L’Iran a appelé hier à une réunion «le plus tôt possible» en vue de rétablir l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances, alors que les négociations à Vienne sont interrompues depuis le 11 mars.
Téhéran est engagé depuis un an dans des négociations directes avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, et indirectes avec les Etats-Unis, pour rétablir cet accord.
«Il est approprié de tenir une rencontre en présentiel le plus tôt possible», a déclaré lors de sa conférence de presse hebdomadaire le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. «Il n’a pas encore été décidé où et à quel niveau cette réunion aurait lieu, mais elle est à l’ordre du jour», a-t-il ajouté.
L’accord de 2015 a accordé un allégement des sanctions à l’Iran en échange de restrictions sur son programme nucléaire pour garantir que Téhéran ne puisse pas se doter de la bombe atomique, ce qu’il a toujours nié vouloir faire. Mais après le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 et le rétablissement de sanctions économiques sévères, l’Iran a commencé à revenir sur ses propres engagements. Téhéran et Washington échangent leurs points de vue à Vienne par le biais du coordonnateur européen, Enrique Mora.
Les pourparlers sont interrompus depuis le 11 mars, après que la Russie a exigé des garanties prévoyant que les sanctions occidentales imposées à Moscou à la suite de l’invasion de l’Ukraine le 24 février ne porteraient pas atteinte à son commerce avec l’Iran. Quelques jours plus tard, Moscou a déclaré avoir reçu les garanties nécessaires.
Parmi les principaux obstacles dans les pourparlers figure la demande de Téhéran de retirer les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, de la liste noire américaine des «organisations terroristes étrangères». «Ce qui se joue entre l’Iran et les Etats-Unis va bien au-delà d’un ou deux éléments», a souligné Khatibzadeh, rejetant sur Washington le blocage actuel. «Il est clair que si les Etats-Unis avaient donné les bonnes réponses aux questions en suspens, tout le monde serait déjà à Vienne», a-t-il ajouté.
La semaine dernière, le porte-parole du département d’Etat américain, Ned Price, a déclaré que «si l’Iran voulait la levée de sanctions au-delà de celles prévues par le JCPOA, il devait répondre à nos inquiétudes au-delà du JCPOA», acronyme anglais de l’accord sur le nucléaire.
L’Iran juge «positif et sérieux» son dialogue avc Riyad
L’Iran a indiqué hier que le dernier cycle de négociations avec son rival régional, l’Arabie Saoudite, était «positif et sérieux», et que des progrès supplémentaires pourraient être réalisés.
L’Arabie Saoudite sunnite et l’Iran chiite ont rompu leurs liens en 2016 après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique à la suite de l’exécution par Riyad d’un célèbre religieux chiite.
«Le cinquième cycle de négociations entre Téhéran et Riyad organisé jeudi (...) a été positif et sérieux et s’est traduit par des progrès», a déclaré lors de sa conférence de presse hebdomadaire le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Saïd Khatibzadeh. Les deux puissances rivales, qui s’accusent mutuellement de déstabiliser le Moyen-Orient, ont cependant exprimé leur volonté de surmonter leurs divergences et entamé des négociations rendues publiques pour la première fois en avril 2021. Les pourparlers entamés jeudi constituent le cinquième cycle de négociations organisé en Irak, pays frontalier de l’Iran et de l’Arabie Saoudite. Selon l’agence de presse iranienne Nournews, «de hauts responsables du secrétariat du Conseil suprême de sécurité nationale d’Iran» et «le chef du service des renseignements saoudiens» ont assisté à la réunion de samedi.