Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine jeudi, les pays occidentaux ont pris plusieurs salves de sanctions financières à l’égard de Moscou. D’autres mesures suivront.
Ainsi les ministres des Finances des pays du G7 ont discuté hier de sanctions supplémentaires contre la Russie, déjà sous le coup d’une série de mesures qui ont un «impact massif» sur son économie, a indiqué le ministre allemand des Finances, rapporte l’AFP. «Nous avons échangé des suggestions sur des mesures supplémentaires qui peuvent être prises», a déclaré, à l’issue d’une réunion virtuelle, Christian Lindner, précisant que des décisions interviendront «dans les prochains jours» et que le but est «d’isoler la Russie politiquement, économiquement et financièrement».
«La restriction des activités de la Banque centrale de Russie a déjà dépassé nos attentes (...), le rouble est en chute libre et le trésor de guerre de Vladimir Poutine a été durement touché», s’est félicité C. Lindner, dont le pays exerce actuellement la présidence du forum G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et l’Union européenne). «Ces mesures ont un impact limité sur nous, mais un impact maximum sur la Russie», a-t-il ajouté. Un peu plus tard, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé aux Européens de «prouver qu’ils sont avec l’Ukraine». «L’Europe sera beaucoup plus forte avec l’Ukraine en son sein (...) Sans vous, l’Ukraine sera seule», a-t-il déclaré dans un discours en visioconférence aux eurodéputés, réunis à Bruxelles en séance extraordinaire.
«Nous nous battons pour notre survie (...) mais nous nous battons aussi pour être des membres égaux en droits de l’Europe (...) Donc, prouvez que vous êtes avec nous, prouvez-vous que vous ne nous abandonnez pas, et que vous êtes vraiment des Européens», a-t-il indiqué. «Nous allons vaincre, je suis sûr (...) le choix européen de l’Ukraine, c’est le chemin sur lequel nous nous engageons aujourd’hui.
Et j’aimerai entendre de vous aujourd’hui que l’Europe choisit l’Ukraine», a-t-il observé. Pour sa part, le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a déclaré hier que son pays poursuivra son offensive en Ukraine jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints, accusant une fois encore l’armée ukrainienne d’utiliser les civils comme «boucliers humains».
«Les forces armées de la Fédération de Russie continueront l’opération militaire spéciale jusqu’à ce que les objectifs fixés soient atteints», a-t-il déclaré, selon des propos retransmis à la télévision. Il a invoqué la «démilitarisation» et la «dénazification» de l’Ukraine, affirmant que l’armée russe «n’occupe pas l’Ukraine» et que l’Occident «cherche à utiliser le peuple ukrainien» contre Moscou. Et d’affirmer : «Des lance-roquettes multiples, des mortiers de gros calibre sont installés dans les cours d’immeubles près d’écoles et de jardins d’enfants.»
A son tour, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a assuré que les pays occidentaux se tenaient prêts à «intensifier» les sanctions «aussi longtemps que nécessaire» contre la Russie en représailles à l’invasion en Ukraine. «Vladimir Poutine a sous-estimé l’unité et la détermination de l’Occident et du reste du monde. Et nous maintiendrons la pression économique (...) Il est clair qu’elle a déjà un effet spectaculaire. Nous sommes prêts à intensifier et à continuer aussi longtemps qu’il le faudra», a déclaré le dirigeant conservateur lors d’un déplacement en Pologne.
Pressions
De son côté, un porte-parole du Premier ministre britannique a indiqué que l’expulsion de la Russie du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) figure parmi les «options». «A ce stade, le Premier ministre n’a pas pris de position là dessus (...) Ce qui est exact c’est que nous voulons voir la Russie isolée diplomatiquement et nous examinerons toutes les options pour y parvenir», a indiqué ce porte-parole, interrogé sur une éventuelle éviction de la Russie, l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, en réaction à l’invasion de l’Ukraine. En parallèle, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a suggéré d’exclure Moscou du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
«On peut raisonnablement se demander si un Etat membre» de l’Onu «qui tente de s’emparer d’un autre Etat membre» de ladite organisation, «tout en commettant d’horribles violations des droits humains et en causant des souffrances humanitaires énormes, devrait être autorisé à rester au sein de ce Conseil», a-t-il dit, dans une allocution vidéo devant le Conseil. «Nous allons à coup sûr» prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, a confirmé le chancelier allemand Olaf Scholz.
«Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe», a affirmé plus tôt le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne (UE). Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les pays occidentaux ont pris plusieurs salves de sanctions financières à l’égard de Moscou, en excluant nombre de banques russes de la plateforme interbancaire internationale Swift, un rouage essentiel de la finance mondiale.
Ils ont aussi pris des mesures visant à empêcher la Banque centrale russe de soutenir la monnaie nationale, le rouble, en limitant ses accès aux marchés internationaux des capitaux, et ajouté les noms de nombreuses personnalités russes sur les listes noires des individus dont les avoirs à l’étranger sont gelés. Outre les sanctions économiques, la Russie est désormais exclue d’une multitude d’événements culturels et sportifs, y compris du Mondial de football 2022 au Qatar.