Escalade de putschs en Afrique

04/09/2023 mis à jour: 04:02
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L’actualité africaine est tristement ternie par une escalade de coups d'Etat qui rongent le continent comme des métastases.

A peine un mois après le coup d’Etat au Niger, le continent africain vient de connaître une nouvelle prise de pouvoir par un putsch. Cette fois, c’est au Gabon qu’un renversement a entraîné la chute d’une dynastie qui a dirigé ce pays durant plus de 55 ans.

C’est le 221e coup d’Etat réussi ou tenté en Afrique depuis 1950, soit presque la moitié des tentatives de putschs recensées dans le monde. Soixante ans après les indépendances, les coups d’Etat continuent de sévir sur fond d’un manque criant d’alternances démocratiques à la tête de nombreux Etats.

Face à cette dramatique réalité qui découle d’un lourd héritage historique, la société civile africaine se bat avec courage pour qu’émergent des institutions suffisamment crédibles pour rendre caduques les présidences à vie et les coups d’Etat. L’Afrique détient, malheureusement, le triste record des putschs au cours des deux décennies.

En moins de trois ans, le continent a enregistré six putschs aboutis et trois tentatives avortées. Le Soudan figure en tête de liste des pays africains ayant subi le plus de coups d'Etat depuis 1950, avec 30 réussis ou tentés. Pas moins de 14 tentatives de coups d'Etat ont été recensées en Afrique depuis deux ans. Près de 20% des pays africains ont été ébranlés par des coups d’Etat depuis dix ans.

Le Burkina Faso a connu deux putschs en 8 mois. Au Soudan, des militaires ont chassé les dirigeants civils de transition, qui étaient supposés mener le pays vers la démocratie, après 30 ans de dictature de Omar El Béchir, lui-même écarté en 2019. Depuis avril dernier, une guerre due à une lutte de pouvoir entre deux généraux a fait au moins 5000 morts. En Guinée et au Mali, les militaires qui ont commis un coup d’Etat ont promis de rendre la place à des civils élus d’ici à fin 2024.

Parfois, à la suite de certains coups d'Etat, des foules laissent éclater leur liesse à l’annonce de la destitution des présidents, en rêvant de lendemains meilleurs. Face à la multiplication des coups d'Etat, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a souvent adopté des positions ambivalentes.

Il lui est régulièrement reproché de manquer de condamner les coups d’Etat institutionnels et les élections frauduleuses. C’est le cas des coups d'Etat constitutionnels, fréquents qui consistent en une modification de la Constitution pour déverrouiller le nombre maximal de mandats présidentiels autorisés.

La même ambivalence est aussi observée chez les puissances étrangères qui, selon que la situation les arrange ou non, apportent appui et assistance à des auteurs de coups d'État ou les condamnent selon une logique dictée par le souci de conserver des parts de marché et un accès privilégié à des matières premières.

Dans cette conjoncture marquée par l’exacerbation des putschs, la Russie se positionne. Au Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie vient de mettre son veto à une résolution prolongeant les sanctions contre le régime au pouvoir au Mali.

De son côté, la Chine reste très prudente et gagne du terrain sur le front économique en Afrique.

Le coup d'Etat au Gabon est intervenu au moment même où la Chine a organisé, à Pékin, le 3e Forum sino-africain pour la paix et la sécurité.     

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