Le gouvernement israélien est hostile à toute solution politique globale en Palestine et ne s’encombre plus de réserve pour le faire savoir.
Son plan pour la gestion de la Bande de Ghaza après la fin de la guerre, certes encore en discussion serrée, réaffirme la résolution de Tel-Aviv à plier définitivement la page de la solution à deux Etats, pourtant préconisée par l’ensemble de la communauté internationale.
Au-delà des objectifs tactiques de son offensive militaire dans l’enclave palestinienne, démantèlement du mouvement Hamas et libération des «otages» notamment, le gouvernement Netanyahu cherche ouvertement à séparer le territoire de Ghaza du reste des territoires occupés, destinés demain à servir de base géographique à l’édification de l’Etat palestinien. L’option achèvera de rendre irréalisable un partage des territoires après le mitage systématique opéré en Cisjordanie, et le sauf-conduit délivré à des centaines de milliers de colons pour s’emparer des portions qui restent, avec permission de faire la loi et semer la terreur à volonté.
Plus globalement, le plan présenté il y a trois jours par le ministre de la Défense, Yoav Gallant, vise à condamner toute possibilité de représentation politique du peuple palestinien et de clore une parenthèse longue de plusieurs décennies de lutte et de sacrifices.
Ayant amené les puissances diplomatiques occidentales à déclarer le mouvement Hamas comme étant terroriste d’une part, et tout fait pour décrédibiliser et affaiblir l’Autorité palestinienne de l’autre, l’Etat hébreu a depuis longtemps œuvré à délégitimer l’action politique palestinienne, tout en diabolisant l’option de résistance à l’occupation en mobilisant contre elle l’arsenal juridique occidental et ses moyens de rétorsions économiques.
Le plan de Gallant ne veut pas entendre parler de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et de son émanation officielle qu’est l’Autorité palestinienne, encore moins, bien entendu, de ce Hamas dont les responsables politiques et militaires sont mis aujourd’hui sur une liste d’hommes à éliminer physiquement, mais compte sur d’obscures «entités palestiniennes non hostiles à Israël» pour reprendre en main la Bande de Ghaza.
En somme, des compositions de sous-fifres qui n’auront de palestinien que la légitimité de leurs extractions ; suffisant, selon le point de vue de Tel-Aviv, pour valider leur mise en place et les lourdes attributions qui leur seront dévolues.
Ces entités alibi auront concrètement pour mission une simple assistance d’intendance, en veillant à l’acheminement des aides et à leur distribution dans ce Ghaza dévasté et transformé en «lieu de mort inhabitable», selon les propos du coordinateur humanitaire de l’ONU.
La souveraineté sécuritaire restera entre les mains de l’armée israélienne et des services de renseignement, décrète encore le plan de Gallant, qui prévoit également un contrôle strict et non limité dans le temps sur toutes les marchandises entrant dans l’enclave, y compris celles destinées à la reconstruction.
La vision de Tel-Aviv quant à l’avenir des territoires occupés et des ambitions politiques palestiniennes se manifeste on ne peut plus clairement dans ce semblant de plan du Day After pour Ghaza : Israël assume devant l’opinion internationale son statut d’occupant et ne tolérera jamais une souveraineté palestinienne sur quoi que ce soit.