Deux médecins de l’hôpital Al shifa tués après avoir été longuement torturés : 492 détenus Palestiniens morts dans les geôles israéliennes

04/05/2024 mis à jour: 08:14
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Photo : D. R.

Arrêté le 17 décembre dernier, le Dr Adnan Al Boursh, témoin privilégié de l’horreur commise par l’armée d’occupation contre l’hôpital Al Shifa, où il exerçait comme chef du département d’orthopédie, est mort sous la torture, le 19 avril dernier, à Ofer, l’une des plus sinistres des prisons israéliennes, avec un autre médecin détenu, Abdel Bari Rajab Khadir, dans les mêmes conditions. Ce qui porte à 492 prisonniers palestiniens morts dans les geôles de L’Etat hébreux, qui détient toujours les dépouilles des deux médecins et ainsi que celles de 500 martyrs enterrés dans les «cimetières des chiffres» ou gardés dans des réfrigérateurs, dont 58 martyrs depuis le début de l’année en cours.

Nous mourrons debout et nous ne nous agenouillerons pas… et comme je l’ai dit… tout ce qui reste de la rivière ce sont les pierres… et nous sommes les pierres.» C’était le dernier message posté par le Dr Adnan Al Boursh, chef du département d’orthopédie à l’hôpital Al Shifa, à Ghaza, le 20 novembre 2023, alors que ce complexe médical était assiégé et bombardé par l’armée israélienne.

Ses posts sur son compte X (anciennement Twitter) étaient de véritables SOS sur la violente agression sioniste contre les médecins et les malades, mais aussi de courage et de détermination face à une armée qui viole le droit international mais aussi toutes les règles d’éthique et de morale. «Résistants…Inébranlables… nous ne partirons pas… sauf au Paradis… ou chez nous… dans la dignité.» Un message diffusé le 29 octobre, pendant que l’armée sioniste engageait ses chars autour de l’hôpital.

Témoin privilégié et crédible des crimes sionistes contre le personnel médical, les malades et les réfugiés piégés à l’intérieur du complexe médical, l’orthopédiste a été arrêté le 17 décembre 2023, avec de nombreux membres de l’équipe médicale et de blessés.

Depuis, aucune nouvelle sur son sort n’a été donnée, jusqu’à ce que le Club des prisonniers et le Comité des affaires des prisonniers palestiniens, deux associations palestiniennes de défense des droits des détenus, annoncent, jeudi dernier, dans un communiqué, sa mort le 19 avril, avec un autre prisonnier, Abdel Bari Rajab Khadir, âgé de 33 ans, à la prison Ofer, en Cisjordanie occupée – connue comme étant la plus sinistre des prisons israéliennes – des suites de «tortures et de crimes médicaux dont sont victimes les détenus de Ghaza».

Dans leur déclaration commune, les deux associations ont affirmé que le Dr Al Boursh «avait été blessé il y a cinq mois» et expliquent qu’il «a été arrêté par l’armée d’occupation en décembre dernier, alors qu’il se trouvait à l’hôpital Al Awda, au nord de Ghaza, avec un groupe de médecins».

Le jour-même de cette annonce, un autre prisonnier, Mohamed Najed, est libéré mais dans un état lamentable. Il avait les poignets lacérés, le visage marqué par des blessures béantes et des œdèmes autour des yeux, et criant à tue-tête de douleurs aux pieds.

Durant ses longs mois de détention, Najed a subi les pires actes de torture. Il a fait partie de ces centaines de prisonniers qui croupissent dans les prisons israéliennes coupés du monde et subissant les actes les plus inhumains et les plus violents.

Dans un communiqué, le ministère de la Santé de Ghaza a condamné «le meurtre du chef du département d’orthopédie du complexe médical d’Al Shifa, Adnan Al Boursh, sous la torture dans les prisons d’occupation» et appelé la communauté internationale et les organisations de santé et de défense des droits de l'homme à «intervenir, rendre visite aux prisonniers et les protéger de la torture (…)».

3424 prisonniers sans inculpation

L’ONG a révélé en outre que «492 détenus palestiniens sont morts» dans les prisons israéliennes depuis le 7 octobre dernier. Et de préciser : «Le martyr Al Boursh a été blessé alors qu’il se trouvait à l’Hôpital indonésien, au nord de la bande de Ghaza, il y a environ 5 mois» et sa dépouille est toujours détenue par les autorités israéliennes.

Ce qui a poussé l’Ong Campagne nationale palestinienne pour récupérer les corps des martyrs détenus et révéler le sort des disparus  à interpeller l’opinion internationale sur ces 500 martyrs, dont les corps n’ont pas été remis à leurs familles, dont 58 depuis le début de l’année en cours. L’ONG a expliqué dans un communiqué, que «les autorités d’occupation israéliennes continuent de détenir les corps de 500 martyrs dans de nombreux cimetières et réfrigérateurs, y compris les corps de 58 martyrs depuis le début de cette année».

Selon l’ONG, ces chiffres «n’incluent pas les données sur les corps des martyrs de Ghaza, détenus après le 7 octobre dernier (…)». Et d'ajouter que «ce crime», qui consiste à «détenir les corps des martyrs palestiniens dans des cimetières et des réfrigérateurs constitue une violation de la dignité humaine, et des principes du droit humanitaire international».

Elle a souligné en outre que «les portes du pouvoir judiciaire dans l’Etat d’occupation sont presque fermées face aux familles des martyrs, après avoir été témoins ces dernières années de la collusion du pouvoir judiciaire avec le sécuritaire et le politique». 
Les corps de prisonniers morts sont utilisés comme monnaie d’échange.

Cette politique, qui consiste à garder les dépouilles des Palestiniens tués dans les prisons ou ailleurs, a été instituée par une décision de la Cour suprême datée de septembre 2019, autorisant, au mépris du droit international, la détention temporaire des corps de Palestiniens tués par l’armée sioniste et à les enterrer dans le but de les utiliser comme «futurs documents de négociation».

Ces corps sont généralement enterrés dans les «cimetières de chiffres» créés pour les victimes palestiniennes et libanaises tombées pendant les années d’occupation de la Palestine et du sud du Liban. Chaque tombe est identifiée par un numéro, lié à un dossier tenu par les autorités d’occupation sur le martyr qui y est enterré.

Jeudi dernier, mais également hier, de nombreuses personnalités ont rendu hommage à l’orthopédiste palestinien Dr Boursh. Certains messages sont poignants. Comme celui du Dr Ghassan Abou Sittah, chirurgien palestino-britannique présent à Ghaza au début de la guerre, qui a écrit sur X : «Al Boursh a été torturé à mort par l’armée israélienne dans un de ses camps de détention secret.

Il était un formidable chirurgien, plein de vie.» Ou encore de Rania Abu Anzeh : «Tout prisonnier dans le monde a le droit d’obtenir des conseils juridiques, sauf dans les prisons d’occupation, qui s’interdisent de divulguer des informations sur les prisonniers ainsi que sur les conditions et lieux de détention.

Ceci est considéré comme un crime contre l’humanité.» «(…) Vous êtes un héros docteur. Dans la plupart des pays, votre nom, votre visage et votre héroïsme dans le domaine médical sont connus. Vous êtes l’esprit de la fierté et de constance, nous vous considérons comme une source de fierté et de dignité», peut-on lire dans un message.

Le Club des prisonniers a indiqué qu’au moins 18 détenus palestiniens sont morts depuis le 7 octobre dernier, en avertissant que «ce nombre va augmenter étant donné les témoignages de torture et de brutalité».

Les prisons israéliennes sont devenues des mouroirs pour les détenus palestiniens, dont le nombre connaît une hausse incessante. Dans une déclaration rendue publique mercredi dernier, un groupe israélien de défense des droits de l’homme a avancé le nombre de «9088 Palestiniens dans les geôles de l’Etat hébreux.

Parmi eux, 3424 prisonniers sans procès ni chef d’inculpation, en vertu de la politique notoire de détention administrative d’Israël et 865 classés comme combattants illégaux», a affirmé le Centre pour la défense de l’individu (HaMoked) dans un rapport, citant des chiffres publiés par le service pénitentiaire israélien.

Tous ont été arrêtés après l’attaque du 7 octobre dernier, menée par la résistance palestinienne. L’ONG indique, par ailleurs, que ce chiffre n’inclut pas les Palestiniens détenus par l’armée israélienne dans la bande de Ghaza. «Le traitement réservé par Israël aux prisonniers sécuritaires viole leurs droits à l’égalité, à la dignité, à la vie familiale, à l’éducation et autres, ce qui est contraire au droit international», a déclaré l’association de défense des droits humains.

Selon la Commission pour les affaires des prisonniers et ex-prisonniers palestiniens et le Club des prisonniers palestiniens, 15 Palestiniens ont été arrêtés durant la nuit de mardi à mercredi derniers en Cisjordanie occupée.

«Ce qui porte à 8550 Palestiniens arrêtés depuis le 7 octobre dernier», ont affirmé les deux associations de défense des détenus palestiniens, précisant que «les interpellations ont été menées dans les gouvernorats de Hébron et Bethléem (sud), Jérusalem et Ramallah (centre), ainsi qu’à Naplouse et Tulkarem (nord)». 

 

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