Les députés, qui sont intervenus hier lors des débats sur la Déclaration de politique générale du gouvernement, ont évoqué notamment les questions liées au pouvoir d’achat et à la hausse des prix des produits alimentaires.
Les interventions des députés lors des débats autour de la Déclaration de politique générale du gouvernement, présentée mardi à l’APN par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, étaient axées sur les questions liées au pouvoir d’achat, la flambée des prix des produits alimentaires, les pénuries des produits de large consommation, la surcharge des classes, le chômage et la crise du logement.
Plusieurs élus ont expliqué que la Déclaration de politique générale du gouvernement est globale et traduit les préoccupations du président de la République, mais le problème, selon eux, n’est pas le contenu, mais son application sur le terrain. «La réalité du terrain est tout autre. Le Parlement ne cesse de parler des pénuries et de la cherté des produits de première nécessité.
Jusqu’à quand ? Le citoyen n’est pas satisfait du rendement de l’Exécutif. Ecoutez le cri de détresse de la population, qui n’est nullement satisfaite du rendement de l’Exécutif», lance un député indépendant. Mohamed Khalassi du Mouvement pour la société et la paix (MSP) estime que les efforts ainsi que le travail accompli par le gouvernement jusque-là étaient importants, mais il est souhaitable que tout cela ait un impact direct sur le citoyen. «Les chiffres contenus dans le document sont une évaluation de l’action du gouvernement pendant une année.
Ce ne sont que des chiffres. Quel est l’intérêt de cette évaluation si celle-ci n’est pas liée à l’objectif visé et sa réalisation ?» s’est interrogé le député, qui pense que les actions menées par le gouvernement n’ont pas atteint les objectifs voulus. «Un grand travail reste à faire. Ces chiffres ne sont malheureusement pas ressentis par le citoyen sur le terrain», regrette M. Khalassi, qui cite l’exemple du pouvoir d’achat qui s’est gravement effondré face à la hausse des prix.
«Le marché n’est pas maîtrisé et la crise s’est généralisée, passant du lait et de la semoule à d’autres produits, y compris les médicaments. Nous n’avons pas encore pu offrir aux citoyens le logement décent. Il faut trouver une solution à ces problèmes», insiste-t-il. Un parlementaire indépendant récuse l’idée de «complémentarité», avancée par le Premier ministre, entre le Parlement et l’Exécutif.
«Établir une politique sociale à long terme»
«Comment peut-on parler d’un contrôle parlementaire, lorsque le député qui a un mandat national est ignoré, c’est bien beau de parler de complémentarité, mais sur le terrain, le député rencontre occasionnellement les ministres», regrette l’intervenant, qui estime que la responsabilité de cette situation n’incombe pas uniquement au gouvernement, mais aussi au député, qui jouit d’un statut, mais qui ne l’utilise pas pour arracher ses droits.
De son côté, le vice-président de l’APN, Salim Zantar, pense qu’il est important d’«établir une politique sociale à long terme afin d’éviter les problèmes liés à la spéculation et à l’instabilité des prix des produits de large consommation». «Le Premier ministre a présenté les grands axes de la politique générale, mettant en exergue les plus importantes réformes.
Cependant, notre souci est le pouvoir d’achat et la cherté des produits de large consommation et des légumes, dont nous ignorons les causes», avance le député, qui demande au gouvernement d’agir et de mettre un terme à la spéculation. Le ministère du Commerce, selon lui, devrait «intensifier» les mécanismes de contrôle afin de maîtriser le marché et freiner l’anarchie qui y règne.
Evoquant la politique de lutte contre le chômage, M. Zantar insiste sur la mise en place d’une politique s’«étalant sur une décennie, pour avoir une vision plus claire sur la problématique de l’emploi et la politique sociale de manière générale». En ce sens, il rappelle l’«impératif» de la carte de subvention censée être orientée vers les familles nécessiteuses.
Concernant le secteur de la santé, plusieurs élus ont fait état d’«insuffisances», et ce, en dépit des enveloppes budgétaires dédiées à ce secteur. «Les prestations de services demeurent en deçà des attentes du citoyen. J’espère qu’on relancera les assises de la santé afin de prendre en charge tous les problèmes que connaît le système national de santé», insiste M. Zantar. Salim Taboub du MPS ne nie pas que le document du gouvernement comprend des points positifs, mais aussi des points négatifs.
«On a relevé nomment le manque de chiffres. Pour évaluer un plan d’action d’un gouvernement, on doit se référer aux objectifs tracés par le gouvernement, or le document ne fait pas référence à cet aspect», fera-t-il remarquer. Aussi, il estime que la numérisation du secteur des finances n’«avance pas», plus particulièrement les impôts et les douanes.
Pour lui, le plus important est d’essayer, à l’issue des débats, de cerner les contraintes ayant empêché la concrétisation de certains objectifs. Enfin, un parlementaire a proposé à ses pairs un projet de loi criminalisant la normalisation avec l’entité sioniste. Le président de l’APN a soutenu qu’il a déjà reçu une demande dans ce sens et que le bureau de l’Assemblée a rejeté cette proposition car «les Algériens ne reconnaissent même pas cette entité».