Dans un village, comme tous les villages pauvres de l’Algérie profonde, Hadjer (Lydia Larini) vit avec son fils Djamil (Ahmed Belmoumane), après avoir perdu son mari, tué par des terroristes durant la décennie noire.
Elle mène la vie dure comme femme d’entretien à la mairie, alors que son fils travaille comme journalier dans les oliveraies. Leur vie bascule brusquement quand Djamil est choqué par la découverte d’un jeune pendu à un olivier. Il sera encore choqué par une rumeur et des mensonges sur sa mère traitée de femme de mauvaise réputation et aux mœurs légères.
Face à cette situation d’injustice, Hadjer décide de quitter le village pour s’installer en ville avec son fils. Mais là encore, elle fera face aux difficultés de la vie, de trouver un foyer, de subir le regard des autres et le désir des hommes qui voient en elle une proie, mais aussi aux comportements de son fils, âgé de 16 ans, dont les pulsions mènent vers les chemins de la déperdition.
L’apparition dans sa vie de Kader (Djemel Barek), un vieux gérant d’un hôtel, qui l’héberge avec son fils chez lui, semble lui donner cet espoir de stabilité, mais le destin en décidera autrement.
Djamil, qui vit le vide, conséquence du chômage et de la misère, et après la déception née d’une relation amoureuse, décide de prendre la mer en volant la barque de Kader. Sa fin sera tragique. Projeté, jeudi 10 mars, à l’Institut français de Constantine, en présence de son réalisateur, Anis Djaâd, La vie d’après, produit en 2021 et qui dure 1heure 45, a surtout frappé par sa dureté et choqué par les images qui ont provoqué l’émotion auprès du public.
Certains n’ont pas manqué de le relever lors du débat qui a suivi la projection du film. «C’est vrai que ce film est dur ; il nous est arrivé de pleurer durant le tournage ; c’était très dur pour moi d’écrire le scénario ; c’est un récit fidèle à la réalité, une réalité connue par tout le monde ; j’ai voulu montrer les choses telles qu’elles sont, laissant la fin ouverte», a-t-il déclaré juste après la projection de son film.
Le film marqué par une prédominance de l’image dans un décor gris et triste, avec des dialogues courts et austères, a surtout mis en avant l’éternelle sujet de la condition féminine dans une société hypocrite, le problème des jeunes désœuvrés et livrés à eux-mêmes dans des contrées pauvres qui ne peuvent rien leur offrir, et le vide dans lequel ils continueront de vivre jusqu’à penser à tenter de prendre la mer vers l’autre rive de la Méditerranée.
Le film tourné à Mostaganem et ses environs, et terminé deux mois avant la déclaration de la pandémie en Algérie, est le premier long métrage d’Anis Djaâd, connu aussi pour être journaliste et romancier. Il avait déjà signé trois courts métrages, Le hublot en 2012, Passage à niveau en 2014, puis Le voyage de Keltoum en 2016. Il est également l’auteur de deux romans L’odeur du violon et Matins parisiens.