Tout comme le marché des viandes blanches, celui des viandes rouges connaît une grande tension depuis quelques mois avec des prix qui ne cessent d’augmenter. Une tendance qui a commencé plusieurs semaines avant le mois de Ramadhan.
Les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) le montrent clairement avec un relèvement de plus de 11% en une année (de janvier 2022 à janvier 2023) des prix de la volaille et des œufs, de plus de 42% pour la viande ovine et de près de 25% pour la viande bovine. La hausse s’est accentuée en février et en mars en attendant les notes de l’ONS.
Face à cette flambée et en prévision du mois de Ramadhan, le gouvernement a opté pour un programme d’importations massives de viandes rouges dont l’impact ne serait que périodique et minime. «Les quantités importées et la durée ne sont pas suffisantes pour avoir cette inflexion», nous explique un expert avant de poursuivre : «Cela ne sera possible que si les importations sont maintenues sur une longue durée, puisque le prix de la viande locale ne va pas fléchir.» Il oscille actuellement entre 2000 et 2500 DA.
Ce qui est loin d’être à la portée des consommateurs dont le pouvoir d’achat est soumis à rude épreuve. Au total, 20 000 tonnes de viandes rouges ont été achetées de l’étranger en plus de 10 000 veaux destinés à l’abattage. Le marché compte ainsi aujourd’hui, selon le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, 50 000 tonnes. Une quantité qui devrait contribuer à faire baisser les prix. Mais, ce n’est pas totalement le cas.
Dans de nombreuses localités, les viandes importées dont les prix ont été fixés à 1200 DA le kilogramme ne sont pas disponibles. Et pourtant, l’engagement a été pris d’assurer cette disponibilité en couvrant plus de 50% de la demande sur le marché durant le Ramadhan soit 55 000 tonnes.
Pour atteindre cet objectif, l’Algérienne des viandes rouges (Alviar) a signé des conventions avec 12 opérateurs pour la distribution des viandes rouges durant le mois sacré du Ramadhan à un prix ne dépassant pas les 1200 DA. Il est prévu dans ce sillage l’ouverture de 1100 points à l’échelle nationale, selon Alviar pour commercialiser des viandes provenant du Brésil, de l’Argentine, du Soudan, de la Colombie et de la Pologne.
Ces points de vente sont pris d’assaut par les consommateurs, notamment au niveau des grandes villes. Cependant, leur implantation est déséquilibrée. Ce qui maintient la tension sur ce produit dans d’autres régions du pays où la viande à 1200 DA reste introuvable.
Ce que le ministre du Commerce, intervenant hier sur les ondes de la Radio nationale, a reconnu précisant que la viande importée n’est pas distribuée partout et que des efforts sont en cours pour une meilleure distribution.
Ce qui ne semble pas facile à gérer eu égard au déficit enregistré en aires de stockage et en chambres froides. C’est le cas d’ailleurs pour d’autres produits. Une situation qui vient rappeler le retard accusé dans la réalisation des espaces de stockage à travers le ministre. A ce sujet, le ministre du Commerce a souligné hier : «Nous avons besoins de plateformes modernes pour assurer la distribution des produits de manière régulière et équilibrée». Autrement dit pour une meilleure régulation du marché.
Faudrait-il rappeler dans ce cadre que le secteur compte actuellement 3000 chambres froides et plus de 1800 entrepôts déclarés. Ce qui reste insuffisant.