L’adoption généralisée du captage, stockage et valorisation du dioxyde de carbone, en anglais - Carbon Capture, Utilization and Storage (CCUS) -, se heurte, selon le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), à de nombreux défis, en dépit de la reconnaissance du rôle de cette action dans la réalisation des objectifs climatiques mondiaux.
Selon le Forum, «le paysage énergétique mondial se trouve à un tournant décisif entre la demande croissante d’énergie induite par la croissance démographique et le progrès économique, et le besoin urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Atteindre cet équilibre – soutenir le progrès économique tout en protégeant l’environnement – est devenu une priorité mondiale.»
La capacité actuelle du CCUS, bien qu’en croissance, est encore insuffisante pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux fixés pour 2030 et au-delà, estime notamment un expert du GECF dans un rapport rendu public hier par le Forum. Les principaux obstacles énumérés par Abubakar Jibrin Abbas, analyste principal des prévisions énergétiques au GECF, dans un rapport intitulé «Intensification du captage, de l’utilisation et du stockage du carbone : le besoin crucial de modèles commerciaux efficaces», comprennent «les coûts élevés, les politiques fragmentées et l’absence d’un cadre cohérent pour stimuler les investissements à grande échelle».
Selon cette analyse, «une approche cohérente et intégrée sur l’ensemble de la chaîne de valeur du CCUS est essentielle, ainsi qu’une évolution vers des modèles commerciaux innovants et des environnements politiques plus favorables pour surmonter les obstacles». Une stratégie politique unifiée, englobant les aspects réglementaires, financiers et techniques, est la clé pour faire évoluer la technologie, selon l’expert qui a énuméré «des modèles tels que le CCUS à chaîne complète et les partenariats public-privé (PPP)».
Limiter le réchauffement climatique
Pour Abubakar Jibrin Abbas, la collaboration des parties prenantes est importante car elle peut rationaliser les opérations et réduire les risques, en jouant un rôle central en vue de surmonter les coûts élevés et les défis complexes de la chaîne de valeur d’une telle ampleur. «En répartissant les responsabilités financières et opérationnelles entre les secteurs, ces partenariats font du CCUS une solution viable pour la réduction des émissions mondiales», souligne l’expert du GECF.
La 8e édition du rapport Global Gas Outlook (GGO) du GECF prévoit une augmentation de 20% de la demande d’énergie primaire d’ici 2050, les hydrocarbures restant une source essentielle. Cette tendance suscite des inquiétudes quant aux émissions de GES, en particulier dans les secteurs à forte intensité énergétique, comme le fer et l’acier, le ciment et les produits chimiques, où le remplacement des procédés basés sur la combustion est techniquement difficile. Les centrales à turbines à gaz à cycle combiné (CCGT) continueront également de répondre aux besoins croissants en électricité induits par les progrès de l’intelligence artificielle et d’autres secteurs difficiles à électrifier.
Selon les prévisions mondiales du GECF, pour limiter le réchauffement climatique à 2°C, il faudra capturer et stocker environ 7,5 gigatonnes de CO2 d’ici 2050. Actuellement, la capacité mondiale de CCUS est de seulement 51 millions de tonnes (Mt) de CO2 captées chaque année, dans une cinquantaine d’installations opérationnelles dans le monde, avec 44 autres en construction et plus de 500 en développement (Global CCS Institute 2024), principalement dans des secteurs tels que la production d’électricité, la transformation énergétique et les processus industriels.
«Bien qu’il existe environ 628 projets CCUS à différents stades de développement, ajoutant potentiellement 416 Mt de capacité de captage de CO2 d’ici 2030, s’ils sont entièrement réalisés, cette expansion reste insuffisante pour atteindre les objectifs climatiques», indique le Forum des pays exportateurs de gaz.