Entamés hier au Sultanat d’Oman : Les pourparlers entre les Etats-Unis et l’Iran se poursuivront la semaine prochaine

13/04/2025 mis à jour: 04:00
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Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi (à gauche) rencontre son homologue omanais Badr Al Bousaidi - Photo : D. R.

Par l’intermédiaire du sultanat d’Oman, des pourparlers sont tenus hier par les délégations américaine et iranienne sur le nucléaire de la République islamique. Il s’agit des discussions les plus importantes depuis le retrait américain en 2018, sous la présidence de Donald Trump, d’un accord conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions.

L’Iran et les Etats-Unis ont mené hier, pendant deux heures et demie, des pourparlers sur le nucléaire de la République islamique à Oman. Les deux parties poursuivront «la semaine prochaine» leurs discussions, a indiqué le même jour la diplomatie iranienne, selon l’AFP citant un communiqué.

Le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, et l’émissaire américain Steve Witkoff «sont convenus de poursuivre les discussions la semaine prochaine», indique un communiqué du ministère iranien des Affaires étrangères, qui ne précise pas le lieu. MM. Araghchi et Witkoff ont échangé directement «quelques minutes», a ajouté le communiqué. 

Plus tôt, le chef de la diplomatie iranienne a déclaré à Oman vouloir «un accord équitable et honorable». Il s’agit des discussions les plus importantes depuis le retrait américain en 2018, sous la présidence de Donald Trump, d’un accord conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions. 

Affaibli par les revers infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Ghaza et la chute du président syrien Bachar Al Assad, l’Iran cherche à obtenir la levée des sanctions qui étranglent son économie. En parallèle, les conflits à Ghaza et au Liban ont attisé les tensions entre l’Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois après des années de guerre par procuration. La reprise des négociations intervient alors que les Etats-Unis renforcent, en guise d’avertissement à Téhéran, leur présence militaire dans la région, avec le déploiement d’un second porte-avions, l’USS Carl-Vinson.

«Pression maximale»

Le président Donald Trump a adopté une politique de «pression maximale» à l’égard de l’Iran et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier. 

En 2020, sous son ordre est éliminé physiquement le général Qassem Soleimani, architecte de l’influence iranienne au Moyen-Orient. En février, D. Trump a signé un mémorandum exécutif intitulé «Imposer une pression maximale au gouvernement de la République islamique d’Iran, interdire à l’Iran tout chemin vers une bombe nucléaire et contrer l’influence néfaste de l’Iran». 
Le 1er avril, le Pentagone a annoncé l’envoi de troupes supplémentaires et d’appui aérien au Moyen-Orient.

Lundi, le locataire de la Maison- Blanche  a  annoncé  la tenue des discussions, après des semaines de guerre des mots entre deux pays qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans. Pour le président républicain, si ces discussions échouent en vue d’un règlement de la question nucléaire, ce serait «un très mauvais jour pour l’Iran», qui se retrouverait «en grand danger». Et d’ajouter : «Je pense qu’il serait dans le meilleur intérêt de l’Iran qu’elles réussissent.»

Les Etats-Unis cherchent à mettre fin au programme nucléaire de l’Iran, qu’ils accusent de visées militaires, ce que Téhéran dément. Les deux parties sont déjà en désaccord sur le format des discussions : la Maison-  Blanche parle de négociations directes quand l’Iran insiste pour passer par l’intermédiaire des Omanais. Après son arrivée à Mascate, «M. Araghchi a présenté au ministre omanais (des Affaires étrangères, Badr Ben Hamad Al Bousaidi) les principes et positions de l’Iran concernant les pourparlers, en vue de leur transmission à l’autre partie», a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères dans un communiqué. 

«De nombreuses questions fondamentales seront clarifiées lors de cette réunion, et si les deux parties font preuve d’une volonté suffisante, nous déciderons également d’un calendrier, mais il est encore trop tôt pour en parler», a-t-il ajouté, selon l’agence Irna.

L’émissaire spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, en visite vendredi en Russie et qui devrait diriger la délégation américaine, a déclaré au Wall Street Journal que «la militarisation de la capacité nucléaire» de l’Iran constitue une «ligne rouge» pour Washington. «Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C’est notre position aujourd’hui. Cela ne veut pas dire qu’à la marge, nous n’allons pas trouver d’autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis», a-t-il dit.

Le président américain, qui ne cesse de menacer d’attaquer l’Iran, a encore fait monter la pression mercredi, en déclarant qu’une intervention militaire est «tout à fait» possible en cas d’absence d’accord. «S’il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file», a averti D. Trump. «Je veux que l’Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d’arme nucléaire», a-t-il prévenu vendredi.

Téhéran «cherche un accord sérieux et équitable», a déclaré ce même jour Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei. Après le retrait de Washington de l’accord de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son encontre, la République islamique d’Iran a pris ses distances avec le texte. Elle a accru son niveau d’enrichissement de l’uranium jusqu’à 60%, très au-dessus de la limite de 3,67% imposée par l’accord, se rapprochant du seuil de 90% nécessaire à la fabrication d’une bombe atomique. 

 

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