Un choc pétrolier» pour les uns et «euphorie pétrolière» pour les autres. Le conflit armé en Ukraine modifie le paysage géopolitique avec de profondes conséquences pour l’économie mondiale. Le pétrole a le vent en poupe. Les cours de l’or noir atteignent des sommets. Certains analystes prévoient «un allongement du conflit en Ukraine tout au long de cette année».
Dans ce cas, selon les mêmes analystes, les prix du pétrole atteindraient 175 dollars en cours d’année, pulvérisant ainsi leur record absolu de 147 dollars atteint en 2008. L’une des conséquences de ce conflit est l’accentuation du clivage entre, d’une part, les pays producteurs et exportateurs de gaz et de pétrole, qui vivent actuellement de fait une euphorie, et, d’autre part, les pays importateurs d’hydrocarbures qui perçoivent l’actuelle spectaculaire flambée des prix des énergies fossiles comme «un choc énergétique», le quatrième du genre depuis 1973.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a tout récemment exprimé dans son rapport annuel sa crainte d’un «choc» sur l’offre pétrolière mondiale. La création de cet organisme international remonte justement à 1974, soit au lendemain de ce qui est considéré par les pays importateurs d’énergies fossiles comme un «premier choc pétrolier».
Les pays importateurs d’hydrocarbures se dirigent-ils alors vers un quatrième «choc pétrolier» après les trois pics records des prix enregistrés en 1973, 1979 et en 2008 ? Actuellement, les pays importateurs de pétrole parlent de «choc pétrolier qui a déjà commencé et de crise énergétique qui débute et qui a de saisissantes similitudes avec le premier choc pétrolier de 1973». Dans les deux cas, la flambée des prix de l’or noir est couplée à l’inflation. Il faut dire que globalement, l’économie mondiale connaît une dépendance accrue vis-à-vis du pétrole.
Les cours sur les marchés sont actuellement dopés par une chute inattendue des stocks pétroliers américains. L’OPEP n’est actuellement pas en mesure de remplacer totalement les parts russes. Les pays membres de cette organisation ne disposent pas des capacités suffisantes pour compenser les pertes de production russes.
Dans la foulée, chez les grandes compagnies pétrolières, c’est la grande euphorie, car leurs actions ont vu leurs cours s’envoler depuis le début du conflit. Cette crise est aussi venue rappeler que les énergies fossiles ne resteront éternellement pas bon marché, comme certains pouvaient l’imaginer durant la pandémie.
Enfin, l’Algérie doit éviter les erreurs du passé quand en pleine euphorie pétrolière, le pays a tout misé sur ces ressources fossiles, au détriment des autres industries. Quand les prix du gaz et du pétrole ont chuté, il n’y avait plus rien pour prendre le relais économique.
Ce phénomène a été baptisé «le paradoxe de l’abondance énergétique». L’actuelle euphorie pétrolière doit inciter l’Algérie à construire les bases d’une économie orientée vers les exportations de biens et services diversifiés.