pays de l'Occident face à leurs responsabilités dans cette guerre dans laquelle ils ont été partie prenante dès le départ en apportant un soutien «inconditionnel» à Israël.
C’est un véritable pont militaire aérien qui a été mis en place par les Etats-Unis. En alimentant l’armée israélienne en missiles, en bombes et en chars, Washington a contribué indirectement au massacre de la population de Ghaza.
Ce sont des obus américains qui ont tué 7000 enfants et 7000 femmes et la CPI devrait en tenir compte, comme elle doit relever la complicité des grands pays européens que sont l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France dans l’entreprise génocidaire israélienne. Un cessez-le-feu, le minimum qui puisse être requis n'a pas été exigé par ces Etats qui ont été, comble du cynisme, jusqu’à demander juste des «pauses» ou une «diminution de l’intensité des frappes». L’Allemagne est championne en matière d’hypocrisie.
Mais heureusement que les opinions publiques ont évolué, se démarquant de plus en plus de leurs dirigeants en exigeant la fin du massacre. Elles ne peuvent plus supporter les images horribles des tués et blessés et sont indignées par les projets sionistes de déplacement des populations ghazaouies. Les tout derniers ont été rendus publics par les dirigeants de l’ultra-droite et suprématistes israéliens appuyés par le Premier ministre Netanyahu. Il s’agit de vider Ghaza de sa population, de l’éparpiller un peu partout dans le monde et de réinstaller les colons juifs sur les terres de l’enclave.
Un projet inscrit dans la doctrine sioniste qui irrigue Israël depuis plus de 70 ans et qui est à l’origine du malheur des Palestiniens. Ils payent sans cesse un lourd tribut et celui qui se déroule sous nos yeux est quasi unique par l’ampleur des massacres. Près 23 000 morts dont la moitié sont des femmes et des enfants, 50 000 blessés, des milliers de disparus, probablement sous les décombres des habitations détruites par les bombardements, des souffrances psychologiques chez les survivants qui ont tout perdu. Mais il leur reste leur courage, leur dignité et la rage de vivre sur leur terre.
La résistance armée ne faiblit pas pour autant. Elle a causé de lourdes pertes à l’armée israélienne auréolée au départ du conflit du qualificatif d’«invincible», mais qui s’est rapidement faite battre sur le terrain sous les coups des combattants palestiniens.
Aucun des objectifs militaires fixés par Israël n’a été atteint. Les chefs du Hamas n’ont été ni tués ni capturés et les otages sont restés introuvables. Avec des armes rudimentaires mais galvanisés par une foi inébranlable, les résistants ont causé de lourdes pertes humaines et matérielles à l’ennemi.
C’est cela qui est déterminant et non pas les gesticulations d’Antony Blinken ou de ses alliés européens. Ghaza sera libérée par les siens. Elle sera le bourbier des Israéliens.