Des spécialistes algériens commentent les projections de l'OMS : «Seule la vaccination nous permettra de sortir de la pandémie»

30/01/2022 mis à jour: 06:34
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Les spécialistes algériens ne partagent pas tout à fait l’optimisme de l’OMS / Photo : D. R.

Selon l’OMS, une sortie de la pandémie pourrait se profiler en Europe. Le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik (Blida), estime que seuls les pays ayant atteint un taux de vaccination important sont les premiers concernés par cette probabilité de sortir de la pandémie.

Une sortie de la pandémie de Covid-19 pourrait se profiler en Europe, deux ans après l’apparition de cette maladie, a estimé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). «La pandémie est loin d’être terminée, mais j’ai bon espoir que nous puissions sortir de la phase d’urgence en 2022 et nous attaquer à d’autres menaces sanitaires qui requièrent notre attention de toute urgence», a déclaré Hans Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe.

Seulement, pour lui, la prudence reste de mise. «Il est bien trop tôt pour être rassuré», a-t-il dit car la pandémie entre dans une nouvelle phase alimentée par le variant Omicron, hautement contagieux. «Omicron est en train de supplanter Delta à une vitesse sans précédent. Moins de deux mois après sa découverte en Afrique du Sud, ce variant représente aujourd’hui 31,8% des cas dans la région européenne, contre 15% la semaine précédente et 6,3% la semaine d’avant», résume-t-il.

Le responsable régional de l’OMS a estimé à plus de 1,4 milliard les doses de vaccin anti-Covid-19 administrées dans la région européenne, sauvant ainsi des centaines de milliers de vies. «Les énormes progrès de la science médicale et la collaboration transfrontalière ont permis de déployer pas moins de 10 vaccins différents approuvés actuellement, et d’autres sont en préparation», a-t-il soutenu. Qu’en est-il de l’Algérie? Ces projections sont-elles réalisables en Algérie ? Selon le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital de Boufarik (Blida), beaucoup de spécialistes se projettent dans cette hypothèse en se basant sur l’évolution d’autres épidémies.

Des projections qui toucheront, selon lui, l’ensemble des pays, qu’ils soient européens ou autres ; toutefois, le Dr Yousfi tient à préciser qu’il ne s’agit pas là de la disparition totale du virus, mais de son impact et sa virulence sur la vie des populations.

«C’est vrai que plusieurs spécialistes ont émis une forte probabilité que l’on va dans ce sens, c’est-à-dire vers la fin de l’urgence sanitaire, mais rien n’est sûr pour la simple raison que l’épidémie du Covid-19 nous a habitués à plusieurs surprises dès lors que le virus a cette possibilité de muter», tranche-t-il. De son avis, les pays ayant atteint un taux de vaccination important sont les premiers concernés par cette probabilité parce qu’ils éviteront les formes graves quel que soit le variant. «Le meilleur moyen et rapide pour lutter contre le virus reste incontestablement la vaccination», plaide le spécialiste.

«Immunité par la contamination directe»

Moins optimiste, le Dr Lyes Merabet pense que ses projections sont faisables pour les pays de l’Union européenne au regard du niveau de couverture, une moyenne de 75%, réalisés par la vaccination. «Ayant réalisé un niveau d’immunité aussi important acquis grâce à la vaccination prouvé par la maîtrise de la situation sanitaire malgré une nouvelle vague de la pandémie, ces pays peuvent justifier la levée des restrictions mises en place depuis l’avènement de la crise sanitaire», observe le Dr Merabet qui estime qu’en Algérie la situation est différente avec un taux de couverture vaccinal très faible et une situation sanitaire qui n’est pas encore stabilisée.

«A mon avis, la situation n’est pas comparable. En Algérie, même si les autorités compétentes décideraient un jour de la levée de ces mesures, les Algériens continueraient à justifier d’un pass vaccinal à chaque déplacement vers beaucoup de pays et entre autres vers les pays de l’espace Schengen», récapitule-t-il, rappelant qu’officiellement, le gouvernement a décidé de la mise en place du pass vaccinal, une disposition qui doit servir un objectif de santé publique.

Pour ce praticien, la fin de l’urgence sanitaire chez nous est tributaire de plusieurs facteurs dont l’évolution des indicateurs sanitaires pandémiques et la réalisation des objectifs retenus pour la campagne vaccinale.

Mais au rythme où se déroule la campagne de vaccination depuis plusieurs mois, le Dr Merabet est persuadé qu’il est difficile d’atteindre le taux de 70% retenu par les autorités comme objectif à réaliser. «L’on ne peut atteindre ce pourcentage, sauf si on fait comme pour tous les pays qui s’apprêtent à lever les restrictions, c’est-à-dire généraliser le pass vaccinal à tout le monde», préconise-t-il.

Le Dr Bekkat Berkani, président de l’Ordre des médecins pense, de son côté, qu’il faut réfléchir en termes mondiaux puisque le virus n’est pas isolé et il touche tous les pays avec des effets rebond. «L’immunité que nous n’avons pas su apporter à la population par la vaccination est en train de s’effectuer par la contamination directe au variant Omicron. Il est donc fort possible qu’à partir d’un certain temps, le virus va disparaître et il sera saisonnier comme la grippe», explique-t-il. 

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